Ski: "Comme un enfant qui ouvre ses cadeaux de Noël", Pinturault heureux de retrouver Val-d'Isère

Si on vous dit 8 décembre 2012 Alexis, est-ce que cela vous parle?
Euh (il réfléchit)... Ca doit être ma première grande victoire, celle de Val-d'Isère je pense, mais je me trompe peut-être.
Non c'est bien ça, le jour de votre victoire en slalom à Val-d’Isère effectivement ...
Val-d’Isère c’est des super souvenirs pour moi, j’y ai déjà eu pas mal de succès. J’y ai obtenu un bon nombre de victoires (4) et de podiums (2). La Face de Bellevarde, c’est une piste qui est difficile, où il faut mettre le plaisir un petit peu de côté. C’est un vrai combat jusqu’à la fin il faut l’avoir à l’esprit. C'est une piste très technique, vraiment très raide et au revêtement délicat.
En réalité en 2012, cette victoire était la deuxième de votre carrière en Coupe du Monde, car il y avait eu l'hiver précédent le slalom de Moscou, mais cela ne compte pas autant dans votre cœur?
Bien sûr que non, c’était très différent, c’était une discipline complètement à part. Alors que Val-d'Isère restera marquée à jamais. C’était ma première victoire en France c'est ça surtout qui fait que ça avait une saveur extrêmement particulière. C’était un peu comme un enfant qui ouvre ses cadeaux à Noël. Avec le public, il y avait une telle dose d’adrénaline, c'était fort en émotions.
Entre temps vous vous êtes forgé un sacré palmarès. 34 victoires, 75 podiums en Coupe du monde... C'est quoi le secret de la longévité, et qu'est-ce qui a changé en 10 ans sur le circuit?
[Il rit] J'ai pris quelques rides pour ma part bien sûr, mais après personnellement je trouve que je vieillis bien, je n’ai pas de problème en vieillissant. Je n’ai pas de bobos récurrents qui apparaissent et c'est peut-être ça le secret de la longévité, avec le travail aussi. Concernant les évolutions du circuit, je trouve qu'elles sont trop peu nombreuses. Il y'en a, mais il faut que ça aille plus loin désormais.
"On commence de plus en plus à avoir de nouvelles images"
A quel genre d'évolution faites-vous allusion?
Par exemple depuis cette année on commence de plus en plus à avoir de nouvelles images. Il n'y a pas encore eu beaucoup de courses, mais à Solden par exemple pour le géant d'ouverture, le haut de la course était filmé de dessus avec un drone.
A Beaver Creek aussi aux Etats Unis, les courses étaient bien mieux filmées qu'elles ne l'étaient par le passé. Cela signifie que la Fédération Internationale de Ski a la volonté d’aller de plus en plus loin pour pouvoir récupérer des droites télés, et en parallèle amener plus de sponsors et ça c’est extrêmement important.
Cela change quoi, concrètement?
En récupérant des droites télés, on centralise énormément de choses, et derrière on est maître de ce qu’on décide. On est maître du calendrier. On est maître des partenaires que l’on peut inclure, on est maître de faire certains investissements en proposant des prix plus attractifs pour les marchés moins importants comme la France par exemple.
Aujourd'hui aucune chaîne gratuite ne peut diffuser en France l'intégralité de la Coupe du Monde à cause des coûts des droits télé. Peut-être qu'en changeant les façons de réaliser les courses à la télé, cela rendra notre sport plus attractif et fera changer les choses.
En 10 ans de victoires sur le circuit de la Coupe du monde, vous trouvez que les choses ont changé, en termes d'entraînement, de préparation, etc?
Je pense qu’il y a des choses qui changent et que ça va continuer. Bien sûr que ça se professionnalise, mais comme tous les sports depuis une vingtaine d'années. Le ski n’est pas un exemple isolé. Maintenant, chaque détail commence à avoir son importance. On fait attention à énormément de choses que ce soit les déplacements, l’alimentation, le sommeil, l’entraînement, les sites d’entraînement. En fait, on fait attention à tout ça et on essaye de mettre le plus de choses bout-à-bout et c’est ce qui fait que oui le ski se professionnalise.
Pinturault rêve de gagner... en descente
En 10 ans de victoires, c'est laquelle la plus belle?
Difficile d'en choisir une (il réfléchit longuement). Certainement cette victoire il y a 10 ans à Val-d’Isère celle de 2012. J'étais jeune, devant mon public, c'était en nocturne, c’était extrêmement particulier.
La victoire que vous aimeriez avoir d'ici la fin de votre carrière et que vous n'avez jamais eue?
Ce serait certainement une descente. Où que ce soit, une descente. C'est la seule discipline dans laquelle je n'ai jamais gagné.
Vous pensez un jour pouvoir le faire?
En tout cas si je veux m’en donner les moyens, il va falloir que je commence à m'y atteler sérieusement parce qu'aujourd’hui je ne fais pas partie des 30 meilleurs mondiaux. Ce qu’il faudrait, c'est que je passe une saison complète à essayer de rentrer dans les 30 meilleurs, puis une deuxième saison à essayer d’assimiler et peut-être monter sur le podium, et du coup potentiellement une troisième saison pour essayer d’aller chercher une victoire.
Vous vous en sentez capable?
C'est la grande question. Je ne peux pas le savoir. Mais en tout cas, c’est quelque chose qui pourrait me plaire mais c’est un réel choix à faire. Ca me demanderait automatiquement de sacrifier d’autres disciplines, notamment le slalom et donc c’est un choix qui n’est pas simple mais que je pourrais faire dans le futur.