UFC 280: pourquoi Oliveira-Makhachev est un combat si attendu

Parce que les deux sont sur une longue série de victoires
Onze victoires de suite pour Charles Oliveira, dix pour Islam Makhachev. Le Brésilien n’a plus perdu dans l’octogone de l’UFC depuis décembre 2017. Pour le Daghestanais, il faut remonter à octobre 2015. Ce samedi soir, à Abu Dhabi, le combat principal du bouillant UFC 280 va voir une de ces deux séries prendre fin. Reste à savoir laquelle. Pour la première fois de son histoire, l’UFC propose un combat pour une ceinture entre deux athlètes qui restent sur dix victoires ou plus dans l’organisation. Deux séries impressionnantes mais qui n’arborent pas le même lustre quand on les regarde de près.
Makhachev n’a pour l’instant jamais affronté, et donc jamais battu, le moindre membre du top 5 des légers. Oliveira, lui, a enchaîné les succès sur des grands noms de la catégorie lors de ses derniers combats: Tony Ferguson, Michael Chandler, Dustin Poirier et Justin Gaethje. Ce qui n’empêche pas Makhachev d’être le favori des bookmakers. S’il bat son rival daghestanais, "Do Bronx" (son surnom) aura ainsi nettoyé l’ensemble du top 5 actuel de la division en… un an et demi! De quoi récupérer sa ceinture perdue pour une pesée ratée de quelques grammes avant Gaethje en mai dernier et effacer pour de bon tous les doutes sur l’identité du meilleur léger de la planète.
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Parce que l’opposition de style au sol fascine
Avec son striking en progrès constants, Charles Oliveira a prouvé qu’il pouvait mettre KO ses adversaires avec ses poings. Mais ne tournons pas autour du pot : si son combat contre Islam Makhachev fascine, c’est surtout pour savoir qui va prendre le dessus lors des phases de grappling au sol. Une question très intrigante tant les deux en sont des spécialistes mais chacun dans sa spécialité. D’un côté, Oliveira et son jiu-jitsu brésilien qui lui a permis de devenir le recordman des soumissions à l’UFC (seize). De l’autre, Makhachev et sa lutte étouffante façon Khabib Nurmagomedov. Venu du sambo comme Khabib, le Daghestanais va chercher les soumissions en s’appuyant sur un fort contrôle et une maîtrise de la position quand le Brésilien utilise son dynamisme dans les transitions pour exploiter la moindre erreur et vous la faire payer.
"Oliveira va beaucoup plus chercher la soumission avec son jiu-jitsu brésilien, qui se travaille à majorité au sol et où certains vont jusqu’à s’asseoir pour contourner la lutte, là où la lutte va être la préparation de l’action, mettre du contrôle et de la position, la vitesse d’exécution pour rentrer en contact, détaille Thomas Loubersanes, ancien champion du monde de grappling et numéro 1 mondial de jiu-jitsu brésilien. Le sambo, c’est dans les transitions et la vitesse d’exécution à pouvoir faire une soumission. Après, dans la manière de construire longtemps au sol, le jiu-jitsu brésilien est largement au-dessus. Ce n’est pas la même zone de travail. Sur ce combat, c’est ce qu’il faudra regarder: les zones de travail dans les transitions et les timings."
Dans un combat qui rappelle un peu celui qui n’a jamais eu lieu (annulé cinq fois pour différentes raisons) entre Khabib et Tony Ferguson, où on voulait voir si ce dernier pouvait contrer la lutte du premier depuis son dos, aller chercher la victoire voudra aussi dire avoir fait triompher son style. Makhachev, qui devra faire attention aux poings de son rival quand il tentera de rentrer pour imposer sa lutte, a déjà annoncé vouloir soumettre Oliveira pour le prendre à son propre jeu. Le Brésilien annonce de son côté un KO dès le premier round. Ce n’est pas seulement une ceinture qui est en jeu à Abu Dhabi. C’est une quête de réponse au message un jour arboré par Khabib sur un t-shirt: "Si le sambo était facile, ça s’appellerait jiu-jitsu".
Parce que l’ombre d’une légende plane sur le combat
Il a pris sa retraite en octobre 2020, invaincu en carrière et ceinture autour de la taille après avoir soumis Justin Gaethje. Mais quand on parle du titre des légers, impossible de ne pas mentionner Khabib Nurmagomedov. D’autant plus quand il reste au centre des débats comme ce sera le cas pour ce choc Oliveira-Makhachev. Ami et partenaire d'entraînement de très longue date de Makhachev, Khabib a pris la suite de son père décédé pour devenir son coach suite à sa retraite. Avec l’envie de mener son "frère d’une autre mère" à la ceinture, comme le voulait son père Abdulmanap. L’héritier espère être couronné avec dans son coin l’ancien roi, que les fans du Brésilien accusent d’avoir utilisé son aura pour propulser Makhachev vers la ceinture plus vite qu’il ne l’aurait mérité.
Pour Oliveira, le nom de Khabib – qui a moqué son niveau en raison de ses huit défaites en carrière, oubliant combien un athlète peut s’améliorer avec le temps – revient dans la discussion pour deux raisons. La première est le fantasme (démenti par l’intéressé) de le voir sortir de sa retraite pour tenter de mettre un terme au règne du Brésilien s’il bat son pote. La seconde ouvre le débat du GOAT (le meilleur de tous les temps) de la catégorie des légers. Selon certains, comme l’ancien champion des moyens devenu consultant télé Michael Bisping, ce statut reviendra au Brésilien s’il bat le Daghestanais ce samedi. D’autres lui préféreront quand même Khabib mais "Do Bronx" sera clairement dans la discussion s’il dispose de son rival, surtout s’il y met la manière.
Parce que ce choc indécis divise les fans
Ils se chambrent depuis des semaines sur les réseaux sociaux. Entre les fans de Oliveira et ceux de Makhachev, chacun tente d’imposer son chouchou et d’annoncer sa supériorité à venir dans la cage. La conséquence d’un choc ultra indécis, avec les pronostics des experts qui vont d’un camp à l’autre, et qui ressemble à une guerre des mondes entre un Oliveira qui a dû surmonter de nombreux obstacles dans sa vie et un Makhachev que l’autre camp accuse d’être "pistonné" en raison de sa proximité avec la superstar Khabib Nurmagomedov.
A Abu Dhabi, terre musulmane, Makhachev sera "à domicile" et son adversaire devra faire face à une salle sans doute hostile malgré une popularité qui grandit de plus en plus. Quel camp aura l’avantage? Une seule certitude, ça va chambrer sec sur les réseaux à l’issue du combat, et ce quel que soit le vainqueur. Qui devra vite se tourner vers un nouveau challenge de feu: Dana White, patron exécutif de l’UFC, a déjà annoncé que le prochain challenger serait Alexander Volkanovski, actuel champion des plumes qui reste sur vingt-deux victoires de rang et numéro 1 du classement pound-for-pound (toutes catégories confondues) de l’UFC.