Ski alpin: "On va essayer de faire honneur à Cyprien", les Bleus de la vitesse en mission à Wengen

Un grand soleil, une piste bien préparée et une neige parfaite. "C'était du plaisir cette manche. Les conditions sont excellentes", sourit Nils Allègre, meilleur français de cet entrainement, terminé à la 6e place. "J'étais un peu tendu après la semaine à Bormio, dans des conditions exigeantes. Il fallait se remettre en mode glisse, il y a toujours un peu de tension".
Car la dernière fois que l’équipe de France de vitesse était en course, le groupe a été marqué par la terrible chute de Cyprien Sarrazin. Opéré d’un hématome intracrânien, il a depuis été transféré à l’hôpital Henry-Gabrielle à Lyon pour une longue période de récupération. Et forcément, tout cela a marqué l’ensemble de l’équipe. "Physiquement, ça va très bien. Dans la tête, il faut remettre un peu la machine en route. On a pris un gros coup au moral avec la blessure de Cyprien. Je le connais depuis que je suis tout gamin, on est de la même région. C'est dur quand un copain est à l’hôpital et qu’il est vraiment en mauvaise posture. Ça laisse des traces. Il faut évacuer et pour ça, il faut se servir du groupe. Là on remet la machine en route. Il y a tout pour être heureux ici. Il fait beau, la neige est bonne. Ça sera un beau spectacle", relativise Nils Allègre.
"On porte Cyprien avec nous"
Un groupe France soudé qui garde le sourire. "Cet accident m'a plus touché que ce que j’aurais pensé. Mais avec la solidarité dans le groupe, au-delà du sportif, je parle de soutien humain, ça dépasse les amitiés, les affinités, les frustrations, ça dépasse tout ça. Ça remet les pieds sur terre. Maintenant, on a bien rebondi. Il faut le savoir. On porte Cyprien avec nous. Il nous a amené plein de bonnes énergies l'an dernier et en ce début de saison. Le but est d'aller chercher de belles choses. Il ne faut pas se laisser écraser par les événements. On est là, on est d'attaque", insiste Matthieu Bailet.
Un sentiment partagé par son coéquipier Blaise Giezendanner. "Il faut laisser la place à la compétition en temps voulu. Cyprien, ce n'est pas qu'on en parle tous les jours mais c'est là, c'est toujours là, ça restera là. Des accidents, on en a connu malheureusement dans notre groupe. Son état évolue de jour en jour donc on aime bien avoir des informations sur sa santé. Ça reste notre copain. On s'informe, on en parle. Mais quand je suis au départ, ma tête est à 100% dans la descente. Mais c'est sûr que l'état psychologique est encore à voir".
"Les organismes ont souffert, le mental aussi"
A l’arrivée de le piste mythique du Lauberhorn à Wengen, chaque Tricolore avait besoin de retrouver ses sensations. "J'avais besoin de me rassurer après Bormio où je m'étais bien pincé le dos sur le saut du San Pietro. Je n’ai pas du tout reskié depuis. J'ai juste fait un coup de slalom il y a quatre jours, histoire de tester le dos. Donc là, c'était un peu la première manche pour voir comment ça allait", se rassure Maxence Muzaton, 28e de l’entrainement.
Cette étape italienne aura laissé des traces dans les organismes de chacun. "Ce n’est jamais un plaisir de voir un athlète tomber et se faire mal, encore pire quand c'est un pote d'entraînement et un ami. Ça fait partie du jeu. Il y a des blessures que l'on a du mal à accepter mais ça fait partie de notre sport. Bormio reste une piste à part. Cette année encore, les conditions étaient terribles. Les organismes ont souffert, le mental aussi", souligne Muzaton.
Mais cette piste de Wengen lui a redonné une grande confiance. "Ça fait du bien aussi de revenir sur une piste compacte, où on peut s'exprimer, ancrer notre ski dans la neige et avoir de bonnes sensations. De ce côté-là, ça fait du bien au moral. J’ai plus l’impression d’être maître de mes skis et il y a un peu moins cette part d'inconnu, d'avoir des skis qui tapent... Là au moins, j'ai plus la sensation d'être un pilote et d'avoir le contrôle de ce que je fais".
Même si Cyprien est absent, et se remet doucement de cette grave chute, il n’est finalement jamais très loin. Juste à côté de l’aire d’arrivée, le palmarès de l’an dernier à Wengen est affiché et le nom de Sarrazin est inscrit. Il avait pris la deuxième place de la descente, juste derrière le Suisse Marco Odermatt. "On va essayer de faire honneur à Cyprien, de garder la course, même si on n'est pas dans les mêmes dispositions que lui l'an dernier", lâche Blaise Giezendanner, 15e de l’entrainement du jour. Et même si tous sont touchés, marqués, par la chute de leur pote, ils ont à cœur de performer.