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Boxe: Usyk a détrôné Joshua, le grand débrief du RMC Fighter Club

Ancien champion incontesté des lourds-légers, Oleksandr Usyk a enflammé le monde de la boxe ce samedi soir à Londres avec une performance de très haut niveau pour faire tomber Anthony Joshua pour remporter les titres IBF-WBO-WBA des lourds. Retour sur la prestation de l’Ukrainien, portée historique de sa victoire, erreurs du Britannique dans son approche, la revanche à venir et la suite pour les deux hommes: le RMC Fighter Club débriefe un combat qui restera dans les annales du noble art.

Il l’a fait. Et avec la manière. Beaucoup moins star que le Britannique Anthony Joshua, et donc tout sauf favori pour le grand public et même pour de nombreux spécialistes alors qu'il avait de vrais arguments, Oleksandr Usyk a détrôné le désormais ancien champion ce samedi soir devant les plus de 60.000 spectateurs du stade de Tottenham à Londres pour se parer des ceintures mondiales IBF-WBO-WBA des lourds. Champion d’Europe, du monde et olympique (2012) chez les amateurs, champion unifié et incontesté (avec les quatre titres des quatre fédérations principales) des lourds-légers après avoir remporté le tournoi World Boxing Super Series en 2018, l’Ukrainien n’aura mis que trois combats dans la catégorie reine pour devenir le troisième ancien champion unifié des lourds-légers à être titré à l’étage supérieur après l’Américain Evander Holyfield et le Britannique David Haye.

Un exploit XXL, historique, conséquence d’une performance majeure. Jeu de jambes, travail du buste, feintes avec la tête, mains plus rapides et plus précises: Usyk a infligé une véritable leçon de boxe à Joshua, incapable de trouver son rythme et d’imposer sa plus grande puissance et son physique plus imposant (sept centimètres en taille et dix centimètres d’allonge en sa faveur) face au premier gaucher de classe mondiale croisée sur le ring dans sa carrière. A trente-quatre ans et en moins de vingt combats (19-0, 13 KO), celui qui présente un fabuleux bilan de 335-15 chez les amateurs a conquis les deux catégories les plus lourdes du noble art sans jamais laisser le moindre doute sur sa supériorité par rapport à l’adversité. Et en allant chercher tous ses titres... dans le pays des détenteurs des ceintures (neuf de ses dix derniers combats ont été remportés dans cette situation)!

De quoi s’assurer déjà une place au Hall of Fame de la discipline et le placer pour beaucoup, dont votre serviteur, sur le trône du subjectif classement pound-for-pound (toutes catégories confondues) de la boxe actuelle devant la superstar mexicaine Saul "Canelo" Alvarez (vu son CV, Usyk est au pire numéro 2 derrière lui, le classement que lui donne le magazine The Ring ce mardi). Il ne fait plus aucun doute, aussi, que le garçon soit déjà le deuxième meilleur lourd-léger de l’histoire derrière Holyfield, qu’il pourrait même dépasser à terme s’il s’inscrit sur un règne à long terme chez les lourds et fait tomber Tyson Fury ou Deontay Wilder (dont le troisième combat aura lieu le 9 octobre) pour conquérir le titre WBC – et la mythique ceinture The Ring au passage – et unifier totalement la catégorie.

Oleksandr Usyk après sa victoire sur Anthony Joshua en septembre 2021
Oleksandr Usyk après sa victoire sur Anthony Joshua en septembre 2021 © AFP

En attendant, il faudra passer par la revanche contractuelle contre Joshua (Usyk aimerait la faire au stade olympique de Kiev mais Eddie Hearn, patron de Matchroom Boxing et promoteur de Joshua, a déjà annoncé que la chose serait impossible financièrement), qui compte désormais deux défaites sur ses quatre derniers combats. Un "AJ" qui a mal abordé le choc sur les plans technique et psychologique et n’a jamais paru en mesure de prendre le meilleur sur l’Ukrainien malgré quelques bons rounds en milieu de combat, durant lesquels Usyk aura su ne pas s’écrouler malgré quelques gros coups encaissés.

Les chiffres ne mentent pas: le Britannique a encaissé 148 coups en douze rounds, plus que dans n'importe quel combat dans sa carrière, dont 29 sur le seul douzième, encore un "record" pour lui. Toujours aussi fair-play, à l’inverse d’un Wilder qui avait cherché toutes les excuses possibles pour expliquer sa défaite face à Fury en février 2020, Joshua a avoué être tombé contre un boxeur "meilleur que (lui)" samedi soir mais qu’il compte renverser quand ils vont se revoir entre les cordes, a priori dans les premiers mois de 2022.

>> Le débrief de Usyk-Joshua avec le RMC Fighter Club, c'est ici

Il faudra s’ajuster et changer beaucoup de choses pour cela, peut-être même aller voir ailleurs que chez son coach historique Rob McCracken, mais Joshua sait sûr que son tombeur ne fera pas "une Andy Ruiz" (qui avait détrôné le Britannique en 2019 avant d'être battu dans la revanche quelques mois plus tard) en passant son temps à faire la fête après son triomphe. Seule certitude: le garçon reste une superstar de la boxe, un des rares combattants (avec Canelo) capable de régulièrement remplir des stades, et cette deuxième défaite chez les pros ne changera pas ce statut. Il reste surtout un excellent boxeur, car personne ne remporte trois ceintures chez les lourds sans l’être. "AJ" est-il capable de reconquérir son trône? Cette défaite face à Usyk prouve-t-elle qu’il a été surcoté? A quel point la victoire du génie pugilistique ukrainien est-elle historique? Le RMC Fighter Club, podcast de RMC Sport consacré aux sports de combat, répond à toutes ces questions (et bien d’autres) et vous propose le grand débrief du triomphe magistral signé Oleksandr Usyk.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport