Angleterre-France: "Gagner à Twickenham, ce n’est pas si commun", reconnaît Servat

Il y a ce Crunch en Angleterre qui arrive samedi. Le XV de France n’a plus gagné là-bas en match officiel depuis 2005, vous sentez-vous capables de le faire ?
Ce week-end, il y a deux choses qui se jouent: le gain du match, et aussi la possibilité de gagner encore le tournoi. Aujourd’hui, nous ne sommes plus maîtres de notre destin comptablement parlant, mais nous avons l’opportunité d’affronter une belle équipe d’Angleterre, qui vient de changer de staff, qui a des joueurs qui reviennent avec de grandes ambitions. Et c’est vrai que l’occasion de gagner à Twickenham est magnifique parce que cela reste dans les mémoires, c’est quelque chose de grandiose depuis le temps que cela n’a pas été fait. Nous avons eu la chance de gagner à Twickenham avec les Barbarians, avec de nombreux joueurs français qui seront sur la pelouse samedi.
Vous êtes l’un des rares à avoir gagné à Twickenham, qu’est-ce que cela représente ?
C’est vrai qu’on s’en souvient, parce que ce n’est pas si commun… C’était en 2005, j’ai des souvenirs de ce match, ce qui n’est pas le cas de tous les matchs avec l’âge… Effectivement, celui de Twickenham est resté dans ma mémoire, je me souviens particulièrement de quelques actions, d’Olivier Milloud qui était entré en jeu, de Julien Bonnaire. Et se dire aujourd’hui que nous avons la possibilité de réaliser quelque chose de grand pour l’équipe de France, c’est un défi qui nous plaît, de rentrer dans un contexte un peu hostile et de se mesurer à un adversaire qui a toujours été incroyablement fort et avec beaucoup de tempérament. Malgré ce match en Irlande qui a coupé notre dynamique, nous avons des joueurs de caractère qui ont su se remettre en question, et aujourd’hui il est très simple de préparer la suite.
Avez-vous insisté sur le côté historique d’une victoire en Angleterre avec les joueurs ?
Pas du tout, les joueurs ont un match à préparer. De savoir que William Servat y a gagné en 2005, cela les intéresse peut-être, mais pas trop. Ce n’est pas le plus important. Les Anglais, dans leur nouvelle configuration, vont avoir un engagement sans faille et une volonté incroyable de montrer qu’ils sont au-dessus de l’équipe de France. Même si ce match ne déterminera rien pour une éventuelle suite de compétition ou une éventuelle Coupe du Monde.
Avec les dynamiques des deux équipes, n’est-ce pas le moment pour la France de briser cette série de défaites en Angleterre ?
L'équipe de France est dans sa progression, dans cette possibilité de grandir encore. Je déteste les formules toutes faites comme "on ne perd pas, on grandit". C’est réservé aux perdants, et ce n’est pas l’équipe de France. Nous avons su faire l’introspection de notre défaite en Irlande et se remettre en cause pour continuer à grandir, mais surtout gagner les matches qui arrivent et se dire qu’il y a une ligne directrice à ce que nous faisons depuis le début, et que nous suivons cette ligne.
François Cros à la place d’Anthony Jelonch en troisième ligne, qu’est-ce que cela change ?
Tous les joueurs ont des spécificités. François est entré après la blessure d’Anthony et il a été pour nous l’homme du match. C’est quelqu’un qui a fait une rencontre exceptionnelle sur son comportement, son dévouement pour l’équipe, sur son travail de l’ombre. Évidemment que la blessure d’Anthony est une perte pour l’équipe de France, cela a touché tout le monde. On connaît le caractère d’Anthony, s’il le met autant en pratique sur son rétablissement que ce qu’il fait sur le terrain, c’est quelqu’un qui reviendra certainement pour la Coupe du monde avec nous. Sur le profil des joueurs, ce ne sont pas des clones. Mais sur le registre du combat, je pense que François Cros sera très beau en Bleu ce week-end en Angleterre.
Avec les suspensions d’Atonio et Haouas, vous allez aussi devoir changer une nouvelle fois de pilier droit…
Cela serait un handicap si nous ne suivions pas les joueurs. Avec la possibilité d’avoir 42 joueurs avec nous, nous savons que les joueurs connaissent le plan de jeu, le projet. Nous faisons des retours sur tous les joueurs, j’en fais une vingtaine personnellement par semaine. Les joueurs qui viennent ne sont ni surpris, ni perdus dans notre système. Evidemment, nous essayons de prôner un maximum de stabilité, mais aujourd’hui il n’y a pas de souci à ce que d’autres joueurs entrent dans le groupe.
Parmi les finisseurs, les remplaçants, il y en a toujours un ou deux qui n’entrent pas en jeu. Pourquoi, et n’y a-t-il pas un risque de découragement à terme ?
Nous avons la chance d’avoir un vrai groupe. Que des joueurs sur la feuille de match n'entrent pas, cela arrive tous les week-ends, et dans toutes les équipes. Nous faisons tourner les joueurs plus rapidement que les autres et les joueurs savent la confiance que nous avons en eux, et leur responsabilité quand ils entrent. Sincèrement il n’y a aucune ambiguïté là-dessus.