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Anthony Joshua: "Je veux récupérer mes ceintures"

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EXCLU RMC SPORT. Il n’est plus champion du monde depuis fin septembre et sa défaite contre Oleksandr Usyk pour les titres IBF-WBA-WBO des lourds. Mais Anthony Joshua reste une des plus grandes stars actuelles de la boxe. Très rare dans les médias français, le combattant britannique a accordé un entretien exclusif à RMC Sport. Revanche contre Usyk, changements à venir à l'entraînement, Tyson Fury, Tony Yoka: "AJ" revient sur tous les sujets qui font son actualité et plus encore.

Anthony, nous vous retrouvons après un événement de votre sponsor Under Armour consacré à l’entraînement et à la faculté de repousser ses limites. Après une défaite comme celle contre Usyk, revenir au plus vite à l’entraînement vous permet-il de reconstruire votre confiance?

Cela me permet de garder un équilibre. Après une défaite, on a toujours envie de se noyer dans son chagrin et de s’écarter des choses qui nous ont mené là où on est. Mais selon moi, il est important de rester consistant. De rester sur la bonne voie. Il est facile de perdre sa concentration à ce moment-là car votre esprit dérive sur certaines questions: comment, pourquoi et quand cela a-t-il mal tourné? Mais on tend à oublier les points positifs qui nous ont permis d’arriver dans cette position. Il faut juste trouver les petits ajustements qui feront la différence. Et si tu ne t’entraînes pas, si tu ne restes pas consistant, tu ne vas pas pouvoir réaliser quels sont ces ajustements à faire. Garder un esprit fort pour rester consistant et faire ces ajustements vous mènera toujours au but recherché, même si le chemin peut emprunter des détours et prendre un peu plus de temps. Rester sur la bonne voie est essentiel pour atteindre la destination finale.

>> Retrouvez l'entretien exclusif avec Anthony Joshua et son débrief avec Souleymane Cissokho dans le RMC Fighter Club

Après une telle défaite, avez-vous l’impression de devoir absolument changer des choses dans la façon dont vous vous entraînez?

Oui. A 100%. Et même quand vous gagnez. Quand vous gagnez, vous avez besoin de votre équipe autour de vous pour faire les changements nécessaires. Vous avez besoin d’un visionnaire, d’un directeur de la performance qui vous garde au top, qui s’assure que ces changements sont faits. Et si je monte dans le ring et que je perds après ça, ce sera à moi de prendre mes responsabilités pour mes erreurs. Même quand les gens gagnent, dans n’importe quel business, il y a toujours des lacunes sur lesquelles vous pouvez vous améliorer. On doit toujours progresser. En tant qu’athlète, si je perds, je suis responsable des choses que je dois améliorer et des changements sont nécessaires. C’est le même état d’esprit.

Vous avez déclaré vouloir être "plus un guerrier" et "moins dans le noble art" pour la revanche contre Usyk. Que voulez-vous dire par là?

L’idée est de revenir aux fondations qui m’ont mené où je suis arrivé dans la boxe. Ce n’est pas juste une question de puissance ou autre. J’ai essayé d’adopter ce côté noble art car je voulais m’améliorer en tant que boxeur mais je suis à un moment de ma carrière où changer tout mon style peut être très vraiment préjudiciable et c’est pour ça que j’en reviens à ce que je disais avant: faire des ajustements est sans doute plus bénéfique que de changer tout le système. A ce niveau, et à ce moment de ma carrière… J’ai passé du temps à apprendre, ce qui est toujours bon. Ce n’est pas une excuse mais quand je regarde tout ça et que je pèse les choses, je me dis que quand je suis plus agressif, quand je prends un peu plus de risques, vu mes attributs, cela met beaucoup d’adversaires dans des situations difficiles, plus qu’avec d’autres attributs que j’ai essayé d’adopter. J’ai soupesé tout ça et j’ai regardé ce qui était vraiment bénéfique pour moi, pour mon style, pour mon ADN de boxeur, et je pense qu’être plus explosif et frapper en combinaisons est la chose dans laquelle je dois me spécialiser.

Vous avez sans doute revu ce combat contre Usyk. Beaucoup ont dit que vous aviez trop tenté de boxer le meilleur boxeur. Êtes-vous d’accord? Aborderiez-vous le combat différemment avec le recul?

(Il réfléchit) Si j’avais gagné trois rounds de plus, j’aurais gagné le combat. Ce n’est pas une situation avec un écart massif. Trois rounds de plus m’auraient sans doute donné la victoire. Il s’agit donc de faire de petits ajustements. Il faut que je prenne les quelques rounds où j’ai le plus dominé dans ce combat et commencer le prochain combat de la même façon, même s’ils étaient au milieu du combat. Disons que le dixième round était bon pour moi. Il faut que je le prenne, que je refasse ça au dès le coup de gong du premier round et construire sur cette voie derrière. Si je parviens à faire ça, j’obtiendrai la victoire. Je serais toujours champion si j’avais gagné ces trois rounds de plus. Je ne veux donc pas regarder seulement le négatif mais prendre le positif et faire en sorte que je gagne ces neuf minutes en plus dans le combat pour retrouver mes titres.

Beaucoup voient Usyk comme le favori pour la revanche. Être dans cette position d’outsider vous donne-t-il une motivation supplémentaire, une envie de faire fermer des bouches pour dire les choses crûment?

Je ne suis jamais un outsider. Jamais. Je suis toujours le favori. Depuis que je suis rentré dans un salle de boxe, je suis au sommet dans ce sport. Je ne suis jamais un outsider selon moi, je mérite d’être au sommet, je travaille assez pour être au sommet. Et même si je suis un peu en-dessous du sommet, je vais faire en sorte de revenir où je mérite d’être.

Dans votre esprit, il n’y a pas le moindre doute que vous arriverez à battre Usyk dans cette revanche?

Aucun doute. Aucune chance. Je veux Usyk et je veux mes ceintures.

Si vous remportez cette revanche, vous deviendrez un des rares boxeurs trois fois champion du monde chez les lourds. Cette idée de marquer l’histoire vous anime-t-elle dans l’approche de ce combat?

C’est une part majeure de ma motivation. Je veux devenir trois fois champion du monde des lourds. Et la beauté de la chose, c’est que dans mon cœur, dans mon âme, dans mon esprit, je sais que je peux le faire.

Quelle défaite vous a-t-elle fait le plus mal mentalement? Andy Ruiz Jr ou Oleksandr Usyk?

Je ne donnerais pas plus de crédit à l’une qu’à l’autre. Elles ont toutes les deux fait mal.

Quel serait votre top 5 des poids lourds à l’heure actuelle?

Moi, moi, moi, moi et moi! J’ai affronté les meilleurs. Je suis deux fois champion du monde des lourds. J’ai plus défendu mes titres que les autres. J’ai le meilleur CV de la catégorie. J’étais toujours chez les amateurs quand Tyson Fury et Deontay Wilder ont commencé dans cette division. Je suis arrivé quatre ans plus tard et j’ai quand même battu de meilleurs combattants qu’eux. J’ai le plus de cœur, je suis le plus résilient. J’ai tout vu, tout fait, j’ai gagné des combats, j’ai perdu des combats, j’ai pris les ceintures, je les ai récupérées. C’est pour ça que je me mets aux cinq premières positions. Personne ne m’égale sur tous ces plans.

Selon vous, qu’est-ce que vous faites de mieux sur le ring que tous les autres poids lourds de la planète?

Être la meilleure version de moi-même, c’est tout.

Certains évoquent l’idée que vous preniez un chèque pour vous écarter et laisser Usyk affronter Fury pour les quatre ceintures des lourds avant de prendre le vainqueur et vous avez semblé ouvrir la porte à une telle possibilité. Est-ce vraiment une possibilité?

Comme je l’ai dit, je me repose sur trois principes. Le respect. L’idée d’être prêt à affronter n’importe qui en tant que compétiteur. Et enfin, j’ai étudié ce business et beaucoup de boxeurs et d’athlètes en général ont pris de très mauvaises décisions pour leur business. Il faut soupeser ces trois principes car ce sont mes fondations. Les deux premiers me disent de ne pas m’écarter. Mais pour ceux qui gèrent mon business, pour mon promoteur, si une énorme offre arrive sur la table, je suis sûr qu’ils me la présenteront. Et je me devrais de la regarder. C’est ce que je voulais dire. A cette heure, cette revanche est sur la table et je suis concentré et sérieux là-dessus. Mais s’il y avait une offre sérieuse, je devrais m’asseoir avec mon équipe pour en parler. Ce sont des gars intelligents, je suis un gars intelligent, on regarderait ça et on pèserait le pour et le contre dans mes options. Je ne veux pas dire que je fais ça pour l’argent. Ça n’a jamais été le cas. Les ceintures sont ma véritable motivation.

Seriez-vous déçu si le choc 100% britannique des stars des lourds avec Fury n’arrivait jamais lors de votre carrière?

Oui, complètement. Ce serait un regret. Si on réfléchit bien, quel est le but de tout ça? Je chasse le titre incontesté à quatre ceintures depuis longtemps. J’ai été partout dans le monde pour ça. J’ai remporté quatre des cinq ceintures principales. On a payé des gens plus que ce qu’ils recevaient d’habitude pour les inciter à me combattre. Je suis un adversaire difficile à affronter, quel que soit votre niveau. Mon dernier combat s’est mal passé pour moi mais ça m’embêterait car j’ai vraiment envie de mettre la main sur cette dernière ceinture. C’est comme Le Seigneur des Anneaux. J’aurais collecté tous les anneaux après ça et je pense que ça me rendrait heureux.

La boxe française possède un grand espoir des lourds avec Tony Yoka, votre successeur en tant que champion olympique. Est-ce un combat qui vous intéresserait à l’avenir? Et pensez-vous qu’il a de quoi devenir champion du monde? Même question pour Souleymane Cissokho, avec qui vous partagez un sponsor et un promoteur et qui a rejoint votre boîte de management.

Yoka se développe à un très bon rythme. Il est sous la direction de Virgil Hunter et je pense qu’ils font un super travail avec lui. Il est venu s’installer aux Etats-Unis et ça montre son dévouement à son objectif car il vient d’Europe et il faut vraiment être motivé pour s’éloigner de sa famille. J’apprécie ses efforts dans ce sens. Il est champion olympique et je pense que si vous avez atteint le sommet chez les amateurs, vous avez le potentiel pour atteindre le sommet chez les professionnels. Sans ce pedigree chez les amateurs, vous ne sera jamais un professionnel au sommet. Vous devez passer par ce système pour être au top. Il a donc fait la moitié ou les trois-quarts du chemin. En ce qui concerne quelqu’un comme moi, je suis prêt à le combattre n’importe quand, comme tous les autres dans cette division. Bonne chance à lui dans son parcours. La bataille chez les professionnels se fait entre des gens sérieux qui veulent non seulement atteindre le sommet mais y rester. Souleymane Cissokho est un combattant phénoménal. Il s’entraîne dans la même équipe que Tony Yoka, avec aussi Joshua Buatsi. J’aime beaucoup le système français, la façon dont ils développent Souleymane. Souleymane prend beaucoup de temps en dehors de la boxe pour promouvoir son sport et on a besoin de gens comme ça dans notre sport, des gens qui font la promotion de la boxe à travers la planète car c’est le sport que j’aime et plus les gens le regarderont, mieux ce sera pour tout le monde. J’aime la combinaison de Souley et Tony Yoka qui poussent la boxe en France. Vous devez tous vous ranger derrière eux en France, les soutenir, car ce sont des athlètes phénoménaux et des personnalités géniales. Souley a remporté le bronze olympique et Tony l’or et ce sont des médailles très difficiles à remporter, surtout dans les sports de combat. Il faut aussi leur donner du crédit pour ça.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport