VI Nations: pourquoi Angleterre-France est spécial pour Thibaud Flament, le plus anglais des Bleus

"Je dois beaucoup à l’éducation rugbystique anglaise", reconnaît Thibaud Flament, certainement le plus anglais des joueurs du XV de France, et celui au parcours le plus atypique. Le deuxième ligne de 25 ans, qui va honorer ce samedi (17h45) à Twickenham sa quinzième sélection, est né à Paris mais a grandi en Belgique où il a commencé le rugby. Il a aussi passé un an en Argentine entre études et rugby, mais c’est en Angleterre où il a vécu pendant quatre ans, que le jeune homme s’est révélé.
"J’ai pris beaucoup de plaisir là-bas et c’est grâce au système anglais que j’ai pu accéder au haut niveau, dit-il. En France, c’était compliqué d’intégrer le système, je n’avais pas le niveau. En Angleterre, je pouvais faire mes études et intégrer les divisions inférieures en rugby." A 18 ans, Thibaud Flament rejoint donc l’équipe universitaire de Loughborough évoluant en troisième division, puis il est repéré à 21 ans par un club du Premiership et prolonge son aventure outre-Manche.
Sa saison chez les Wasps a convaincu Toulouse
"Après mes études, je voulais rentrer en France parce que je suis Français et que j’étais attiré par le Top 14, mais cela ne s’est pas fait, raconte le joueur. Je n’ai pas eu d’accroche avec des clubs français, alors que les Wasps m’ont ouvert leurs portes." Une saison seulement, en 2019-2020, et 16 matches lui permettent d’être recruté par le Stade Toulousain, puis d’être sélectionné par le staff du XV de France pour la première fois lors de la tournée d’automne 2021, après avoir joué en U18 et U20 sous le maillot de la Belgique.
"Thibaud trouve actuellement la plénitude dans son rugby, il faut y voir une grande soif de découverte liée à son parcours très singulier comme nous les aimons, avec ses expériences en Argentine puis en Angleterre, dans un club que j’affectionne particulièrement, explique le manager du XV de France Raphaël Ibañez, qui a lui-même terminé sa carrière chez les Wasps. Il a une vraie spécificité au poste, c’est ce qui fait de lui un atout majeur dans notre équipe."
Avec les blessures de Cameron Woki (pour ce VI Nations) et de Paul Willemse (lors de la tournée d’automne), Thibaud Flament enchaîne les titularisations. Avec son compère de deuxième ligne d’origine sud-africaine, la connexion passe bien. "Il fait un super bon job, il est en train de trouver son identité sur le terrain, explique Willemse. C’est un profil différent du mien, on se complète bien. En plus d’être costaud en mêlée, il ajoute du jeu en attaque avec ses bonnes courses. Et c’est lui qui parle le mieux anglais dans l’équipe donc on communique bien, sur et en dehors du terrain."
Il va retrouver de vieilles connaissances
Thibaud Flament garde de très bons souvenirs de la formation anglaise: "Je trouve les Anglais très pragmatiques rugbystiquement. Ils sont très précis, ils connaissent bien leurs rôles respectifs et font peut-être moins dans l’affectif en termes de motivation, mais se concentrent davantage sur le job à faire. C’est une façon différente de travailler." De son époque anglaise, le deuxième ligne toulousain garde quelques habitudes: "Le rugby anglais m’a fait revenir dans un cadre très structuré. D’ailleurs on me chambre à Toulouse, car j’ai toujours mon carnet où je note mes trucs, cela m’aide beaucoup."
Son premier match en Bleu à Twickenham va être un moment fort pour Thibaud Flament. "Revenir dans le pays où j’ai passé les échelons professionnels, c’est particulier, reconnaît-il. C’est un stade mythique que j’avais visité quand j’étais à l’université. Je le regardais avec des grands yeux et je rêvais de fouler cette pelouse un jour. D’y avoir joué (il était entré en jeu lors de la finale de Champions Cup 2021 avec Toulouse) et de pouvoir y retourner, c’est spécial pour moi." D’autant qu’il va retrouver quelques connaissances du côté du XV de la Rose. "J’ai gardé de vrais potes là-bas, cela me fait plaisir de les retrouver, se réjouit Flament. Il y a Ollie Chessum (le deuxième ligne qui sera titulaire face aux Bleus) avec qui j’avais joué pendant mon prêt à Nottingham. Et bien sûr Jack Willis (troisième ligne aile titulaire également ce samedi), qui est à Toulouse avec nous maintenant, mais avec lequel j’avais déjà joué aux Wasps." Le Crunch comporte aussi son lot d’amitiés franco-anglaises, qui n’enlèvent rien à la rivalité historique de cette confrontation dans un bastion où Flament et les Bleus rêvent de s’imposer, pour la première fois depuis 2005 en match officiel.