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Ski alpin (Courchevel): la nouvelle piste Eclipse est-elle vraiment plus dure que la légendaire Streif ?

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Avec une pente moyenne calculée à 30%, les concepteurs de la toute nouvelle piste "l’Eclipse" qui accueille les épreuves de vitesse des finales de la Coupe du monde de ski alpin cette semaine à Courchevel, se targuent d’afficher un niveau de difficulté parmi les plus importants du circuit. Mais si la mythique Streif de Kitzbühel n’affiche que 27% de déclivité moyenne, l’Eclipse reste moins dure globalement pour les skieurs qui ont pu la pratiquer à l’entraînement.

L’an prochain, en plein mois de février lors des championnats du monde de ski alpin de Courchevel/Méribel, le soleil hivernal ne sera pas en mesure d'inonder de ses rayons la piste "l’Eclipse", spécialement créée pour l’occasion et testée en compétition officielle sur le circuit principal pour la première fois en ce mois de mars à l’occasion des finales de la Coupe du monde.

En pleine ombre notamment sur sa partie basse, "l’Eclipse" n’aura alors jamais aussi bien porté son nom et les skieurs pourraient bien devoir chercher leur chemin dans l'obscurité.

"C'est vraiment magnifique à skier"

Une piste ombragée, promesse tenue, mais moins ombrageuse et ténebreuse en revanche qu’annoncée par ses concepteurs, à écouter le gotha du ski français. Un départ à 2235 mètres d’altitude, une arrivée au Praz située à 1290 mètres, et entre les deux un ruban blanc de 3,2 km qui serpente dans la montagne.

"Une très belle piste, reconnaît le skieur français Maxence Muzaton qui a pu la parcourir en tant qu’ouvreur lors des entraînements officiels. Il y a de la grosse pente, similaire en bas à des pistes comme celles de Bormio ou de Kitzbühel mais avec un haut assez distinct, donc ça change un peu de ce qu’on connaît d’habitude, c’est bien."

Un haut en l'occurrence fait pour les grosses cuisses avec des bonds comme "Le saut du zénith" situé 4 portes après le départ et qui plonge les skieurs dans une partie composée de très longues courbes. Ici les skieurs doivent prendre un maximum de vitesse. Courbe déjà emblématique, "le S des Aroles" devrait proposer un sacré spectacle visuel avec des courbes longues de 200 mètres à négocier sans visibilité.

Clou de cette première partie, le "saut des jockeys" devrait lui propulser les skieurs les plus rapides sur environ 50 mètres dans le vide. "Le haut reste très technique mais c’est typé descente avec des longues courbes, des sauts, des mouvements de terrains, c’est vraiment magnifique à skier", témoigne Johan Clarey, vice-champion olympique de descente à Pékin.

58% de pente maximale

Le Tignard se dit par contre "moins fan" de la deuxième partie de piste. "C’est très très raide, et dur de trouver du rythme", confie-t-il. C’est notamment à ce moment-là que les skieurs plongent dans l’ombre sur une partie bien nommée "trou noir" par les concepteurs.

"La largeur se réduit et la pente augmente au fur et à mesure du coup il y a pas mal de changement de rythme", continue Maxence Muzaton. Une pente sur le "mur de la Bux" qui atteint son paroxysme, avec un passage à 58% juste avant un final où les skieurs freinés dans leur progression par un ensemble de courbes devraient arriver éreintés après deux minutes d’effort pour un ultime saut, justement nommé le "saut des braves". "Ça va être un combat, moi ça me casse bien les jambes", reconnaît Johan Clarey.

Johan Clarey à l'entraînement à Courchevel, le 15 mars 2022
Johan Clarey à l'entraînement à Courchevel, le 15 mars 2022 © Icon Sport

De là à placer l’Eclipse parmi les pistes les plus exigeantes du circuit, au même titre que la Streif de Kitzbühel, ou la Stelvio de Bormio? "Celle-là elle est encore à part, elle ne ressemble à aucune, conclut Johan Clarey. Je ne trouve pas qu’il y ait un niveau d’engagement monstrueux comme à Kitzbühel et Bormio. C’est une piste de Coupe du monde donc cela demande de l’engagement mais il n’y a pas ce niveau d’intensité mentale qu’on peut trouver sur d’autres pistes. En gros, elle fait moins peur que Kitzbühel. Il y a de la pente mais on nous force de par le trajet à freiner. Ça reste malgré tout un beau challenge."

Une piste qui devrait donc convenir aux profils hybrides de skieurs rapides mais très techniques. Le Suisse Marco Odermatt ou le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde devraient s’y régaler.

Arnaud Souque, à Courchevel