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Ski alpin: "Je vous invite tous à vous lancer sur la piste avec moi", l'amertume de Thibaut Favrot face aux critiques sur l'équipe de France

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Thibaut Favrot signe le meilleur résultat des Bleus dans ces Mondiaux, deux jours avant la fin de la compétition avec une 6e place lors du géant. Léo Anguenot, autre Français au départ, termine 15e. Pour RMC Sport, Thibaut Favrot est revenu sur son résultat.

Thibaut, vous avez le sourire aux lèvres parce que vous avez fait deux manches pleines et à la fin une belle sixième place...

Oui, il y a le sourire parce qu’il y a un super état d’esprit qui permet de produire du ski qui va vite et qui va dans la bonne direction. C’est quelque chose que je cherche depuis deux ou trois ans. Je suis content de ça aujourd’hui. Après c’est une course à médaille, ce qui compte c’est les première, deuxième et troisième places. Je franchis encore une marche aujourd’hui, il faut continuer comme ça. Et un jour ça sera ma place sur le podium. Il ne faut pas baisser les bras, il faut continuer.

Vous êtes resté quelques temps sur le siège de leader, c’est particulier de vivre ça aux Mondiaux? 

Ça met un peu de baume au cœur. Ça met un peu de pommade dans le bas du dos ça fait du bien. Après ce n’est pas une fin en soi de s’asseoir dans le "hot seat". Par contre d’exploser de joie en bas, là, c’est un bonheur d’être satisfait de soi. Ce sont des choses qui ne sont pas faciles pour moi d’être satisfait. J’ai franchi la ligne et j’étais content donc c’est cool.

Quand vous dites que vous allez vers l’avant, vous sentez qu’aujourd’hui vous avez vraiment passé un cap, débloqué quelque chose?

Ce n’était pas bloqué mais c’était bien enfoui au fond de moi. Il y a eu des périodes difficiles dans ma vie. Je suis passé par des blessures, je commence à être un peu plus vieux aussi donc il y a de la remise en question. Ça fait quatre ans que j’essaye de m’accrocher pour faire des podiums, que je me bats tous les jours. Donc des fois, certes on ne perd pas espoir, mais on trouve ça difficile. Et aujourd’hui ça me fait du bien. C’est pour ça que je dis que je vais dans la bonne direction.

Pensez-vous que ce géant va vous libérer pour la suite?

Je pense que j’étais déjà bien libéré. Après, il n’y a pas d’attentes supplémentaires pour le reste de la saison. J’ai envie de continuer comme ça, de me faire plaisir et d’être content de moi.

Vous signez le meilleur résultat de l’équipe de France dans ces Mondiaux pour le moment…

On n’est pas satisfait d’une sixième place aux Mondiaux. Là, on se fait quand même sacrément taper dessus depuis un moment par beaucoup de monde. On est dans un contexte qui est très compliqué en tant qu’athlètes. Moi, j’ai quand même un ami qui a pris une cartouche comme on a rarement vu en ski alpin et j’y pense souvent. On perd beaucoup de collègues, ce sont des moments difficiles. On fait un sport individuel mais on est très soudés. Malheureusement on est dans une dynamique complexe en ce moment et c’est difficile d’en sortir. Mais j’ai des gens avec moi qui s’arrachent tous les jours. Ils donnent le meilleur d’eux-mêmes autant que moi je donne le meilleur de moi. C’est mon staff et je ne les remercierai jamais assez. Ils sont capables de croire en moi plus que moi je ne le fais. Et aujourd’hui c’est un pas vers la bonne direction. Il n’y a pas de médaille, on va encore dire que l’équipe de France n’a pas fait de médaille, mais je vous invite tous à vous lancer sur la piste avec moi. Et puis on verra.

Cette course réussie est aussi pour tous vos coéquipiers blessés?

Bah ouais carrément. Je ne vais pas leur dédier une bonne performance parce que qu’est-ce qu’on s’en fout de Thibaut Favrot qui fait sixième aux Mondiaux. Mais ce sont mes amis et s’il y a eu un sourire d’un de mes copains quand il a vu la course alors ça me fait plaisir parce que ce sont des amis proches. Au-delà d’une carrière, je les garderai longtemps comme amis. Je suis un brin ému. Je pense à eux.

À la fin, on vous a vu danser dans l’aire d’arrivée, elle signifie quoi cette célébration?

Ça vient d’un ami, un ancien skieur, qui faisait la danse du brochet. Et puis un jour, je ne savais pas trop quoi faire et ma chérie a adoré, elle a trouvé ça drôle. Et je me suis dit qu'un peu de joie de vivre en bas, ça fait du bien. Du coup, c’est pour elle un peu, c’est ma Valentine, c’est la Saint-Valentin. Il y a un petit clin d’œil et de la joie surtout.

Léna Marjak