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XV de France - Maestri : "Nos résultats négatifs sont un facteur de motivation"

À l’approche de la Coupe du monde de rugby (18 septembre-31 octobre), RMC Sport vous propose une série d’entretiens avec les joueurs cadres du XV de France. Quatrième épisode, ce vendredi, avec le deuxième ligne toulousain Yoann Maestri (27 ans, 38 sélections), lancé par Philippe Saint-André en 2012 et devenu incontournable. Alors qu’il va disputer son premier Mondial, certains lui prédisent même la succession de Thierry Dusautoir comme capitaine. Il appuie déjà sur les ressorts de renaissance.

Yoann Maestri, que représente le maillot bleu pour vous ?

Enormément de fierté. C’est un peu le sommet de notre parcours rugbystique. C’est le graal d’y avoir accès. Rentrer en équipe de France, ça représente énormément d’efforts, des performances positives en clubs et de la régularité. Au-delà de jouer pour son pays, c’est extrêmement enrichissant.

Que retenez-vous de la Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande ?

L’énorme surprise en apprenant, un matin en se levant, que la France avait perdu contre les Tonga. Il y avait de la déception pour les copains. Je me souviens aussi de la finale avec une prestation énorme des Bleus. Les Néo-Zélandais ont eu très chaud (victoire 8-7) et ne s’attendaient pas à tomber sur une aussi belle équipe. Il s’en est fallu de peu que la France gagne cette Coupe du monde là-bas. Ce qui était beau, c’était l’engagement, l’abnégation et le courage. Il y a aussi la blessure de Morgan (Parra) qui jouait 10. C’est un joueur très courageux de ma génération. Sur l’action avec Richie McCaw, il prend un « pète » énorme. Il voulait continuer à jouer et c’est le symbole de cette volonté.

Malgré les mauvais résultats depuis trois ans et demi, vous sentez-vous soutenus ?

On sait qu’on peut compter sur le soutien du monde du rugby français qui attend énormément de nous et c’est normal. Malgré nos résultats peu probants, on a énormément d’engouement derrière nous. Les gens ont envie de vibrer avec cette équipe et ce maillot. On essaiera de tout faire pour rendre les gens les plus fiers par rapport à cet évènement. Comment gérez-vous les quatre mois de vie en commun ? On a des tauliers dans l’équipe qui ont connu ça. Il y a aussi un staff étoffé. Lors des tournées, on a toujours bien vécu ensemble. Les résultats amènent aussi beaucoup. On devra donner le maximum lors des premiers matches de poule pour consolider ça.

« Saint-André ? On n’a pas de relation particulière »

Quelle relation avez-vous avec Philippe Saint-André ?

Une relation de joueur à manager avec tout le respect et la distance que ça implique. On n’a pas de relation particulière. Il faut garder une distance entre le joueur et l’entraîneur pour qu’il y ait cet échange honnête et positif qui fait avancer. Ça permet d’entendre les remarques pour progresser perpétuellement. Qu’est-ce que le XV de France doit ambitionner durant cette Coupe du monde ? Sans manquer de respect, comme on va rentrer dans une compétition fermée avec un titre à aller chercher au bout, il faut qu’on ambitionne d’être champions du monde. Il y aura énormément d’obstacles devant nous. Toutes les équipes vont ambitionner la même chose. Il ne faut pas qu’on revoie nos objectifs à la baisse. Il faut être les meilleurs.

Qu’est-ce qui fait que le XV de France peut être champion du monde ?

La force d’un groupe, notre expérience passée avec tous ces résultats négatifs et peu probants qui vont devenir un facteur de motivation pour nous. Il y aussi l’ambition. La France n’a jamais été championne du monde. Il y a un groupe de qualité avec des joueurs jeunes et énormément d’envie. Il faut se servir de ce moteur en ayant énormément d’humilité par rapport à nos adversaires.

Observez-vous le jeu des meilleurs deuxièmes lignes du monde, comme l’Irlandais Paul O’Connell ou le Néo-Zélandais Brodie Retallick ?

Je n’observe pas énormément mais je l’ai fait par le passé. Il y a un joueur de ma génération qui m’a toujours plu par son jeu et ses performances, c’est l’autre All Black Sam Whitelock. Il est très fort, peut-être moins spectaculaire que Retallick mais c’est le papa de la deuxième ligne. Il a une capacité à reproduire les grandes performances, à couvrir beaucoup de terrain et à abattre un énorme travail de sape.

La rédaction avec Wilfried Templier