Biathlon: "Moins d'impact qu'une journée de déneigement", le maire se défend face à la polémique au Grand-Bornand

Comment avez-vous vécu les polémiques après la diffusion sur les réseaux sociaux d'images de camions transportant de la neige pour les pistes de biathlon?
Ce qu'il faut savoir c'est que tout événement, que ce soit sportif, culturel, festif ou politique a un impact sur notre environnement. Surtout si c'est un événement international et cette Coupe du monde de biathlon n'y échappe pas. Voir des images de neige transportées par camion cela peut être marquant, voire choquant et on en est totalement conscients. Mais qu'en est-il exactement? Nous tenons un bilan carbone depuis quelques années et qui est d'ailleurs imposé par l'IBU, la fédération internationale de biathlon.
Ce bilan carbone donne que tout ce qui est lié à la neige, c'est à dire sa fabrication éventuellement, son stockage, son transport et la mise en place de la neige sur le stade représentent moins de 1%, 0,8% précisément du bilan carbone de l'événement. Sachant que c'est essentiellement le transport, le déplacement des spectateurs qui a le plus gros impact à 84%. C'est sur ce bilan des déplacements que vous faisons porter nos efforts et que nous continuerons à le faire car c'est là qu'il y a le plus d'impact positif sur cet évènement.
C'est aussi une obligation pour l'organisateur de disposer de cette neige stockée...
Il n'y a pas une seule compétition de ski, quelle que soit la discipline, depuis 15 ans qui n'ait pas eu recours à la neige de culture pour organiser un événement. Elle permet une fiabilité et une qualité nécessaire pour la sécurité des coureurs et l'équité des compétitions. C'est un constat. Nous avons mis en place des stockages de neige, de la neige rassemblée de l'hiver précédent en partie naturelle mais également de la neige de culture qui est fabriquée dans les meilleures conditions en ayant le moins recours possible à l'énergie pour la fabriquer.
Seulement la moitié en neige de culture a été transportée parce que nous avons mis en place depuis 2020 un stockage de neige sur le site. Seule la moitié a été déplacée depuis un autre site de stockage. Cela a représenté trois jours de transport, en camion certes. Mais il faut savoir qu'une journée de transport comme nous l'avons fait n'a pas plus d'impact, et même moins d'impact qu'une journée de déneigement. Cette neige que nous avons mis en place ne servira pas que pour la compétition, mais restera sur le site pour nous permettre d'organiser toutes les activités de neige que nous mettons en place au départ des pistes de ski de fond du village. On est tout à fait conscients de l'impact d'un événement et notre volonté c'est de continuer à en diminuer l'impact.
On sent que, chez les organisateurs, cette polémique a été ressentie comme injuste...
Au travers des efforts déjà entrepris et que l'on souhaite encore continuer, il est injuste d'avoir un raccourci sur quelques images par rapport à la valeur de cet événement. Le Grand-Bornand organise régulièrement des événements et on essaye à chaque fois de donner du sens à ces événements. La Coupe du monde de biathlon est dans l'ADN du Grand-Bornand, fait partie de son histoire. Et c'est vrai qu'il y a eu un certain agacement de voir que l'on s'arrêtait sur une partie de cet événement.
Quelles sont les conséquences sur l'organisation des prochaines éditions?
Nous avons déjà beaucoup fait et cette question de l'empreinte environnementale est posée des le départ de cette organisation. Par exemple nous somme le seul site temporaire, avec un bilan carbone moindre que s'il avait fallu construire un site permanent. Nous avons donc mis en place le stockage de neige sur le site afin de limiter au mieux les déplacements de neige. Nous souhaitons continuer dans cet esprit, pouvoir ne plus parler dans quelques années de ces déplacements de neige.
Cette épisode pose question plus globalement sur l'organisation de compétitions de sports d'hiver avec le réchauffement climatique?
Quelle que soit l'altitude, quelle que soit la période de l'année, le recours à la neige de culture s'impose et ça ne changerait rien de déplacer la compétition à une autre période. L'important c'est d'être conscients de notre impact, d'essayer de trouver les solutions et d'aller encore plus loin par rapport à tout ce que nous avons fait pour en limiter l'impact et permettre encore d'organiser des événements comme ceux-ci parce que je crois que c'est important. Il y a tous ces côtés positifs et fédérateurs. Nous avions plus de 60.000 spectateurs l'an dernier et ce sera la même chose encore cette année, c'est une épreuve qui a un fort engoument. C'est aussi une aventure humaine avec 850 bénévoles sur place. C'est de tout ça qu'est fait le biathlon.
On se focalise sur la montagne car c'est très visible, mais les critiques que vous avez reçues pourraient s'élargir à d'autres événements?
Est-ce qu'il faut continuer à organiser des événements, des rassemblements comme ceux-ci? On focalise sur la montagne mais se pose-t-on la même question sur d'autres événements comme la Fête des Lumières à Lyon qui rassemble deux millions de personnes pour regarder des éclairages qui consomment des kilowatts heure?
C'est une question générale et il ne faut pas focaliser sur le milieu de la montagne. C'est aussi tous les événements sportifs organisés toutes les semaines dans les ligues de football par exemple où l'on rassemble des milliers de personnes, tous les évènements culturels. On doit essayer de trouver des solutions et prendre en main l'ensemble des solutions qui permettraient d'aller d'avantage vers plus de respect de l'environnement naturel dans lequel l'homme se situe.