UFC: Benoît Saint-Denis, le guerrier qui relève tous les défis

Il aurait d’abord dû affronter Joe Solecki mi-février, avant de se blesser à la cheville. Son corps rétabli, on avait ensuite mis sur son chemin le vieux routier Vinc Pichel mais ce dernier a dû renoncer. Benoît Saint-Denis va bien retrouver l’octogone de l’UFC ce week-end à Las Vegas, dix mois après avoir enflammé le public de l’Accor Arena en devenant le premier représentant français à combattre sur son sol dans l’histoire de la plus grande organisation de MMA à travers la planète, mais ce sera face à un troisième adversaire: Ismael Bonfim, un Brésilien invaincu depuis neuf ans (19-3, 27 ans) qui surfe la vague d’une hype basée sur sa série en cours de treize victoires consécutives et renforcée par son coup de genou sauté pour éteindre Terrance McKinney en janvier à Rio.
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Un défi que "BSD" (10-1, 27 ans) abordera dans la peau de l’outsider pour de nombreux spécialistes comme chez les bookmakers, où sa cote s’affiche plus de deux fois plus haute que celle de "Marreta", vingt-neuvième du classement Tapology (qui regroupe toutes les organisations mondiales) dans la catégorie des légers quand le Français apparaît au soixante-quatrième rang. Mais l’ancien militaire dans les Forces Spéciales n’est pas du genre à laisser la place au doute. Son adversaire inspire la crainte à certains? Même pas peur! On ne se surnomme pas "God of War" pour rien…
"Si tu veux devenir le meilleur, il faut battre les meilleurs"
Pour ses débuts à l’UFC, en octobre 2021 à Abu Dhabi, il avait pris sur un délai très court un autre dangereux Brésilien, Elizeu Zaleski, vainqueur sur décision unanime après un combat où Saint-Denis avait reçu une pluie de coups sans jamais tomber depuis rattrapé par la patrouille antidopage (le résultat ne sera pas changé car son contrôle positif était postérieur au combat, au grand dam du Français qui se dit "invaincu en carrière en réalité". Beaucoup auraient refusé un tel défi. Pas "BSD". Comme il n’a pas hésité une seconde à dire oui pour Bonfim quelques semaines seulement avant le combat malgré tout le bien que beaucoup pensent de ce dernier dans la cage.
"Il n’y a pas d’hésitation à avoir, appuyait-il ces derniers jours dans le RMC Fighter Club. Beaucoup de combattants ont des objectifs différents. Le mien est d’aller le plus loin possible sportivement. Et si tu veux devenir le meilleur, il faut battre les meilleurs. On le voit avec les champions actuels bien installés, qui affrontent au fur et à mesure tous les challengers. Si tu veux devenir champion, tu dois passer par des mecs durs. Je n’ai pas le profil médiatique pour le moment pour avoir un chemin de rêve tout tracé à la Paddy Pimblett. A moi de me faire mon chemin dans la difficulté. Ce sera aussi de l’expérience engrangée pour le futur. On veut taper les meilleurs pour devenir le meilleur car c’est la façon de le prouver."
Contre les pronostics, Saint-Denis croit en lui et en ses qualités. "Qu’est-ce que m’inspire le statut de favori de Bonfim? Pas grand-chose, lance le combattant tricolore au micro de RMC Sport. A moi de prouver que ces bookmakers ont une grande méconnaissance du MMA. Être outsider n’est pas dérangeant. Quand tu affrontes un mec mieux classé, c’est la logique. Mais mon but est de lui prendre sa place." S’il n’a "pas besoin de cette motivation supplémentaire" car juste "concentré sur ce qu’(il) a à faire", le Français compte mettre quelques points sur les i.
"Les gens n’ont pas encore compris qui est Benoît Saint-Denis, à moi de le rappeler à tout le monde. Bonfim a une hype que je trouve un peu incompréhensible mais les gens aiment le KO et peu de gens connaissent vraiment le MMA. A moi de leur remettre les pendules à l’heure. (…) Je suis prêt à lui faire la guerre et j’espère qu’il est prêt aussi. Il a intérêt à avoir tous les voyants au vert lui aussi et beaucoup de carburant car ça va envoyer." Après un camp effectué du côté du Pays Basque, sa nouvelle terre d’attache avec sa femme et leur futur enfant, l’homme au bilan à 2-1 à l’UFC a débarqué à Las Vegas dès samedi dernier pour mieux s’habituer au décalage horaire, être "à 100% de (s)es moyens" dans la cage et ne pas avoir "un peu la tête dans les vapes" comme lors de son premier combat à Las Vegas contre Niklas Stolze en juin 2022 (victoire sur étranglement).
L'élève de coach Daniel Woirin s’annonce "prêt mentalement et physiquement" pour donner "une grosse guerre" au Brésilien. On peut lui faire confiance pour ça. Comme il se fait confiance pour s’imposer dans tous les domaines face à cet adversaire mis sur un piédestal par beaucoup. "Je pense que je suis meilleur dans tous les domaines donc je vais aller le chercher partout. Les -70 kilos sont une catégorie où personne ne me fait peur, que ce soit au sol, en lutte ou en pieds-poings. A moi de le prouver. On sait que Bonfim a des points forts, que je respecte, mais ce n’est pas pour autant que je ne vais pas m’amuser partout. C’est un combat, je vais me faire plaisir dans tous les domaines. Et s’il y en a un où il se noie plus vite que moi, on va bien sûr aller nager là-bas."
Avec une soumission et un TKO pour ses deux premières victoires à l’UFC, le complet Saint-Denis possède différentes armes pour arriver à ses fins. Et il compte bien s’en servir. "J’ai une boîte à outils assez importante donc je veux utiliser tous les outils dans mon arsenal. C’est un mec solide, le combat n’est pas gagné d’avance, mais je me suis bien préparé, je me sens bien, et je veux prouver que j’ai ma place dans le top 20 et plus tard dans le top 15, etc, donc il faut franchir les étapes pas à pas. Bonfim est une étape importante dans ma carrière." Saint-Denis fait une promesse: "Vous n’allez pas rester éveillé pour rien, il y aura du spectacle".
Le meilleur gagnera, c’est ce qu’il aime dans le MMA, et il est prêt à prouver que c’est lui. En face, la confiance sera aussi de mise chez le Brésilien venu aux sports de combat par le kick-boxing, débuté à cinq ans, puis passé par la boxe (cinq combats pros, dont quatre victoires). "Je ne suis pas venu à l’UFC pour être un top 10 ou un top 5, je suis venu pour être champion et je pense que j’en ai le niveau", annonce-t-il au micro de RMC Sport. Bonfim annonce son "respect" pour Saint-Denis, "comme athlète et comme personne". Mais lui aussi n’a pas hésité à l’affronter. "Je m'entraînais déjà et j'étais prêt pour un nouveau combat. Je n'ai pas réfléchi deux fois avant de l'accepter."
Le Brésilien se définit comme un combattant "prudent" mais qui saisit "la moindre opportunité pour finir". Avec ces deux réunis dans une cage, la possibilité de s’ennuyer paraît infime. "Je m'attends à une guerre, confirme Bonfim, et je vais y aller avec agressivité. Je vais essayer de finir le combat, qui a un potentiel pour être le combat de la soirée." Dans un sourire, le Brésilien évoque la possibilité de terminer l’affaire sur un coup de genou comme celui infligé à McKinney: "Ça va peut-être se reproduire". On le prévient déjà. Il ne faudra pas s’étonner si Benoît Saint-Denis s’en relève. Cet homme est fait d’un autre métal et d’un autre mental que les autres.