Concours de gifles, KO et risques de commotions... C'est quoi cette Power Slap League, lancée par le patron de l'UFC

Deux adversaires face-à-face, des énormes claques échangées à tour de rôle et des concurrents qui finissent régulièrement allongés sur le sol : jusqu'ici, les combats de gifles étaient une curiosité, née en Russie et devenue populaire en Europe de l'est. Mais depuis cette semaine, la discipline est entrée dans une autre dimension grâce à l'exhubérant Dana White. Le patron de l'UFC, qui adore voir des gens se gifler le plus fort possible, a lancé la Power Slap League, diffusée dans la nuit de mercredi à jeudi sur la chaîne américaine TBS.
Au programme, le début d'un tournoi de qualifications pour rejoindre la Power Slap house où auront lieu ensuite les grands combats. "Il y a deux ans, j'ai commencé à regarder des vidéos de gars qui se giflaient sur les réseaux sociaux et j'ai tout de suite été intéressé, explique White. Ce que je cherche, c'est que les meilleurs combattants de gifles dans le monde rejoignent Power Slap."
Maximum trois rounds et un tirage au sort qui interpelle
La discipline, autorisée par la commission athlétique du Nevada, a ses propres règles. Elle est non-mixte et respecte des catégories de poids, comme la boxe et le MMA. Chaque combattant a 30 secondes pour frapper, et 30 secondes pour récupérer. Chacun doit rester dans sa zone, celui qui porte la gifle doit garder les pieds au sol et celui qui reçoit doit encaisser les mains derrière le dos, le menton relevé et les pieds parallèles.
S'il n'y a pas de KO ou de KO technique, l'affrontement dure jusqu'à trois rounds où chacun gifle une fois, à tour de rôle, la main ouverte, et des juges accordent des points selon l'efficacité du coup, la réaction du receveur et le temps de récupération nécessaire pour désigner le vainqueur. Reste une règle surprenante : c'est un tirage au sort qui détermine le premier frappeur, alors que c'est un élément crucial des combats. Sur les 10 affrontements diffusés mercredi soir, 3 se sont terminés avec un KO après la première gifle.
Qu'importe pour le moment, l'évènement ne fascine pas seulement Dana White puisqu'ils étaient près de 300.000 téléspectateurs en moyenne à suivre les premiers combats, aux Etats-Unis. C'est trois fois moins que le show de catch diffusé juste avant sur TBS, mais c'est un début prometteur pour une discipline encore méconnue, où les stars sont rares.
Deux gifleurs spécialistes dans le casting
Darius Mata-Verona, poids lourd reconnu qui n'a jamais perdu un combat, et Ron Bata, ancien combattant MMA reconverti dans les gifles, font bien partie du programme, mais ils n'ont pas encore combattu et se contentent pour le moment de sélectionner les futurs pensionnaires de la Power Slap house. Leur futur affrontement est toutefois très attendu : ils ont déjà livré un combat épique dans le passé, avec 27 rounds, soit autant de coups reçus par les deux.
Mais pas besoin de stars pour avoir des images hallucinantes qui ont permis à la soirée de faire parler au-delà des frontières. Lors de l'unique combat féminin de cette inauguration, Kortney Olson s'est par exemple retrouvée plus que sonnée par Sheena Bathory. Après s'être relevée, elle était incapable de tenir debout et a chuté en avant tête la première.
Une roulade qui a fait rire Dana White, pas gêné par cette discipline où les combattants n'essaient pas de se défendre. Pourtant, pour la santé des athlètes, justement, ces combats de gifles posent beaucoup de questions. "Nous avons passé tant d’années à essayer d’éduquer les commissions et les combattants sur les lésions cérébrales, regrette le docteur Michael Schwartz auprès de BloodyElbow. Et maintenant on a ça. Ces gens qui reçoivent des coups à la tête. Vous infligez une commotion cérébrale sans permettre au combattant de se défendre d’une quelconque manière."
Une succession de commotions et des risques de lésions
"Et ensuite il est de nouveau frappé à la tête, poursuit-il. Chaque commotion cérébrale est une lésion cérébrale. La première commotion fait des dégâts. Et avec le syndrome du deuxième impact, la seconde commotion cérébrale peut être une menace pour la vie. C’est dingue."
Alain Ducardonnet, consultant santé de BFMTV, ne dit pas autre chose : "Quand on frappe fort le visage ou la tête, le cerveau qui est mou va partir dans une direction, et va se télescoper avec la boîte crânienne qui est dure. Ca va faire une commotion cérébrale avec un risque de coma et de lésions cérébrales." Sur ces points précis, les médecins sont assez unanimes.
Mais Dana White, lui, se défend, en comparant les quelques gifles avec les nombreux coups reçus dans le MMA ou dans la boxe. "Au cours d’un combat de boxe, les gars reçoivent 300 ou 400 coups dans un combat. Ces gars vont être frappés par trois claques. Pour ces crétins qui disent tout le mal qu’ils pensent de la commission athlétique, elle a fait ce qu’il fallait. Et nous aussi."
"Ça vous dégoûte ? Regardez The Voice"
Le patron de l'UFC se veut parfois rassurant : "On se dirige vers une réglementation, pour être certains que ce sport est sûr pour tout le monde. Les gens doivent passer les examens médicaux appropriés avant, pendant et après le combat pour que tout reste sécurisé." Et parfois provocateur, aussi : "Personne ne vous demande de regarder. Ça vous dégoûte ? Regardez The Voice."
Conor McGregor, grande star de l'UFC, a malgré tout adoubé la discipline sur les réseaux sociaux. Il a posté plusieurs messages sur Twitter pour donner ses conseils techniques, avant d'écrire : "Je pourrais potentiellement être le Joe Rogan de Power Slap", en référence au présentateur vedette de l'UFC. Le coup de pub serait phénoménal. Mais avant ça, Dana White a besoin d'installer la Power Slap League. Faire en sorte que le public accepte de voir des hommes et des femmes se mettrent des gifles ahurissantes sans se défendre, bravant les commotions cérébrales. Ce n'est pas gagné.