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Boxe: "sortir les poubelles", aller voir le pape... le programme d'un Fury qui fait planer le doute sur son avenir

Champion WBC des lourds, Tyson Fury a conservé sa ceinture dans un troisième combat d’anthologie contre Deontay Wilder samedi à Las Vegas. S’il compte d’abord profiter de son succès avant en faisant des choses "normales", le Britannique va aussi vite se tourner vers la suite. Pour laquelle il ne donne aucune assurance sur le temps qu’il compte encore rester dans les rings.

Plusieurs jours sont passés. Mais l’excitation reste vive. Tyson Fury et Deontay Wilder ont offert aux amoureux du noble art un spectacle d’anthologie ce samedi à Las Vegas pour le troisième combat de leur trilogie. Une "guerre" inoubliable au scénario dingue, où chacun aura été faire au moins deux fois un tour au sol, qui restera gravée dans l’histoire des poids lourds. Si le Britannique a encore triomphé de son rival (KO au onzième round) pour conserver son titre WBC, le courage et le cœur montrés par l’Américain lui ont apporté beaucoup de crédit malgré la défaite. Et désormais, on se pose la question : quelle suite pour les deux gladiateurs?

Suspendu médicalement pour six mois par la commission athlétique du Nevada, logique vu ce qu’il a pris dans la tronche dans ce combat, Wilder a déjà annoncé via son coach Malik Scott sur Instagram qu’il ne comptait pas arrêter sa carrière alors que beaucoup auraient préféré le voir quitter les rings à près de trente-six ans et après deux derniers chocs contre Fury qui laisseront des traces sur sa santé: "Il parle déjà de son retour. Ce gars est un vrai guerrier." Il faudra attendre un peu pour connaître l’identité d’un potentiel futur adversaire pour le "Bronze Bomber".

Du côté du "Gypsy King", qui a vu la commission athlétique du Nevada le suspendre médicalement pour quarante-cinq jours, les choses sont un peu plus claires. Après avoir annoncé en conférence de presse post-combat qu’il allait "profiter de (s)a victoire" et "savourer (s)a gloire", Fury aura le regard tourné vers le 30 octobre et le combat entre le Britannique Dillian Whyte et le Suédois Otto Wallin qui confirmera le statut de challenger obligatoire WBC du premier s’il s’impose. John Fury, son père, a pourtant confié tout de suite après la victoire que son clan souhaiterait "Oleksandr Usyk ou rien".

"Je ne sais pas si j'ai encore besoin de combattre"

Mais le champion IBF-WBO-WBA doit d’abord accorder une revanche à Anthony Joshua, qu’il a détrôné fin septembre, et l’obligation d’affronter Whyte – possiblement dans un stade en Grande-Bretagne, ce que Fury n’a encore jamais fait – tomberait donc à pic pour l’occuper dans l’intervalle. Avant d’en savoir plus, le roi des lourds va redevenir ce qu’il aime être: un homme "normal" qui s’occupe des siens et de son foyer. "Ce que je vais faire? Je vais revenir à mes racines, explique-t-il dans un entretien au quotidien britannique The Telegraph. Je vais sortir les poubelles, emmener les enfants à l’école, faire des choses pour la maison. Je vais prendre un mois sans entraînement et simplement m’amuser."

Ce qui ne l’empêche pas de réfléchir à l’après. Avec dans ses mots l’introduction d’une forme de doute sur la suite de sa carrière. "Il me reste un combat sur mon contrat avec Top Rank et ESPN, rappelle-t-il, et on verra ce qui se passera. Je ne pense pas à la boxe pour l’instant. Je ne sais pas si j’ai encore besoin de combattre. Je ne sais pas ce que me futur me réserve." Alors qu’on l’a déjà entendu dire des choses opposées sur ce thème, entre "plus que quelques combats" avant la retraite et l’idée de "continuer jusqu’à (s)es quarante ans" (il en a trente-trois), Fury semble ouvrir la possibilité à un départ loin des rings à court terme. Sans doute sans avoir affronté Usyk et/ou Joshua et donc sans avoir pu unifier les quatre ceintures de la catégorie pour devenir pour de bon le champion incontesté des lourds.

Réaliste? Difficile de le dire sans être dans sa tête. Entre tout ce qu’il a prouvé sur les rings et tout ce qu’il a touché sur son compte en banque (au moins 60 millions de dollars pour le seul combat de samedi, soit 52 millions d'euros), rien ne l’oblige à poursuivre. Il a déjà assuré l’avenir de sa famille et garanti son siège au Hall of Fame de sa discipline. Mais on a vraiment envie de le voir croiser les gants avec au moins Usyk et Joshua avant la fin de son parcours pour marquer encore plus l’histoire et sa génération. Il pourra peut-être en discuter avec… le pape. Promoteur de Fury via Top Rank, le légendaire Bob Arum a ainsi précisé dans une interview pour la chaîne YouTube iFL TV que le président de la WBC, Mauricio Sulaiman, comptait "arranger" une rencontre entre le champion et le souverain pontife dans les semaines/mois à venir. Il ne lui parlera pas de miracle, car ses victoires n’en sont pas. Mais il aura des choses à lui raconter sur la notion de rédemption et de renaissance.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport