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UFC: "J’ai beaucoup à gagner", Strickland nouvel adversaire pour Imavov, ça change quoi?

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Alors qu’il devait affronter Kelvin Gastelum ce week-end à Las Vegas pour son premier main event à l’UFC (en direct à partir de 1h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 2), Nassourdine Imavov a vu son adversaire déclarer forfait, remplacé par Sean Strickland. Une belle opportunité avec un adversaire mieux classé mais aussi un risque avec d’autres problèmes posés sur les plans physique et technique.

Nassourdine Imavov n’affrontera peut-être donc jamais Kelvin Gastelum. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé… Après une première annulation au printemps 2022, quand le combattant français d’origine daghestanaise n’avait pas renouvelé à temps son passeport pour assurer son visa pour les Etats-Unis (ce qui n’aurait de toute façon rien changé car Gastelum était blessé), le choc prévu ce samedi soir à Las Vegas en main event – combat principal – de la première carte UFC de l’année 2023 a lui aussi "sauté", cette fois à cinq jours de l’événement.

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Exit Gastelum, touché à la bouche, et bienvenue à Sean Strickland, nouvel adversaire désigné pour le troisième représentant tricolore à avoir les honneurs d’un main event à l’UFC. Un changement appris par le "Sniper" de la bouche de son entraîneur. "J’ai eu la nouvelle par Fernand Lopez, raconte Imavov au micro de RMC Sport. Il m’a appelé par FaceTime et il m’a dit en anglais, avec le sourire: 'Bad news' (mauvaise nouvelle, ndlr). J’ai capté direct. C’était une grosse déception car je me suis dit: 'Putain, ne me dis pas que je ne vais pas combattre…' Mais en fin de compte, ça va. Il m’a rassuré. Il m’a tout de suite dit: 'C’est un main event, ils vont tout faire pour trouver un adversaire et probablement un adversaire qui est dans le top 5-10. Ceux qui ne voulaient pas n’auront pas le choix.'"

Bonne pioche. Avec Strickland (25-5 en carrière, 31 ans), qui sort de deux défaites face au nouveau champion Alex Pereira début juillet puis face à Jared Cannonier mi-décembre, Imavov (12-3 en carrière, 27 ans) va faire face au numéro 7 du classement des challengers des moyens, leur catégorie, où il apparaît au douzième rang. Alors que Gastelum était treizième, on comprend vite pourquoi l’opportunité se révèle encore plus grande pour le membre du MMA Factory dans sa quête des sommets et du Graal de la ceinture UFC. "Strickland, ce n’est pas plus mal, confirme Imavov. C’est même mieux. J’ai beaucoup, beaucoup à gagner avec lui."

Point essentiel: les deux vont s’affronter à 93 kilos, la limite de la catégorie supérieure des mi-lourds, car le timing était trop court pour voir l’Américain descendre à 84 kilos, la limite des moyens. "Je le savais. Il tourne aux alentours de 100 kilos, rappelle Imavov, donc ça ne suffisait pas. Il ne pouvait pas faire le poids en cinq jours. Mais j’ai tout de suite dit à Fernand: '93 kilos, on y va, il n’y a pas de souci, tant que je combats et que mon main event est maintenu, c’est bon'." Et Imavov de conclure: "L’adversaire a changé mais l’objectif reste le même". A savoir marquer les esprits et prouver par une belle victoire, si possible en finissant l'adversaire, qu’il appartient bien à la catégorie des futurs challengers pour le titre. Combat chez les mi-lourds ou pas, ce choc entre deux moyens aura une répercussion sur le classement dans leur catégorie habituelle.

De quoi aiguiser encore plus l’appétit pour Imavov, qui aura également plus le droit à l'erreur vu les circonstances même si un revers serait forcément un coup de frein dans la progression de sa carrière. Et sinon, Strickland à la place de Gastelum, concrètement, ça change quoi? Plus tourné vers le striking que Gastelum, ce qui est plutôt pour arranger un Imavov ancien boxeur et dont le combat debout reste la spécialité, Strickland ne présente pas le même style que son compatriote. Moins explosif mais plus puissant, "Tarzan" (qui affiche le meilleur pourcentage de leur catégorie en défense des frappes significatives en striking avec 66% même si sa défense lunaire contre Pereira, mains baissées, prouve qu'il n'est pas toujours intelligent sur ce point) promet moins une guerre folle et rapide mais demandera sans doute plus au "Sniper" de travailler sur la longueur. Plus grand de dix centimètres que Gastelum, qui en rendait quinze à Imavov, Strickland est aussi plus gros que le combattant français dans la vie de tous les jours et sera avantagé par la limite à 93 kilos pour faire parler sa force.

Mais le combattant français, qui perd son avantage niveau gabarit, pourra plus jouer sur sa mobilité et sa variété pour le mettre en danger. La question de la fraîcheur de l’Américain, physique comme mentale, doit aussi se poser: celui qui va devenir le premier combattant présent dans le combat principal de deux événements consécutifs depuis l’ancien champion des mi-lourds Tito Ortiz lors des UFC 50 et 51 en 2004-2005 – mais il y avait plus de trois mois entre les deux à l’époque – sort de cinq rounds accrochés face à Cannonier il y a moins d’un mois. Et on serait étonné s’il ne s’était pas un peu relâché, voire plus, au moment des fêtes alors qu’il venait de combattre. Bref, il aura peut-être le souffle court si le combat dure. Le garçon n’en reste pas moins une forte menace. D’autant qu’il cherchera à se relancer après deux défaites consécutives, à l’image d’un Gastelum qui aurait eu le même objectif après cinq revers sur ses six derniers combats.

Imavov devra enfin faire attention aux quelques jours avant ce nouveau choc. Car Strickland, qui a reconnu un passé de "néo-nazi et suprémaciste blanc", est aussi connu pour sa grande gueule (de laquelle sortent souvent des avis plus que limite, et c’est un euphémisme) et n’hésitera pas à utiliser le moindre micro disponible dans les prochaines heures pour provoquer Imavov. Qui avait montré une certaine friabilité sur ce plan avant l’UFC Paris, en septembre, quand Joaquin Buckley l’avait énervé – ce qui l’avait poussé à trop chercher à lui faire mal dans la cage et à sortir de ce qu’il aurait dû faire – en le chambrant sur quelques vidéos. Imavov promet avoir beaucoup appris de cette erreur et qu’on ne l’y reprendra plus. Avec Strickland, il va avoir l’occasion de le prouver.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport