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UFC 286: "J'ai ce sentiment de violence en moi", Usman annonce la couleur avant de retrouver Edwards

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Mis KO au dernier round par Leon Edwards en août dernier, dans un combat qu'il dominait, Kamaru Usman est en quête de revanche ce samedi soir à Londres, dans l'affiche principale de l'UFC 286, pour reprendre la ceinture de champion des welters (en direct à partir de 20h30 sur RMC Sport 2). Un rendez-vous qui a réveillé des sentiments chez lui comme il le confie au micro de RMC Sport.

Le MMA a été légalisé en France il y a trois ans à peine et ce sport est encore "neuf" pour le grand public français Que diriez-vous à quelqu’un qui n’a jamais regardé un combat à l’UFC pour l’inciter à regarder votre choc contre Leon Edwards samedi soir?

Je lui dirais de se préparer pour le plus excitant événement sportif qu’il n’ait jamais vu de sa vie. Ça va être un feu d’artifice.

Pouvez-vous vous présenter au public français?

Bonjour. Je m’appelle Kamaru Usman. Je suis l’ancien et très bientôt le nouveau champion du monde des welters.

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Le KO que vous a infligé Edwards en août dernier a choqué la planète MMA. Quel souvenir en gardez-vous?

C’était un moment choquant, oui, et pour moi c’était surtout un peu décevant. Je me prépare toujours pour gagner, je vais dans chaque combat avec cette mentalité. Et là, je n’ai pas gagné. C’était décevant. Mais dans mon esprit, il n’y avait aucun doute sur qui était le meilleur combattant entre nous deux, le meilleur artiste martial.

Dans le podcast de Joe Rogan, vous avez déclaré que ce KO vous avait fait "dormir pendant 20 minutes" et que vous aviez repris vos esprits seulement dans l’ambulance, où on vous demandait si vous saviez où vous étiez. C’est vraiment ce qui s’est passé?

Leon ne m’a pas fait dormir pendant 20 minutes, non. Je n’étais plus là pendant environ 30 secondes. Même quand j’étais allongé dans l’octogone, je n’étais plus conscient mais j’étais toujours là. Mes yeux étaient toujours ouverts. Il ne m’a pas fait dormir 20 minutes mais ce que j’ai dit, c’est que sur le plan des souvenirs, de se rappeler ce qui s’était passé, j’ai un trou pendant presque 20 minutes. Mais ce sont des choses qui arrivent. Quand on s’entraîne, on se fait mal, on se fait toucher fort. Ça arrive. C’est ce qui fait de moi un champion. Ma capacité à passer à autre chose et à repartir de l’avant.

Comment vous êtes-vous remis de ce KO brutal?

Il faut juste se remettre au travail. J’avais déjà perdu avant, ce n’était pas ma première défaite. Et tout le monde a vu ce qui s’était passé après ma première défaite : j’ai fracassé tout le monde derrière, avec 18 ou 19 victoires de suite. Je pense qu’il a réveillé quelque chose en moi en m’envoyant dormir au sol.

Qu’avez-vous fait depuis cette défaite?

J’ai vraiment pris mon temps. J’ai parlé d’une sorte de soulagement. Quand je dis ça, je veux dire que ça calme l’agitation qui se greffe à vous quand vous êtes le champion. Tout le monde veut être proche de quelqu’un qui représente la grandeur, on veut vous emmener à droite à gauche, vous envoyer dans tel ou tel média. Ça a mis du silence sur tout ça, ce qui est génial car c’est ce que j’ai le plus apprécié dans ce "voyage". Je pouvais juste revenir au fait de me construire en tant que combattant et c’est ce que j’ai fait.

Cela ne vous a pas plus affecté que ça?

Non. Si on demande à n’importe qui dans ce monde, vous inclus, combien croient vraiment que Leon est un meilleur combattant que moi? Ça ne m’a pas affecté mentalement. J’ai fait une petite erreur et je dois juste affiner ce mouvement pour m’assurer que ça n’arrive plus jamais.

Vous aviez dominé les trois rounds précédents. Pensez-vous qu’il a eu de la chance sur ce coup de pied?

Pour moi, être chanceux, c’est quand une opportunité rencontre votre préparation. Il s’entraîne à ce coup, c’est certain. Ce coup de pied gauche est une de ses armes principales, que ce soit pour toucher au corps ou à la tête. Il s’était entraîné pour ce coup et je lui ai juste donné l’opportunité de pouvoir me toucher avec. Si voulez dire que c’était de la chance, vous pouvez, mais c’est un superbe coup qu’il a envoyé. Même moi, quand je l’ai vu, je me suis dit que c’était magnifique. Mon boulot est d’y retourner, de corriger ces erreurs et de m’assurer que cela n’arrive plus.

Dans votre tête, il est donc impossible que cette fin de combat se reproduise ce samedi?

Non. Bien sûr que non. Je serai attentif à tout. Si vous savez qu’un combattant est un boxeur, vous allez tout faire pour éviter ses mains. Je serai très attentif à ce coup. Et je vais juste lui montrer combien je suis meilleur que lui.

Avec cet état d’esprit, êtes-vous encore plus motivé à l’idée de terminer le combat avant la limite?

Absolument. C’est une grosse motivation pour moi. Je l’ai répété ces derniers jours : j’ai ce sentiment de violence en moi. La dernière fois que j’ai ressenti ça, c’était en avril 2021 à Jacksonville, en Floride, et on a tous vu comment ce combat s’était terminé ce soir-là (victoire par KO au deuxième round sur Jorge Masvidal, ndlr). Je dois juste faire mon boulot et être le Usman violent que je peux être.

Comment imaginez-vous ce combat se dérouler?

Je prendrai ce qu’il me donnera. S’il me donne son cou, je vais l’étrangler. Mais en tout cas, je me sens violent. Ça m’est arrivé trois fois dans ma carrière: contre Sergio Moraes, le premier combat contre Colby Covington et le deuxième contre Jorge Masvidal. Ce combat me donne le même sentiment de violence. Quand c’est le cas, je veux frapper quelque chose. Et quand je frappe quelque chose ou quelqu’un, je le fais tomber.

Vous semblez vouloir un KO…

Vous pouvez en être sûr.

Vous avez longtemps été au sommet du classement toutes catégories confondues. Que ressentez-vous en le voyant changer sans vous?

Pas trop mal. Je ne fais pas beaucoup attention à ce classement. Tout change avec le temps. Le meilleur joueur de football au monde il y a 20 ans n’est plus le meilleur aujourd’hui. Les choses évoluent. On en est juste là en ce moment mais ce classement va continuer d’évoluer.

Ce n’est donc pas quelque chose qui vous tient à cœur?

Non. Je ne me soucie vraiment pas de ce classement. Je dois juste faire mon boulot au moment et à l’endroit dans lesquels je suis.

Il n’y a pas longtemps, l’UFC comptait trois champions africains entre vous, Israel Adesanya et Francis Ngannou. Aujourd’hui, il n’y en a plus un seul. A quel point est-ce important pour vous de reprendre votre titre pour représenter le continent africain?

Avoir des modèles qui vous représentent est très important. Je l’ai déjà prouvé. On a été champions, c’est quelque chose que personne ne pourra jamais nous enlever. Si on demande aux gens qui ont été les trois premiers champions africains à l’UFC, ils le savent. C’est à jamais gravé. Mais les choses et les gens évoluent avec le temps. On ne se retourne pas sur le passé mais on regarde vers l’avant, vers le futur. Et aujourd’hui, j’ai l’opportunité de devenir le premier combattant africain à reprendre son titre à l’UFC.

Si vous reprenez la ceinture, est-il possible selon vous de la défendre en Afrique dans le futur?

Tout est possible. Mais il y a une énorme logistique à avoir pour que quelque chose comme ça puisse arriver. J’ai commencé le travail de fond sur tout ça, pour permettre à l’UFC de venir au Nigeria et d’organiser un événement là-bas. Cette possibilité d’un événement en Afrique existe vraiment. L’Afrique est tellement un grand continent, il y a beaucoup d’endroits où on pourrait organiser un tel événement. Pour le Nigeria en particulier, j’ai déjà commencé ce travail de fond pour leur permettre d’arriver tranquille et d’organiser un événement. Et j’espère que ça arrivera quand je serai toujours un combattant.

Que comptez-vous faire après ce combat contre Edwards ? L’idée de devenir champion dans deux catégories en même temps, comme d’autres l’ont fait dans le passé, vous intéresse-t-elle?

Je ne sais pas. On discutera avec mon équipe, mes coaches, mon manager. Mais je ne sais pas encore.

Il y a une nouvelle génération qui monte chez les welters. Avez-vous peur que ces combattants vous dépassent?

Quelle nouvelle génération ?

Il y a Rakhmonov, Chimaev et d’autres…

Je pense qu’il y a toujours un bon écart. Les choses sont comme elles sont. Mon boulot est d’être le champion, de travailler aussi fort que toujours pour continuer à avoir autant de succès. Quand ce ne sera plus le cas, je quitterai ce sport. Je n’ai pas besoin de rester plus longtemps que ça. J’ai déjà réalisé tout ce qu’on peut réaliser dans cette discipline.

En début de mois, à Las Vegas, Jon Jones a battu Ciryl Gane pour le titre des lourds. Qu’avez-vous pensé de ce combat?

C’était un combat très surprenant. Je m’attendais à un combat plus accroché car Ciryl Gane est quelqu’un de très talentueux, avec beaucoup de qualités techniques. Je l’adore. Mais j’adore aussi Jon Jones, qui est un grand compétiteur et qui a su faire le travail nécessaire dans la cage.

Chez les welters, nous avons un combattant français qui se nomme Cédric Doumbé, ancien champion du monde au GLORY et légende du kickboxing qui est passé en MMA. Il a plusieurs fois parlé de vous en disant qu’il pouvait vous battre. Je vais vous montrer une vidéo…

OK, OK. Il est dans ma catégorie de poids?

Oui.

Et son bilan est à combien en MMA?

4-0. Il commence à peine sa carrière en MMA après sa transition.

Donc il ne combat pas vraiment?

Si, il est passé en MMA après sa superbe carrière en kickboxing.

Mais est-ce qu’il affronte les meilleurs combattants au monde à l’UFC ? Au Bellator ? Au ONE Championship?

C’est au MMA GP, une organisation française.

Ah, les petits shows quoi… Je l’aime bien. Je crois que je l’ai déjà vu combattre en kickboxing. C’est un très bon combattant dans cette discipline. D’où vient-il? Il a des racines africaines, non?

Le Cameroun.

Le Cameroun? Oh. C’est mon frère. Et vous savez ce que les frères font quand ils doivent se parler? Ils vont derrière la maison et ils se parlent. S’il veut me parler, il sait où me trouver.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport