RMC Sport Sports de combat

UFC: "Toutes les armes pour le détruire", William Gomis confiant avant son nouveau défi face à Amil

placeholder video
Après quatre victoires en autant de combats, William Gomis monte pour la cinquième fois dans l’octogone de l’UFC ce week-end à l’Apex de Las Vegas contre l’Américain invaincu Hyder Amil (en direct à partir de 00h30 dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport). Un nouveau test pour le "Jaguar" dans sa montée en puissance vers le top 15 des -66 kilos. Que celui qui a pris l’habitude de faire taire ses détracteurs compte bien intégrer cette année. Entretien.

William, vous allez combattre pour la cinquième fois à l’UFC ce week-end à Las Vegas face à Hyder Amil. Après votre victoire Joanderson Brito fin septembre à Paris, on aurait pu attendre un adversaire plus renommé face à vous. Êtes-vous déçu?

C’est le premier adversaire qu’on m’a envoyé. J’ai reçu son nom et j’ai dit oui, comme d’habitude. Est-ce que je suis déçu? Pas forcément. Je m’attendais à quelqu’un de mieux classé, oui, mais ce n’est pas un souci. Je prends les adversaires qu’on me donne, ça me rend plus prêt. On aurait pu me donner un top 15. Mais si je dois faire quelques combats avant d’arriver au top 15, ça m’entraîne pour la suite. Ce sont des adversaires forts, de bons tests pour moi, donc je m’en sers pour avancer.

>> Vivez le combat Gomis-Amil et toutes les soirées UFC avec les offres RMC Sport

Après quatre victoires en autant de combats à l’UFC, on aurait déjà pu vous imaginer contre un top 15…

Il n’y a pas le feu. Si on me donne un adversaire, c’est qu’on pense que je peux le battre. Et si je le bats, ça confirme que je suis assez fort pour aller un cran au-dessus. Chaque chose en son temps. Ça viendra quand ça viendra et je serai prêt dans tous les cas.

Que pouvez-vous nous dire de votre adversaire, Hyder Amil, un Américain invaincu et à 2-0 à l’UFC?

C’est un adversaire assez coriace, agressif. Il a fait deux combats à l’UFC, il a mis deux KO, il ne faut pas le sous-estimer. Mais je pense avoir toutes les armes pour le détruire.

Puissance dans les poings, style agressif, peut-on dire qu’il ressemble un peu à Brito, votre dernier adversaire?

On peut faire un petit parallèle, oui. Il y a un peu de Brito là-dedans: il est un peu plus petit que moi, il est brut, il avance. Ça s’en approche clairement.

Une victoire contre Amil peut-elle vous ouvrir les portes du top 15?

Ça peut être une porte d’entrée pour le top 15 mais il faut que je fasse le combat que je veux faire. Il y a gagner et gagner. Je veux gagner encore plus fort. J’ai obtenu une belle victoire contre Brito mais je veux faire encore mieux, montrer qu’il y a un vrai écart de niveau pour continuer d’avancer.

De plus en plus de Français sont classés dans des tops 15 à l’UFC. Les voir évoluer à ce niveau vous donne-t-il un peu plus d’envie de les rejoindre?

C’est une motivation. On montre enfin au monde entier que la France a vraiment sa place à l’UFC et au plus haut niveau. On voit ça de partout, Ciryl (Gane), Nassourdine (Imavov), Manon (Fiorot). Ça avance et on est tous là. Je pense qu’on va les surprendre.

Jean Silva l’an dernier au Brésil (combat annulé pour problème de santé de Gomis pendant la perte de poids), Joanderson Brito à Paris, Hyder Amil à Las Vegas. L’UFC met sur votre route des combattants qui ont une belle réputation. Voyez-vous ça comme des bourbiers ou comme des tests proposés par l’UFC pour montrer ce que vous valez?

Je le vois comme des tests qu’on m’envoie. Ils ne sont pas forcément pour mon bien mais je fais en sorte que ce soit pour mon bien. C’est mon travail qui montre que cette chose était bonne pour moi. Quand on a un gars qu’on trouve fort mais pas assez, on va lui donner quelqu’un de beaucoup plus fort et voir jusqu’où il peut aller, où est sa limite. Je pense que la mienne est plus loin, et je la repousse à chaque fois. Je reçois beaucoup de messages de fans qui me disent qu’on m’envoie des bourbiers mais je trouve que c’est bon pour moi. Ça montre que je peux toujours repousser mes limites et progresser à chaque combat. Et c’est un truc que j’aime bien car ça me met au défi quand je vois que la cote est défavorable pour moi. Je me dis qu’ils se trompent et c’est pour ça que je leur dis de parier leur maison sur moi.

Peut-on comparer votre parcours à l’UFC à celui de Farès Ziam? En gros, des combattants qui progressent pas à pas sans trop faire de bruit…

Je pense que le parallèle est légitime. Farès est intelligent. A chaque combat, il progresse et on trouve qu’il est meilleur. Et c’est exactement ce que je fais aussi. Je progresse à chaque combat et c’est comme ça qu’on va atteindre le sommet.

Vous n’étiez pas favori contre Brito en septembre. Mais au-delà de ça, beaucoup de fans et de médias français annonçaient qu’il allait vous battre sans problème. Comment l’avez-vous vécu?

Je m’y attendais. Après, j’ai été un peu surpris en arrivant dans la salle car je n’entendais personne. Même le public s’est arrêté quand je suis entré. Ils se sont tous dit: ''Ah, le pauvre…'' Et je n’entendais plus rien. Mais là, je me suis dit: ''C’est la fête! Car quand ça va changer, tout le monde va hurler. Je vais les surprendre.'' Je savais que j’allais le faire. On entendait ça dans tous les médias, il y avait les messages que je recevais… Tout le monde me disait ''T’es foutu!'' ou ''Will va se faire éteindre!'' J’entendais ça partout. J’ai screené pas mal de trucs, je les relisais et je me disais: ''Ils vont voir!''

On a l’impression que le public français croit moins en vous que pour d’autres. Est-ce difficile pour vous?

Le truc, c’est que je ne parle pas beaucoup de moi. On ne connaît pas forcément mon histoire. Tout le monde connaît le William Gomis souriant, qui gagne ses combats, qui est un peu timide quand il parle et qui ne parle pas forcément de lui, à part bien sûr quand c’est dans le positif pour dire que je vais gagner. Mais sinon, je ne parle pas de mon histoire. Et je pense qu’à la fin, quand j’arriverai à mon objectif, que je serai au sommet et que je raconterai mon histoire, les gens comprendront vraiment qui je suis et il y aura plus de hype. C’est ça qui fait la différence.

Dans votre tête, pour quoi êtes-vous déjà prêt aujourd’hui? Un top 15? Un top 10?

Ça dépend de chaque combattant et de la préparation. Chaque préparation prend plus ou moins de temps, selon si c’est un lutteur, un striker, un spécialiste de la soumission. Si j’ai beaucoup de temps de préparation, je peux prendre n’importe quoi. En plus, on vient d’apprendre que le champion de la catégorie partait dans celle du dessus donc il va y avoir pas mal de mouvements et je suis prêt à aller à tout niveau. J’ai confiance.

Si vous battez Amil, vous serez le quatrième Français à commencer à 5-0 à l’UFC après Francis Carmont, Ciryl Gane et Manon Fiorot. L’idée de rejoindre ce cercle fermé vous motive-t-elle encore plus?

Bien sûr que ça me ferait plaisir. Ils ont fait plein de bons résultats, regardez où ils sont aujourd’hui… Ça me ferait très plaisir. Et je suis tellement joueur que j’aimerais même faire mieux.

A l’UFC, vous avez seulement combattu à Paris devant des milliers de fans français ou à l’Apex de Las Vegas devant un tout petit public où pas grand-monde ne vous connaît. C’est un vrai grand écart…

Je préfère l’UFC Paris, forcément, mais j’aime beaucoup l’Apex. On entend clairement les coachs, les coups qu’on porte à l’adversaire, si ça a fait mal. Les sens sont encore plus éveillés et j’aime beaucoup ça. Ça m’aide car je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup, quelqu’un de stratégique, donc je suis très concentré et je sais que le travail, là-bas, je le fais bien.

A quoi ressemble l’année 2025 idéale pour vous?

Tout simplement continuer à enchaîner des victoires, atteindre le top 15 et continuer de me prouver des choses à moi-même, m’entraîner, progresser, devenir meilleur chaque jour. Il n’y a pas de noms spécifiques que je voudrais affronter. Comme je l’ai toujours dit, je veux tous les affronter. Ce qui m’intéresse, c’est d’avancer, de devenir meilleur chaque jour, encore plus fort en pieds-poings ou au sol, plus fort partout et tout le temps, et ça ce serait une belle année pour moi.

Ilia Topuria, le dernier champion de votre catégorie des -66 kilos, vient de monter en -70 et la ceinture vacante sera remise en jeu en avril entre l’ancien champion Alexander Volkanovski et Diego Lopes. Le compétiteur en vous est-il frustré de ne plus avoir la possibilité d’affronter Topuria à l’avenir?

Il y a le compétiteur est le gars un peu plus malin. Diego Lopes a été battu par Brito, le dernier adversaire que j’ai battu, donc s’il prend la ceinture, ça va peut-être me raccourcir le chemin. Peu importe ce qui se passe dans la catégorie, l’objectif reste le même. J’ai hâte de voir ce combat.

Et qui voyez-vous s’imposer?

Franchement, c’est un combat assez particulier. Il faudra voir où Volkanovski en est car il a pris des mauvais coups et quand tu subis ça, un rien peut t’éteindre. Mais est-ce que Lopes a ce qu’il faut pour ça en pieds-poings? Je ne pense pas. Au sol, il gère bien, mais Volkanovski bloque le jeu au sol ou te martèle. Je pense que Volkanovski va prendre le titre mais ça reste dangereux, on ne sait jamais.

Topuria et Max Holloway sont montés d’une catégorie, Volkanovski est plutôt en fin de parcours. Votre division semble destinée à pas mal bouger dans un avenir proche…

Je pense que ça va beaucoup bouger, oui. Les jeunes loups de la nouvelle génération arrivent et c’est une nouvelle ère.

Parmi les représentants de cette nouvelle génération, hormis vous, en voyez-vous un vraiment au-dessus des autres et qui pourrait régner longtemps?

Il faut que ce soit un champion qui intéresse beaucoup le public. L’UFC fait ses choix et ce n’est pas forcément le plus fort qui a la ceinture. Si Diego Lopes gagne ce combat, je pense qu’il restera pour un petit moment. Mais on arrive tous.

Manon Fiorot va combattre pour la ceinture incontestée, Nassourdine Imavov attend sa chance, Ciryl Gane pourrait en retrouver une. Est-ce important pour le MMA français d’avoir son premier champion incontesté à l’UFC?

Bien sûr que c’est important. Plus on aura de ceintures et plus on sera respectés, plus le MMA sera connu en France, plus il y aura d’adeptes de ce sport et de gens qui veulent s’entraîner en MMA. Ça ne peut être que bon pour nous pour faire monter notre sport.

Le MMA en compétition a été légalisé en France il y a cinq ans. Comment jugez-vous l’évolution de ce sport chez nous depuis cette date? Y a-t-il une limite à la croissance de cette discipline?

Ce qui me fait peur, c’est que je ne vois pas de limite avec ce sport. Je ne vois pas ce qui va arrêter l’expansion du MMA. Et ça me fait plaisir. De plus en plus de personnes s’y intéressent. Parfois, je parle avec des gens au hasard et ils s’y connaissent. On me dit: ''Excuse-moi, tu n’es pas William Gomis?'' Ça va super vite et ça fait plaisir qu’on s’intéresse à notre sport.

Comment le vivez-vous concrètement? On vous arrête beaucoup plus dans la rue?

C’est assez dingue de voir à quel point. Une fois, c’était avec une vieille dame. Et je me suis dit: ''Mais elle regarde le MMA, ce n’est pas possible!'' Elle m’a expliqué que son petit-fils aimait beaucoup le MMA et qu’elle avait reconnu mon visage. C’est fou. Il y a aussi des vieux messieurs. C’est assez surprenant. Les jeunes, ça me surprend moins, car je sais qu’on est branché, mais quand ce sont des personnes âgées, ça me surprend toujours. Mais ça fait plaisir de voir qu’ils s’y intéressent aussi.

Que pouvez-vous nous promettre pour ce combat contre Amil?

J’ai envie de vous laisser la surprise. Restez branchés, ça va être quelque chose de beau. Le plan est en tête, je n’en dors pas.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport