UFC - Paddy Pimblett: "Regardez mon ventre! Je ne suis pas gros!"

Paddy, votre troisième combat à l’UFC aura lieu le 23 juillet à Londres contre Jordan Leavitt. Comment s’est monté ce combat et comment l’abordez-vous?
Vous me connaissez: je m’en fiche. J’affronte n’importe qui qu’ils mettent en face de moi. Quand on m’a proposé ce combat avec Jordan, j’ai dit oui et le combat a été annoncé deux jours plus tard. J’ai vu qu’il parlait déjà beaucoup de moi. Il dit de la merde. Et c’est une merde. Il a dit: "Paddy choisit des combats faciles et je suis offensé qu’il m’ait choisi". Mais mec, je ne choisis pas mes combats! Le matchmaker a contacté mon manager, on m’a demandé si je voulais l’affronter et j’ai répondu: "Allez, on y va! C’est un tocard!" Je vais l’affronter. Et Jordan Leavitt va se faire mettre KO au premier round.
Votre dernier combat, une victoire sur Rodrigo Vargas, s’est fait dans une soirée à l’ambiance extraordinaire en mars dernier à Londres. Quels souvenirs en gardez-vous?
J’adore donner du spectacle aux gens, entrer dans la cage, tabasser quelqu’un et me mettre à danser et parler. Tout le monde adore ça! Je m’éclate comme le font les gens dans la salle ou devant leur écran. C’est juste génial.
Vous êtes seulement à 2-0 à l’UFC, que vous avez rejoint en 2021, mais vous êtes déjà une star montante de l’organisation. Ressentez-vous de la pression par rapport aux attentes autour de votre nom?
Je ne ressens pas la pression, mec. Je ne sais pas ce que c’est. Si tu combats dans ta ville, devant 10.000 personnes et en main event (combat principal de la soirée, ndlr), que toute la lumière est sur toi, c’est différent. Quand j’ai combattu à Liverpool au Cage Warriors, j’avais ressenti un peu de pression. Mais je ne ressentirai jamais de pression si je combats à Londres ou ailleurs. C’est ce que je fais dans la vie. J’aime combattre. Et j’aime faire le show pour les gens. C’est divertissant pour moi.
Quand l’UFC aime un combattant, ils le "poussent" au maximum. Avez-vous cette impression vous concernant?
Je suis un peu un rêve pour les gens du marketing. Je ne ressemble pas à un combattant. Je ressemble à un gamin de vingt-et-un ans. J’ai l’air d’un être humain normal. Personne ne pense que je peux mettre des coups comme ça. Quand je rentre dans la cage avec un gars plein de tatouages, les gens sont étonnés de ce que je peux faire. C’est pareil quand je suis au micro, que je commence à parler et que je suis moi-même. Dans le MMA, beaucoup de gens ne sont pas eux-mêmes. C’est une des raisons pour lesquelles les gens se reconnaissent en moi: je suis juste moi-même. Je n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre, de faire le show pour faire le show, je reste juste moi-même.
Après votre dernier combat, certains sur les réseaux sociaux réclamaient de vous voir déjà contre les meilleurs de la catégorie. Aimeriez-vous les affronter tout de suite ou plutôt avancer petit à petit, étape par étape?
Pourquoi est-ce que je voudrais affronter des Tony Ferguson, Michael Chandler ou Islam Makhachev aujourd’hui? Sérieusement? Certaines personnes sont juste stupides. Beaucoup des fans "casuals" en MMA sont stupides. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Je suis dans ce "game" depuis longtemps, depuis beaucoup plus longtemps que beaucoup s’y attendaient. Quand ils m’ont vu, beaucoup de gens pensaient sans doute que je ne ferais ça que quelques années. J’ai commencé à m’entraîner à quinze ans, j’ai fait mon premier combat amateur à seize ans et mon premier combat pro à dix-sept. Je suis professionnel depuis dix ans. Les gens pensent que c’est nouveau pour moi. Mais ça ne l’est pas. (Sourire.) L’UFC est juste un autre masque, une autre cage, mais je fais ça depuis des années. Quand les gens me parlent de pression ou me disent que je devrais combattre untel ou untel… Ce que je peux dire, c’est que peu importe qui ils m’offrent, je l’affronterais. Je m’en fous. Peu importe le nom sur la table, je suis là pour combattre. Mais quand on me dit que je dois affronter des grands noms, des gens connus à travers le monde, je réponds qu’on devra me payer à ma valeur pour que je les combatte. C’est aussi simple que ça.
Si tout se passe comme vous l’imaginez, quand pensez-vous pouvoir être prêt pour ces gros combats?
Je n’ai pas confiance en moi au point de me dire que je suis prêt à les combattre maintenant. Il faut être plus réaliste et regarder les choses: je n’ai pas besoin de me presser. C’est arrivé à d’autres avant moi. Un exemple parfait est Edmen Shahbazyan. C’est un très bon combattant mais il est plus jeune que moi. Il est arrivé à l’UFC à 4 ou 5-0, on l’a précipité pour le faire monter dans les classements et désormais il reste sur trois ou quatre défaites de suite. Je ne vais pas finir comme ça. Je veux construire ma carrière tout doucement. Je n’ai vraiment commencé mon travail physique que depuis deux ans. J’ai encore des muscles à ‘construire’ par exemple. Je ne suis devenu un vrai homme physiquement qu’il y a trois ans.
Vous évoquiez les fans "casuals", qu'on pourrait traduire par "occasionnels". S’ils veulent vous voir vite face à de gros noms, c’est qu’ils ne connaissant pas bien ce sport ? Ou sont-ils trop habitués aux combattants qui veulent affronter tout de suite n’importe qui sans réfléchir ?
Par exemple, les gens adorent Khamzat Chimaev en ce moment. Ils l’aiment car il répète qu’il est prêt à affronter n’importe qui n’importe quand. Mais affronter n’importe qui n’importe quand n’est pas ce qui te fait gagner le plus d’argent. Et veux être payé au niveau où je le mérite.
On a beaucoup parlé de vos gains pour votre dernier combat, 12.000 dollars pour combattre, 12.000 dollars pour la victoire, même s’il y a aussi eu un bonus de 50.000 dollars. Avez-vous obtenu une rallonge pour vos prochaines sorties dans l’octogone ?
Mon prochain contrat devrait être meilleur, oui. Rien n’est encore signé mais on verra tout ça dans les prochaines semaines. Pour ce prochain combat, je ne pense pas que je combattrai pour 14.000 dollars et 14.000 dollars la victoire comme c’est normalement prévu dans mon contrat d’origine. (Sourire.)
Il paraît dingue de vous voir toucher si peu vu votre popularité lors de cet événement en mars à Londres…
J’entends les gens dire que ce n’est pas assez. Mais j’ai signé ce contrat ! C’était le contrat classique pour les débuts à l’UFC, 10.000/10.000 pour le premier combat puis 12.000/12/000 et 14.000/14.000. C’est comme ça que ça se passe. Je ne peux pas m’en plaindre et c’est pour ça que j’ai fait mes deux premiers combats à l’UFC avant de pouvoir leur dire: "Si vous voulez que j’affronte de meilleurs combattants, je veux plus d’argent". Je n’ai pas de problème avec ça car j’ai signé ce contrat. Je ne peux pas me lamenter pour ça. C’est ce que je trouve marrant quand je vois des combattants UFC se mettre à se plaindre à cause de ça. Vous devez juste gagner quelques combats et vous pourrez négocier un nouveau contrat. C’est ce que j’ai toujours fait. C’est comme ça que ça fonctionne.

Votre approche diffère de celle d’autres combattants qui se plaignent de leur niveau de rémunération à l’UFC…
Personne ne vous met un flingue sur la tempe pour vous dire: "Signez ça!" On vous demande si vous voulez signer avec l’UFC, ce qui est le rêve de tout combattant dans notre discipline. Dans mon cas, j’ai donc répondu: "Oui, je veux signer avec vous". J’ai accepté d’être moins payé qu’au Cage Warriors pour venir à l’UFC. Mais je savais que ça vaudrait le coup. Et c’est le cas. Car désormais, je fais plus d’argent en restant assis que pour combattre.
Vous avez signé un partenariat avec le site Barstool Sport, séduit par votre personnalité charismatique. Gagnez-vous plus en dehors de la cage que grâce à vos combats?
Oui, c’est le cas. Et les deux chiffres ne sont même pas proches. Ils sont loin d’être proches. Je gagne beaucoup plus en dehors, avec ces contrats, des apparitions, les réseaux sociaux.
On a presque envie de vous demander pourquoi vous continuez à combattre…
Je combats car j’aime ça! Beaucoup de gens ne voulaient pas que je combatte le 23 juillet à Londres, ils voulaient que j’attende pour être sur une carte diffusée en pay-per-view aux Etats-Unis. Certains dans mon équipe préféraient que j’attende car ils pensaient que j’avais trop grossi. Mais tout le monde sait que je peux redescendre très vite si je suis motivé donc ils m’ont dit: "Autant y aller". J’aurais donc pu dire non. Mais je pense que ce sera ma dernière chance de combattre en Grande-Bretagne avant qu’on ne puisse faire Anfield donc j’ai envie de donner au public britannique un dernier hourra, une autre grosse soirée à l’O2 Arena.
Depuis votre dernière sortie dans l’octogone, les débats ont repris sur votre propension à prendre beaucoup de poids entre les combats. Que répondez-vous par exemple à T.J. Dillashaw, l’ancien champion des coqs de l’UFC, qui affirme que vous n’irez pas loin dans votre carrière avec ce manque d’éthique de travail?
Il n’y a pas grand-chose à dire sur T.J. Pillashaw… (jeu de mots avec pill, la pilule en français, en rapport avec le dopage suite au contrôle positif et à la suspension de Dillashaw entre 2019 et 2021, ndlr) Comme je l’ai dit, son opinion ne vaut rien car il a mis de l’EPO dans son corps. Il est pourri de l’intérieur. A qui parle-t-il? Tu injectes des stéroïdes dans ton corps. Cela montre combien il n’était pas assez fort dans la tête. Il a dû s’injecter des choses dans son corps pour se sentir plus fort. C’est aussi à quel point je me sens fort dans la tête: je peux grossir autant que je veux et revenir huit semaines plus tard pour défoncer la tête de n’importe qui. Je ne pouvais pas y croire quand j’ai vu ce qu’il avait dit. J’enregistrais un podcast et je ne regarde jamais mon téléphone quand je fais ça. Mais mon invité a dû aller aux toilettes et pendant qu’il est parti, j’ai attrapé mon téléphone et j’ai vu ça dans une discussion de groupe. Et je me suis dit: "Mais à qui parle-t-il?" Dès que mon invité est revenu, j’ai montré le message à la caméra. S’il veut s’excuser auprès de moi, il est le bienvenu pour le faire. C’est juste un nain.
Vous ne changerez donc pas sur ce plan?
Ce n’est pas que je ne changerai pas. C’est juste que je vais faire ce que je veux! Personne ne va me dire quoi faire. Je me fous de tout ce que ces gens disent. C’est comme quand gens disent que je devrais garder mon menton en bas. Et si je ne le fais pas? Qu’est-ce qu’il y a? Je fais ce que je veux. Personne ne me dira quoi faire. Je suis quelqu’un de très, très têtu. J’ai voulu garder mon poids plus bas. Lors de mon camp de préparation avant mon dernier combat, je n’ai pas arrêté de me répéter ça. Mais au final, à une semaine du truc, je me suis dit: "Non, impossible, je ne vais pas faire ça, je vais me faire plaisir après ça". C’est ce que j’ai fait, avec des chocolats, des desserts, etc. Certains disent qu’ils ont un gros appétit mais vous n’avez jamais vu quelqu’un manger comme moi, je vous le promets. Je mange tout ce qui est sur la table.
Vous avez l’air plus en forme et affûté que ces dernières semaines…
Je suis monté à 93 kilos et là je fais 87 (il combat chez les légers, avec une limite à la pesée à 70 kilos, ndlr). Je ferai une diète pour perdre une douzaine de kilos dans les semaines à venir puis je perdrai les derniers avec un cutting. Ce n’est pas si compliqué. Et ce n’est pas comme si mon ventre grossissait. Ce n’est pas le cas. Regardez mon ventre! Il n’est pas gros! Mais mes joues deviennent massives donc j’ai vraiment l’air d’être très gros. Mais mon corps ne prend pas beaucoup. Ce sont mes joues qui explosent. Tout va sur mon visage. C’est pour ça que les gens réagissent et c’est pour ça que j’en rigole car je sais que ce n’est que mon visage. Quand je sors mon ventre, il n’est pas gros, on peut encore voir les abdos et pas du gras. Comme je le disais, ça me fait beaucoup rire que beaucoup de combattants aient décidé de parler de ça. Les gens disent: "Il n’a pas la mentalité d’un champion, il ne reste pas en forme tout le temps, etc". Et alors? J’ai une mentalité de champion pendant les dix semaines avant un combat et quand je suis dans la cage. C’est tout ce qui compte. Les trois semaines suivantes, je peux faire n’importe quoi et devenir un gros lard. Je m’en fous car je ne combats pas à ce moment-là.
Il y a eu des critiques mais aussi des louanges: le légendaire Georges St-Pierre a dit que vous aviez le potentiel pour être la nouvelle grande star de l’UFC, Dan Hardy a dit que vous seriez sans doute champion un jour et peut-être plus tôt que prévu. Qu’avez-vous ressenti devant ces mots?
C’est génial de lire ça. Ça me fait chaud au cœur. Je me souviens de regarder ces deux gars combattre quand j’étais jeune. GSP est un des meilleurs combattants de tous les temps et Dan Hardy un des meilleurs combattants anglais de l’histoire. C’est génial de voir des gens comme ça dire des choses comme ça. J’adore ça. Et ils ont raison. Car c’est ce que je suis. Je vais faire ce que ces gens disent, ce que j’ai toujours dit que j’allais faire. Quand j’avais seize ans, j’ai affronté un gars de vingt-quatre ans alors que je n’avais été prévenu qu’une semaine avant. Et j’ai gagné. Après ce combat, je me suis dit que j’étais fait pour faire ça, que c’était ce que j’allais faire. Je le savais. J’avais un état d’esprit différent de celui des autres. Et c’est ce qui m’a permis de m’en sortir pendant plusieurs combats. Si je n’avais pas été fort dans la tête, j’aurais perdu. Mais ça n’a pas été le cas grâce à ma force mentale. Je pense que beaucoup de gens sous-estiment ça et ne réalisent pas combien cette force mentale peut vous permettre de faire des choses. C’est comme ça que j’approche tous mes combats. Les seuls combats où j’ai douté de moi, j’ai perdu. Et chaque fois que j’arrivais en pleine confiance, que j’annonçais que j’allais détruire l’adversaire, je l’ai fait. Et je vais continuer à le faire, à commencer par Jordan Leavitt. Je n’aurai aucun problème à lui enfoncer les dents puis je célébrerai en lui mettant mes c… sur la tête.
Avez-vous un message pour vos fans français avant votre combat du 23 juillet?
Comme toujours, vous pouvez vous attendre à un combat spectaculaire et divertissant du "Pad Man". Mais cette fois, ce sera plus une raclée qu’un combat. Donc ne manquez surtout pas ça!