Biathlon: l'enneigement non-naturel de la piste du Grand-Bornand critiqué

Annulée en 2011 pour manque de neige naturelle, la manche de Coupe du monde de biathlon du Grand-Bornand est confrontée en 2022 au même problème. L'organisation tente d'éviter les mêmes conséquences. Au cours des derniers jours, des camions multiplient les allers-retours pour permettre la tenue de l'événement qui aura lieu du 15 au 18 décembre.
A défaut de flocons naturels, la station du Grand-Bornand a fait venir 24 000 m3 de neige stockée dans la commune. Comme l'an passé, les organisateurs ont choisi de taper dans les ressources de neige stockée. Une neige qui provient à 50% du "snowfarming", prouesse qui consiste à sauvegarder la neige des hivers précédents en la recouvrant de sciure de bois.
"C'est toute notre biodiversité qu'on est en train de détruire", dénonce le porte-parole EELV de Haute-Savoue
Pour le reste, il s'agit de neige de culture, à savoir de l'eau naturelle (ruisseaux, rivières, réserves et retenues artificielles) sans produit chimique ajouté, et qui à la fin de l'hiver sert à nourrir les alpages. Le procédé est exclusivement mécanique. "C'est un camion par minute pendant huit heures par jour durant trois à quatre jours pour transporter cette neige, ça a généré énormément de pollution", dénonce Carole Ormond, membre de l'association 'La Joyère".
"La neige qui est produite, c'est de la neige artificielle, abonde Pascal Sciabbarasi, porte-parole EELV en Haute-Savoie. Elle est produite par les camions à neige et des retenues collinaires. On pompe l'eau depuis la plus grosse retenu collinaire de France donc finalement c'est toute notre biodiversité qu'on est en train de détruire, tout ça pour promouvoir l'industrie du tout-ski."
Pour rappel, en France, un peu plus d'un tiers du domaine skiable est enneigé artificiellement, contre 87% en Italie, 70% en République Tchèque et 49% en Suisse. Chaque hiver plus de 20 millions de m3 d'eau sont utilisés pour la production de neige de culture. A titre de comparaison, le volume d’eau consommé par les piscines privées est lui estimé entre 30 et 40 millions de m3 chaque année.
Rien qu'en Auvergne Rhône Alpes, le monde de la montagne génère 120 000 emplois. Plus précisément concernant le département de la Savoie estime à 60% son PIB annuel réalisé en 4 mois au dessus de 1500 mètres d'altitude, que ce soit en retombées directes (hivernales) ou indirectes (le reste de l'année).
Quelques chiffres :
- 24 000 m3 de neige au total stockées
- 12000 m3 sur le site même, et déplacés de quelques mètres par des chargeuses
- 12 000 m3 au Chinailmon à une poignée de km et transportés par des camions de lundi à jeudi
- 60 000 spectateurs sur la période
- 850 bénévoles et 3 millions d'euros de retombées économiques pour la station en plus de l'image
- Bilan carbone de la neige transportée et fabriquée : O,8 pc du bilan carbone total de l'événement, 83% du bilan carbone c'est le déplacement des spectateurs pour l'événement