UFC 281: Poirier-Chandler, le choc explosif qui promet des étincelles

Michael Chandler annonce la couleur devant les médias. "Je parle pour Dustin et moi. Nous cherchons toujours à terminer nos combats avant la limite. Nous savons qui nous sommes quand nous rentrons dans la cage. On va voler la vedette. C’est le main event du peuple!" Si le combat principal de l’événement annuel de l’UFC dans le mythique Madison Square Garden de New York opposera ce week-end le roi des moyens Israel Adesanya à Alex Pereira, seul homme à l’avoir mis KO dans sa carrière (c’était en kickboxing), avec en co-main event la première défense du titre des pailles pour Carla Esparza face à l’ancienne championne Weili Zhang, le choc qui promet le plus de spectacle lors de cet UFC 281 n’aura aucune couronne en jeu.
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Mais il devrait produire des étincelles. Un feu ardent, même. Au programme? L’Américain Dustin Poirier (28-7 en carrière; 14 KO, 7 soumissions), numéro 2 du classement des challengers des légers, face à son compatriote Michael Chandler (23-7; 11 KO, 7 soumissions), numéro 5. Pour une grosse bagarre en perspective, avec le potentiel de se montrer à la hauteur de celle entre Chandler et Justin Gaethje début novembre 2021 au… Madison Square Garden, choc élu "combat de l’année".
Avec son style ultra agressif, en mode pression permanente, "Iron" (surnom de Chandler) offre toujours des combats où l’action ne s’arrête jamais. Les quatre premières sorties à l’UFC de l’ancien champion des légers du Bellator, pour deux victoires et deux défaites mais aussi trois bonus "performance de la soirée" ou "combat de la soirée", en sont autant de preuves. Et en face, "The Diamond" (surnom de Poirier) n’est pas en reste. "Les gens savent qu’on cherche toujours à finir nos adversaires et que c’est un combat à ne pas rater", enfonce Chandler. Avant de rappeler qui il est: "J’aime donner du spectacle aux fans. Je n’ai jamais eu de combat chiant dans ma carrière, même en lutte. J’ai l’impression d’être dans le faux si je ne mets pas la pression, même si ça peut me jouer des tours."
Le style des deux est une garantie de show enflammé. D’autant que ces garçons ne s’aiment pas trop. Quand Chandler avait affronté Charles Oliveira pour le titre vacant des légers (défaite sur TKO), en mai 2021 à l’UFC 262 pour son deuxième combat dans la plus grande organisation de MMA, Poirier avait expliqué qu’il éne le méritait pas". Depuis, ils n’ont pas manqué une occasion de s’envoyer des piques par micros interposés. Et en juillet dernier, lors de l’UFC 276 à Las Vegas, la sécurité a dû les séparer alors qu’ils échangeaient quelques mots doux. Vous avez dit bouillant?
"Notre relation était cordiale au début, cela ne pouvait que se détériorer, sourit Chandler. Chacun a dit des choses. On est sur le chemin l’un de l’autre, deux gars qui n’imaginent que la victoire. Mais ce n’est pas personnel. Quand ça a été le cas dans le passé, ça ne m’a pas réussi. Je vois un corps à battre, pas une âme et un nom." "On a eu des petites conversations dans le passé, répond Poirier. Mais quand je le vois parler de moi en interview, les choses sont différentes. Je le trouve faux. Je lui serrerai la main mais…" Le silence veut tout dire. Il y aura de l’animosité dans la cage new-yorkaise.
Il y aura aussi de gros enjeux. Dans une catégorie qui compte un nouveau souverain, Islam Makhachev, champion depuis sa victoire sur Oliveira à l’UFC 280 en octobre, il faudra gagner pour rester dans la conversation pour la ceinture. Surtout avec une nouvelle génération, symbolisée par Rafael Fiziev et Arman Tsarukyan, qui tape à la porte et compte tourner la page des glorieux anciens. "Mettre Poirier KO va m’ouvrir la route du titre ou d’un autre gros combat, lance Chandler, trente-six ans. Je serai le champion au milieu de l’année prochaine. C’est ce qui me motive à continuer."
La perspective d’une première défense de titre pour Makhachev face à Alexander Volkanovski, le champion des plumes et numéro 1 pound-for-pound (toutes catégories confondues) de l’organisation, choc qui pourrait avoir lieu en février en Australie lors de l’UFC 284, ne décourage pas "Iron". "Selon moi, Islam devrait faire sa première défense contre un léger, analyse-t-il. Mais avec ma performance samedi, tout le monde voudra voir le lutteur américain contre le lutteur daghestanais. Ma lutte arrêtera ses attaques, je peux le mettre au sol et être au niveau de son grappling, et je suis plus rapide, plus puissant et avec de meilleures mains en striking. Je suis l’adversaire le plus intriguant pour Islam car je suis le meilleur lutteur de la division. Je pense le battre et j’espère qu’on verra ça début 2023."
Ancien champion intérimaire qui a échoué deux fois à devenir champion incontesté de la catégorie, contre Khabib Nurmagomedov (qu’il aura tout de même été le plus proche de soumettre sur une guillotine) en 2019 et Oliveira en décembre dernier, Poirier (trente-trois ans) la joue plus philosophe mais pas moins ambitieux: "Rien n’est jamais clair dans ce sport, surtout chez les légers. Mais la victoire de Makhachev ouvre des portes, de nouvelles opportunités, de nouveaux combats qui font sens. On verra bien comment tout cela va tourner. Je ne suis pas sûr de qui sera le prochain challenger. Je ne suis concentré que sur une chose: sortir vainqueur samedi. Mais devenir champion incontesté est la dernière chose qui me manque."
Pour son vingt-huitième combat à l’UFC, où il a débuté en janvier 2011 après avoir entamé sa carrière pro à vingt ans en mai 2009, Poirier – dont la marque de sauce piquante est devenue partenaire officiel de l’UFC cette semaine – veut effacer sa dernière déception. "J’ai eu le cœur brisé après la défaite pour le titre contre Oliveira. Mais le temps efface tout et je suis toujours motivé." Il devra l’être face au dangereux Chandler. Avec deux combattants qui n’hésitent pas à échanger les coups, on imagine déjà une guerre debout. "Il est très athlétique, explosif, il se déplace très bien, il a de la puissance, il sait lutter et il a beaucoup d’expérience au plus haut niveau, juge Poirier au sujet de son rival. Mais si c’est une bagarre, je vais le nettoyer. Au fond de lui, il sait qu’il ne veut pas de ça."
"La boxe de Dustin est sans doute la meilleure à l’UFC, avec ses angles, son jeu de jambes, son temps de réaction, répond Chandler. Mais j’ai plus de puissance, je suis plus rapide et je mets plus de pression. Il dit qu’il sera le matador car il attend cette pression mais c’est différent quand vous devez y faire face. Et j’ai prouvé dans le passé que j’avais un menton." Ancien lutteur universitaire de haut niveau, Chandler annonce qu’il n’hésitera pas si besoin à utiliser sa lutte, pourtant peu sortie depuis ses débuts à l’UFC, face à un combattant qui défend bien les amenées au sol et qui arbore une ceinture noire en jiu-jitsu brésilien: "Si je mets les gars au sol, ils ne se relèvent pas. Si l’opportunité est là, je lui ferai ça, sinon ce sera juste une grosse bagarre."
Alors qu’il n’a jamais connu deux défaites de suite, une série qu’il compte "garder vivante" pour montrer qu’il "sai(t) toujours (s)e relever", Poirier revient dans la cage après la plus grosse coupure (onze mois) de sa carrière entre deux combats. Pour son premier combat en trois rounds, et non cinq, depuis… mai 2017, preuve de la constance au plus haut niveau de celui qui n’a affronté que des grands noms lors de ses dix dernières sorties à l’UFC. Ce format plus court changera-t-il quelque chose? "Je pense que c’est en sa faveur, je voulais que le combat soit en cinq rounds", avoue "The Diamond". "C’est plus excitant deux gars à fond pendant quinze minutes que deux gars qui calculent pour s’économiser", juge Chandler, connu pour démarrer ses combats très fort.
Dans l’approche du combat, un troisième nom a lié les deux. Conor McGregor. Poirier a battu l’Irlandais deux fois en 2021, lui infligeant son premier KO. Chandler, lui, avait défié McGregor au micro après avoir éteint Tony Ferguson d’un magnifique front kick en mai dernier à l’UFC 274. Et il n’a pas oublié cette idée. "Je crois que Conor va revenir et que je serai son combat de retour, estime-t-il. C’est ce qui fait le plus de sens car je suis le gars le plus excitant de la division. On m’en parle tous les jours, je suis même chaud pour l’affronter chez les welters vu son gabarit en ce moment. Ça vendrait beaucoup." De son coté, Poirier n’imagine pas recroiser la superstar irlandaise dans la cage même s’il ne faut "jamais dire jamais": "J’ai affronté Conor trois fois. Maintenant, j’essaie d’aller chercher le titre."
Cela passe par le Madison Square Garden, rendez-vous pour lequel Chandler a travaillé "la visualisation de (s)on entrée" tant cette enceinte est spéciale. Après Gaethje l’an dernier et Brent Primus en juin 2017, une défaite sur blessure à la cheville gauche pour le titre des légers du Bellator, il a surtout une revanche à prendre sur elle. "J’ai combattu au Madison Square Garden deux fois et je suis sorti en ambulance les deux fois, s’amuse-t-il. Cette fois, je veux éviter cinq heures aux urgences!" Malheureusement pour lui, vu les promesses du choc face à Poirier, la possibilité d’un troisième séjour dans un hôpital new-yorkais n’est pas à écarter.