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Cannabis autorisé, nouveaux seuils, sanctions moins strictes... l'UFC annonce le démarrage de son nouveau programme antidopage

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Ce dimanche 31 décembre, l'UFC se sépare officiellement de l'USADA, l'agence américaine antidopage, et démarre cette nouvelle année 2024 avec son propre programme. Une toute nouvelle législation bien plus flexible, que l'organisation a détaillée dans un communiqué publié ce jeudi.

Nouvelle année, nouvelles règles à l'UFC. La plus grande organisation de MMA au monde va entamer 2024 avec un tout nouveau programme antidopage qui débute officiellement ce dimanche 31 décembre. Une résolution qui fait suite à la rupture définitive de ses liens avec l'Agence américaine antidopage (USADA), comme annoncé à la mi-octobre. Un partenariat qui durait depuis 2015.

Un communiqué, publié jeudi par l'UFC, donne quelques détails sur sa nouvelle législation en matière de lutte contre le dopage, avec quelques modifications notables qui témoignent d'une volonté de l'organisation de se montrer bien plus flexible que l'USADA dans sa lutte contre le dopage.

Eloignement vis à vis des normes de l'AMA

Accompagné d'un tout nouveau portail chargé d'indiquer la liste, censée être complète, des interdictions à partir du 1er janvier, le nouveau programme antidopage de l'UFC vient officialiser la fin d'une utilisation plus stricte des normes émises par l'AMA (l'Agence mondial antidopage), référence internationale en la matière. Les principaux changements au sein de la nouvelle politique de l'UFC reflètent cette diminution notable de l'importance accordée aux normes de l'AMA (comparé au précédent système mis en place avec l'USADA) en tant que base de référence sur lequel l'organisation calque son programme.

Un éloignement traduit notamment par le retrait total d'un précédent paragraphe, en vigueur jusqu'à maintenant, qui stipulait que "les méthodes d'analyse et les limites de décision (pour la quantification confirmatoire de substances à seuil NDLR) approuvées par l'AMA, après avoir été soumises à une consultation au sein de la communauté scientifique et à un examen par les pairs, sont présumées scientifiquement valables. Les niveaux de concentration décisionnels établis dans la liste des interdictions de l’UFC ne feront l’objet d’aucune modification". Une absence qui caractérise la volonté de l'organisation de s'éloigner un peu plus des standards émis par l'AMA, agence de référence pourtant reconnue pour son niveau de rigueur.

Retour à la compétition plus facile pour les athlètes qui réintègrent le pool antidopage

Alors que l’UFC exige à tout combattant qui souhaite revenir à la compétition de "se rendre disponible pour les contrôles pendant une période de 180 jours (six mois)", l'organisation atteste qu'elle peut toujours accorder une exemption à la règle du préavis "dans des circonstances exceptionnelles ou lorsque l’application stricte de cette règle serait manifestement injuste pour un athlète". Un élement déjà en vigueur sous l'USADA mais l'athlète devait fournir pour cette exemption "un minimum de deux échantillons négatifs" avant de reprendre la compétition. Une condition qui est désormais absente du nouveau programme.

La fin d'une condition qui pourrait ainsi permettre par exemple à l'Irlandais Conor McGregor, qui a réintégré le pool antidopage début octobre, de faire son grand retour dans l'octogone avant mai 2024 sans même avoir eu la peine de rendre le minimum des deux tests négatifs jusqu'alors obligatoire.

Cannabis autorisé et retrait du programme de traitement contre la toxicomanie

Si l'organisation américaine se réserve le droit de "modéliser", à sa discrétion seule, sa nouvelle liste à partir de celle de l'AMA, aucun retrait majeur des interdictions n'est à constater... si ce n'est le cannabis. Dans le sillage du changement de politique à l'égard de la marijuana entamé en 2021, qui réduisait les sanctions à l'encontre des combattants positifs au THC, la substance est désormais totalement supprimée de la liste des produits interdits. Si la présence du cannabis parmis les interdits était au coeur de nombreuses critiques jusqu'à présent, elle est aujourd'hui le seul produit que l'UFC a retiré totalement de sa liste.

Concernant les drogues n'améliorant pas la performance et les "substances d'abus" (terme pour qualifier les drogues type cocaïne ou héroïne, qui sont passibles de sanctions si la violation a bien "amélioré la performance"), l'USADA exigeait que les athlètes qui en consommaient suivent un programme de traitement contre la toxicomanie à leurs propres frais. Un libélé qui a été supprimé de l'actuel programme.

Un autre libellé a également été supprimé, celui qui concerne les sanctions applicables au "personnel de soutien aux athlètes" qui se verrait en possession de substances améliorant la performance. En supprimant la série de sanctions destinées au staff, qui serait susceptible de fournir au combattant les moyens de se doper, l'UFC parait se concentrer uniquement sur les violations des athlètes sous contrat, et non pas leurs entraîneurs.

Changement majeur de la nouvelle législation, les nouveaux seuils sont établis par l'UFC seule, avec une zone pour le moins grise à ne pas dépasser, allant "jusqu'à 20 %". L'athlète a également le droit de "contester la determination selon laquelle la concentration applicable était supérieur" au niveau limite. De quoi permettre à ceux qui dépassent le seuil (de composants d'une substance pouvant constituer un échec au test de dépistage) de bénéficier d'une plus grande marge de manoeuvre avec la capacité de contester le dépassement de ce seuil. La limite à ne pas dépasser n'est donc plus un niveau strictement établie mais une zone ouverte aux contestations.

Un nouvel administrateur indépendant mais financé par l'UFC, en charge de sanctions moins strictes

Avec cette nouvelle législation apparaissent également de nouveaux partenaires. L'agence de collecte d'échantillions Drug Free Sport International qui collabore notamment avec la MBL, en baseball, et la NFL, en football américain. Une agence accréditée par l'AMA. Mais d'autres laboratoires dits "qualifiés" et non approuvé par l'agence mondial sont également autorisés à analyser les échantillons de tests.

Un nouvel administateur indépendant, en charge de décider des sanctions, débute également sa collaboration avec l'UFC: l'Agence antidopage pour les sports de combat (CSAD). Une agence nouvellement formée et financée par l'organisation avec l'ancien agent du FBI, George Piro, à sa tête.

A noter enfin que les périodes de suspension suite à l'évitement ou au refus de se soumettre à des tests antidopage ont été réduites. Tout comme les sanctions relatives à une falsification ou tentative de falsification de toute partie du contrôle du dopage. L'USADA prévoyait une peine minimale de 2 ans et maximal de 4 ans. La peine actuellement en vigueur prévoit une peine minimale de 1 an et maximal de 2 ans pour les violations dites "intentionnelles". Mais pour une simple violation par "négligence", seule une réprimande verbal suffira, une suspension d'un an pourrait être prononcée au maximum.

S.I.E.M