"Morgan Charrière représente bien notre génération", le rappeur Kerchak raconte sa connexion avec le combattant de l’UFC, mis à l’honneur dans le clip "Nirvana"

Kerchak, vous avez dévoilé ce vendredi le clip du morceau "Nirvana" en feat avec L2B dans lequel apparaissent plusieurs sportifs: le combattant de MMA Morgan Charrière, le judoka Walide Khyar et le footballeur Souleyman Doumbia. Pourquoi ce choix?
Je trouve que le message porté par le sport, c’est-à-dire la réussite et le dépassement de soi, colle bien avec le son. Ça va avec la vibe que je veux faire passer en ce moment. Du coup, on les a contactés. J’étais déjà branché avec chacun d’entre eux, ça s’est fait grave naturellement. Je leur ai juste envoyé un message et ils sont venus donner de la force. C’est la mentale du sport, on s’entraide. Au final, j’aime trop le clip.
Comment vous-êtes vous connecté à Morgan Charrière?
Je le connais depuis fin 2023. Mon équipe l’avait appelé pour tourner la bande-annonce de ma deuxième mixtape "Saison 2" et on est restés en contact. C’est vraiment un bon gars. On parle de tout, de musique, de sport, de jeux vidéo. Morgan, c’est un bosseur. Dans tout ce qu’il fait, il est déterminé. Même quand on parle d’un sujet lambda, il ne va pas conclure la conversation sans qu’on aille au bout des choses. J’apprécie ça, parce que je suis pareil. J’aime beaucoup l’image de battant et de vaillant qu’il renvoie. Même sa vibe naturelle. Il représente notre bien génération: il est en mode jeune, frais et talentueux. C’est un young boss. Il écoute du rap, c’est un mec comme nous.
Dans l’octogone, il est aussi apprécié pour son style spectaculaire…
Il est trop boosté. Il casse des bouches pour vivre. Je ne regarde que ses combats et les gros fights de l’UFC. J’aime sa rage. Il est en mode: ‘Il n’y a que moi qui peux ressortir de cette cage’. Tu le vois dans son regard. Il se dit: ‘Il y en a un de nous deux qui ne va pas ressortir et ce ne sera pas moi’. Quand il entre dans ce mood-là, il est imprenable. Il va prendre la ceinture à l’UFC, ce n’est qu’une question de temps et d’entraînement.
Et avec Walide Khyar, comment a eu lieu la rencontre?
Je me suis branché avec lui pendant les JO de Paris l’an passé. Moi, j’ai fait du judo toute ma jeunesse mais j’avais arrêté depuis que je suis dans le rap. Pendant les JO, je me suis hypé à nouveau. J’étais en mode: ‘C’est le meilleur sport du monde’. J’ai regardé presque tous les combats et j’ai follow tous les judokas que j’aimais bien sur les réseaux. La plupart m’ont follow back, quasiment toute l’équipe de France, que ce soit Shirine Bouki, Walide Khyar, Joan-Benjamin Gaba… Je suis venu au Grand Slam Paris en février dernier à Bercy, Shirine m’avait invité. J’ai pu parler avec Walide. Et quand je lui ai proposé l’idée du clip, il était archi-chaud. Il est venu direct.
Vous avez donc était un judoka vous aussi?
J’en ai fait pendant douze ans. J’ai arrêté à l’âge de 15 ans, j’étais ceinture marron. J’ai fait pas mal de compétition. J’ai été deux fois champion départemental dans les Hauts-de-Seine. J’ai fait une fois les championnats d’Île-de-France et j’ai été une fois vice-champion de France. Après, j’ai arrêté.
Vous avez imaginé faire carrière dans le judo?
C’est quelque chose que je reproche à la fédération de judo, mais là c’est en train de changer. A mon époque, dans le judo, on n’avait pas d’exemple comme au foot. Il n’y avait que Teddy Riner. C’était les débuts de Clarisse Agbegnenou. L’équipe de France n’était pas encore boostée et on ne s’imaginait pas un avenir dans le judo. J’en ai parlé avec Joan (Gaba). Je lui ai dit: ‘Tu ne te rends pas compte de l’espoir que tu représentes pour une génération entière’. Il peut pousser des gens à faire du judo parce qu’ils voient un jeune renoi de banlieue, tranquille comme eux, en train de tout arracher. Teddy Riner, il avait un physique de ouf, alors que Gaba, je le vois vraiment en porte-drapeau de notre génération. En plus, il touche un peu à tout, il fait de la musique, il est dans la mode. Il est partout et ça donne de belles perspectives d’avenir pour les petits qui font du judo. Ce n’était pas le cas quand j’étais plus jeune.
Vous avez récemment fait votre retour sur les tatamis…
J’ai repris les entraînements en club cette année. Je me remets déjà en forme, après, si mon niveau me le permet, pourquoi pas reprendre la compétition l’année prochaine ou dans deux ans? Mais pour l’instant, ce n’est pas mon objectif premier. Pendant quatre-cinq ans, je ne pratiquais plus aucun sport. C’est pourtant l’essence de la vie, mais on le laisse trop de côté. C’est Gaba qui m’a donné envie de rependre en vrai. J’ai 21 ans et si à mon âge, je ne fais pas de sport, quand j’aurai 30 ans, mon corps sera bousillé...
Qu’avez-vous pensé du morceau de rap "Killcam" que Joan-Benjamin Gaba a sorti cet été?
On en avait parlé. Je trouve ça archi-courageux parce que ce n’est pas son domaine de base. Les gens l’attendent, il vient d’être champion du monde et lui se dit: ‘Si j’ai envie de faire de la musique, je fais de la musique’. J’aime trop cette mentale-là. Après, ça m’a surpris de le voir sortir son morceau, parce que c’est un judoka de base. Mais le son est incroyable, j’aime beaucoup. Un feat dans le futur? Pourquoi pas, à voir… Le temps nous le dira.

Quel lien avez-vous avec Souleyman Doumbia, le latéral du Standard de Liège et de la Côte d’Ivoire?
C’est l’un des meilleurs amis de mes cousins. Je le connais depuis une dizaine d’années. Comme on dit chez nous les Ivoiriens, c’est ‘mon vieux père’ de ouf. La communauté ivoirienne est grave soudée, très familiale. Souleyman était avec moi à mes débuts dans le rap. C’est même l’un de mes producteurs en vrai, c’est le boss du label Never Give Up. C’est vraiment la famille.
Vous êtes-vous déjà déplacé au stade pour le voir jouer?
Bien sûr, quand il était à Angers ou avec la Côte d’Ivoire. Je l’ai souvent vu joué. Il consomme énormément de rap, que ce soit français, américain ou ivoirien. Sur toutes mes grosses dates, il est là. Quand il peut venir en festival, il fait le déplacement. Après, le foot, c’est un métier très prenant, mais quand il peut, il répond toujours présent. Il introduit mes sons dans le vestiaire des Ivoiriens, il est obligé (sourire).
Avez-vous d’autres connexions avec des footballeurs?
Avant 2021-2022, je ne suivais pas particulièrement le foot. J’ai commencé à m’y intéresser quand j’ai pu aller au stade par rapport au rap. Je me suis branché avec beaucoup de footeux: Hugo Ekitike, Maghnes Akliouche, Jonathan Bamba, Mohamed-Ali Cho... Je me suis bien branché avec les footballeurs de ma génération. On est pareils, on est tous les mêmes.
Avez-vous prévu d’autres projets liés au sport dans les mois à venir?
Vous allez beaucoup entendre parler de Kerchak et de sport, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant (sourire).