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UFC: pourquoi Khamzat Chimaev a tout pour être la nouvelle superstar du MMA

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Il y a des parallèles avec Khabib Nurmagomedov. Il y en a aussi avec Conor McGregor. Entre performances sportives ultra dominantes et personnalité magnétique, Khamzat Chimaev est le nouveau phénomène de l’UFC. RMC Sport vous fait les présentations avant son plus gros test en carrière contre l’ancien challenger pour le titre Gilbert Burns (en direct et en exclusivité à partir de 4h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 2), qui doit confirmer sa hype et lui ouvrir la porte vers le champion Kamaru Usman.

Trois anecdotes pour raconter une domination. Avec Khamzat Chimaev, les images parlent plus que les mots. Il y a son deuxième combat professionnel, en août 2018 dans l’organisation Fight Club Rush, où il remet son protège-dents avec sa main gauche alors que son bras droit a déjà déclenché l’étranglement arrière (qui lui offrira la victoire) sur Ole Magnor. Il y a son troisième combat à l’UFC, en septembre 2020, où il met Gerald Meerschaert KO en dix-sept secondes d’une droite fulgurante après avoir promis au patron de l’organisation Dana White de lui montrer qu’il n’était "pas qu’un lutteur". "Il a tenu promesse", souriait White après la démonstration de force.

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Il y a aussi cette dernière sortie dans l’octogone, en octobre 2021, après plus d’un an d’absence de la cage en raison d’un Covid aux complications difficiles qui l’avait poussé à annoncer sa retraite par dépit (il souffrait trop en s’entraînant sous prednisone, au point de le voir cracher du sang dans un lavabo après une séance) avant de se raviser et d’être ramené à Las Vegas par l’UFC pour se soigner, où il martyrise un Li Jiangling pourtant onzième du classement des welters en le soulevant avant de le déplacer dans la cage tout en parlant à White. Avant de conclure d’un étranglement arrière à diffuser dans les écoles de MMA.

Vous avez dit dingueries? Bienvenue dans le monde de Khamzat Chimaev, combattant suédois d’origine tchétchène de vingt-sept ans qui passe le plus gros test de sa carrière, celui qui définira si la hype autour de lui était bien méritée, ce samedi soir en Floride contre Gilbert Burns, numéro 2 du classement des welters et ancien challenger du champion Kamaru Usman, sur la carte d'un explosif UFC 273. Si vous ne connaissez pas encore "Borz" (le loup, son surnom), il est l’heure de se rattraper: vous allez découvrir la nouvelle superstar en devenir de la planète UFC.

Un homme qui mixe, pour grossir le trait, des performances sportives dominantes à la Khabib Nurmagomedov en "smeshant" ses adversaires – néologisme inventé pour définir les combattants ultra dominants au style suffoquant pour l'adversaire, surtout au sol – avec une grande gueule et un charisme magnétique à la Conor McGregor. Et qui affole les compteurs. Depuis ses débuts à l’UFC à l’été 2020, l’ancien lutteur de haut niveau (trois titres nationaux en Suède, où il a émigré à dix-sept ans) invaincu depuis ses débuts pro en MMA en mai 2018 (10-0), avant lesquels il travaillait dans une usine de production de volaille à Kalmar et faisait aussi de la sécurité, passe chaque étape en éparpillant la concurrence façon puzzle. Un véritable carnage.

Quatre combats, quatre victoires, dont trois dès le premier round, quatre bonus de "performance de la soirée", seulement douze minutes passées à combattre et un ratio irréel de deux cent cinquante-quatre coups portés contre deux reçus, qui passe à cent douze contre un sur les seuls coups significatifs. Si vous souhaitez un ordre de comparaison, depuis la mise en place des règles unifiées du MMA au début des années 2000, le meilleur ratio de coups significatifs pour quatre premiers combats à l’UFC derrière le sien appartient à Matt Hughes, ancien double champion chez les welters, avec … 11,3 contre 1! Et un seul autre homme a entamé son passage à l’UFC par quatre victoires en encaissant moins de dix coups significatifs au total, Mike Swick avec… neuf.

Chimaev en a profité pour s’offrir quelques records qui seront difficiles à aller chercher: deux premiers combats à l’UFC, un chez les moyens, l’autre chez les welters, remportés en dix jours en juillet 2020 et un troisième ajouté après soixante-six jours dans la grande organisation de MMA, plus petits intervalles entre deux et trois victoires dans l’ère moderne de l’UFC. Avec Khamzat, c’est simple, tout semble facile. Avec sa capacité à vous propulser au sol pour vous y étouffer par sa technique ou vous asphyxier de coups dont on sent la puissance rien qu’à leur bruit, il peut faire penser au légendaire Khabib, ancien champion des légers de l’UFC parti invaincu à la retraite. Mais il affiche aussi un striking – techniques de combat debout –plus développé et efficace que celui de "The Eagle" (surnom de Nurmagomedov).

Le parallèle avec McGregor, qui l’a inspiré à se mettre au MMA quand il a pris une pause au boulot pour le voir battre José Aldo en treize secondes pour la ceinture des plumes en décembre 2015 et qu’il s’est dit "je suis un guerrier, je suis spécial, je dois le montrer aux gens, pourquoi pas moi?", se trouve lui dans son côté "inévitable": s’il reste loin du niveau de punchlines de l’Irlandais à sa grande époque, il partage avec lui cette sensation qu’il a tout pour être une immense star et qu’il en prend le chemin de façon inéluctable. Avec des objectifs de carrière ultra élevés mais au diapason de son talent. McGregor souhaitait devenir le premier double champion – deux titres en même temps – de l’histoire de l’UFC et avait accompli sa mission.

Chimaev vise un autre morceau d’histoire: devenir le premier combattant UFC à remporter une ceinture dans trois catégories différentes, des welters aux lourds-légers. "Tout ce qu’on peut réaliser dans ce sport, je veux le faire, lançait-il il y a quelques mois au micro de UFC Arabia. Je vais devenir le meilleur combattant dans cette discipline. Quand j’en aurai fini avec ma carrière, on se souviendra de moi comme du meilleur combattant de la planète, le numéro un pound-for-pound. J’aurai pris toutes les ceintures possibles, peut-être deux, peut-être trois. Je descendrai, je remonterai, peu importe." Il a ensuite promis de quitter la cage au sommet, comme Khabib avant lui: "Mon objectif est d’être le numéro 1 puis de m’en aller".

D’ici là, celui qui a commencé la lutte à cinq ans dans la salle en face de chez lui et qui a disputé ses premiers combats dans la catégorie des vingt-trois kilos alors qu’il en faisait cinq de moins compte continuer de faire grossir une légende qui prend du poids à chaque sortie. Et qui renforce peu à peu une notoriété pas mise à mal par sa proximité avec l’autoritaire dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, qui l’utilise pour sa propagande, qui lui a offert une Mercedes avec laquelle il a eu un accident quelques mois plus tard et qui est intervenu pour le convaincre de ne pas prendre sa retraite après son Covid. Relations sulfureuses ou pas, l’homme au visage marqué par une grosse cicatrice à la lèvre, souvenir d’une chute sur un escalier en béton quand il avait deux ans, a une "gueule" et une personnalité qui attirent la lumière.

Ses récentes aventures amicales avec le combattant britannique Darren Till, avec qui ils se surnomment les "Smesh Brothers", ont enflammé les réseaux sociaux. Comme sa volonté de défier tout le monde sans cacher ses certitudes de supériorité. Le champion des welters Kamaru Usman, numéro 1 du classement pound-for-pound (toutes catégories confondues) de l’UFC, qu’il pourrait vite croiser dans la cage s’il signe une nouvelle démonstration contre Burns alors que beaucoup l’imaginent comme le seul à pouvoir faire chuter le "Nigerian Nightmare"? "Ce gars ne veut pas m’affronter. Je suis déjà le champion et les gens le savent. (…) Il est trop vieux, trop lent, avec trop de blessures. Il ne m’affrontera jamais, il a trop peur."

Leon Edwards, qu'il aurait dû affronter avant d'être touché par le Covid, annoncé comme le prochain challenger pour Usman? "Il n’a pas mon niveau. S’ils me donnent Edwards et Usman dans la même soirée, je vais tabasser les deux." Son prochain adversaire, "Durinho" Burns, ancien champion du monde de jiu-jitsu brésilien qui a notamment été aidé par Usman (son ancien coéquipier chez Sanford MMA) dans sa préparation? "Il ne va absolument rien faire contre moi. Je vais le tabasser. Ce n’est pas du jiu-jitsu ou de la lutte. C’est du MMA, de la bagarre. Il ne s’agit pas d’attraper le kimono et de tenir quelqu’un. Je vais le frapper partout au visage." Une confiance logique quand on a comme lui "fini" tous ses adversaires (aucune victoire à la décision des juges) et même jamais connu le troisième round dans sa carrière professionnelle!

Certains l’imaginent surcoté car il n’a pas passé de vrai gros test avant Burns? Celui qui dit combattre pour "tout redonner à (s)a mère" qui attendait que ses enfants aient fini de manger pour "se nourrir des restes" s’en amuse: "Les gens disent: 'Il a juste de la hype'. Alors arrêtez-moi! Le roi arrive pour vous les gars." Tous ceux qui l’ont côtoyé à l’entraînement du côté du AllStars Training Center de Stockholm, où il a commencé à s’entrainer au MMA à vingt-trois ans, sont formels: ce Chimaev qui affrontait souvent des adversaires pas donnés dans ses premiers combats – il avait par exemple été opposé au futur champion du monde IMMAF Khaled Laallam pour son premier combat amateur en septembre 2017, victoire par soumission au deuxième round, ou encore à l’invaincu Ikram Aliskerov, ancien champion du monde de sambo combat, pour son cinquième combat pro avec un KO infligé dès le premier round d’un uppercut terrifiant – mais qui montrait déjà tout ce qui fait sa force aujourd’hui est un animal différent.

Un athlète à part, stakhanoviste de la bagarre qui explique adorer combattre et s’entraîner et qui affirme que la célébrité n’a pas altéré cette envie. Avec ce je-ne-sais-pas-quoi qui sépare les beaux espoirs des potentielles superstars. Une machine à dégommer les adversaires qui n’aime pas choisir entre soumettre un rival et le mettre KO: "Peu importe. Lui prendre son cœur, c’est ce que j’aime. Quand je vois dans ses yeux que mon adversaire ne veut pas m’affronter, c’est là que je me sens le mieux. Je peux l’amener au sol et le martyriser jusqu’à ce que je voie dans ses yeux qu’il n’en peut plus et qu’il abandonne. J’aime ça. Mais je peux aussi le mettre KO, l’envoyer dormir, ça me plaît aussi." Pour l’instant, peu importe la méthode, c’est toujours Khamzat Chimaev qui lève les bras à la fin.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport