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Un an après son doublé à Kitzbühel, l'ombre de Cyprien Sarrazin plane sur le ski français

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Kitzbühel 2024 restera dans les mémoires. Cyprien Sarrazin remporte, dans le même weekend, les deux descentes, sur la mythique Streif. Un an plus tard, le Français est absent, gravement blessé à la tête en décembre dernier. Mais ses coéquipiers et son entraîneur gardent en mémoire un week-end de folie.

Le groupe France a repris ses marques, comme depuis des années, dans leur hôtel du Bruggerhof, au style ancien et typique autrichien. "À l’hôtel, je connais tout", s’amuse Adrien Théaux, 40 ans. "Ça fait du bien de revenir, ce sont de bons moments. On en a eu beaucoup ici et tant mieux. Il y a eu beaucoup de podiums. Là on est un an après. Il s'est passé des choses en début de saison mais on est content d'être là, on aime la piste. Les souvenirs de l'an dernier sont là", se remémore Adrien. Et forcément ses souvenirs sont inoubliables.

Le 20 janvier 2024, Cyprien Sarrazin remportait, d’une main de maître, les deux descentes organisées sur un même weekend, à Kitzbühel. C’est simple, seulement sept hommes ont réussi cet exploit, sur les 17 éditions où deux descentes se skiaient le même week-end.

"Quand Cyprien arrive en bas le premier coup c'était fou, parce que ça faisait un moment qu'il n’y avait pas eu un Français qui avait gagné. Le lendemain il regagne, c'était encore mieux. Marco Odermatt avait fait une descente incroyable, il se voit gagner. Mais juste derrière Cyp lui claque presque une seconde. Là c'était fou, magnifique, il faisait grand beau, c’était la journée juste parfaite. Et faire le doublé ça existera peut-être plus, ou dans longtemps. C'était incroyable. Et la joie que tout le monde avait pour lui, que ce soit nous les athlètes, tout le monde, et ce qui s'en est suivi derrière, c'était un grand moment", se souvient, avec le sourire aux lèvres, Théaux.

"C’était unique"

Le vendredi 19 janvier 2024, première victoire à "Kitz" pour Cyprien, avec cinq centièmes d’avance sur l’Italien Florian Schieder. Le lendemain, le samedi, quatre-vingt-onze centièmes d’avance sur le Suisse Marco Odermatt. Le Français vient de marquer les esprits et l’histoire sur la mythique Streif, la piste autrichienne.

"C'était exceptionnel. Des moments comme ça, faut vraiment en profiter. Surtout quand on voit l'actualité maintenant. L'année passée c'a été grandiose. Deux victoires je ne sais pas si ça se refera un jour. Déjà, je ne sais pas s'il y aura de nouveau deux descentes de suite. Je la garde en mémoire pendant longtemps", lâche Xavier Fournier, coach de l’équipe de France de vitesse. Il a vécu ces exploits depuis le bord de la piste. Mais tous, sans exception, dans le groupe, garde en mémoire ce weekend. Un weekend de rêve.

"Ce n’était pas la folie, c'était unique dans l'histoire presque et dans la nôtre. En plus on parle de quelqu'un qui n'est pas avec nous maintenant, notre Cyp nous manque à la folie. La deuxième course c'était encore plus beau, en plus il a fait le show comme un malade. C'était la double dose, c'était extra. Ça c'est pour le côté sportif. Mais côté extra sportif, on a fait une fête... qui était juste inimaginable, c'était incroyable", se souvient Matthieu Bailet.

"On pense à lui"

Revenir ici un an plus tard sans Cyprien Sarrazin, gravement blessé à la tête fin décembre à Bormio lors d’un entraînement de descente, c’est forcément particulier. "Ça fait un peu quelque chose parce que dans la cabane de départ, il y a les photos des vainqueurs et les deux vainqueurs de l'an dernier en descente c'est Cyp. Donc il y a deux photos. Après, ça te met un petit rappel, on pense à lui", décrit Adrien Théaux.

Son coéquipier Maxence Muzaton a lui aussi eu un petit regard vers ces deux portraits: "Je ne le prends pas en me rappelant quelque chose de négatif. Je prends ça comme du positif, un bon souvenir. Ce qu'il a fait c'est quand même extraordinaire. Ça fait quand même un pincement au cœur de se dire qu'il va regarder la course depuis chez lui. Il y a plus qu'à lui souhaiter de récupérer au mieux".

"Mais ce qui est compliqué quand tu te blesses, c'est que le train continue d'avancer et on est obligé de continuer d'avancer. On ne peut pas rester sur ce qu'il s'est passé. C'est triste et malheureux, mais ça n’empêche pas de penser à lui. On se doit d'avancer parce qu'on doit rebondir pour l'équipe, pour nous. Ça fait partie du jeu malheureusement", ajoute Adrien.

Alors, tous auront à cœur de performer samedi lors de la descente. En tout cas, Nils Allègre l’espère bien: "L’an dernier, on était quatre dans les dix dont une victoire. Pour tout un staff, ça récompense beaucoup de choses. Et nous ça nous mettait dans une dynamique énorme. Je n'ai envie que d'une chose: revivre ça. Même si on n’est pas dans les mêmes circonstances. Mais on peut être performant".

Léna Marjak