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"Une médaille, ce serait déjà très bien", quelles ambitions pour Félix et Alexis Lebrun aux championnats du monde de tennis de table?

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Félix et Alexis Lebrun s’apprêtent à disputer les championnats du monde de tennis de table, qui débutent ce samedi 17 mai au Qatar. Les deux frères, n°6 et n°8 mondiaux, peuvent espérer bousculer la hiérarchie en simple tout en visant le titre en double. A condition que l’aîné retrouve vite ses sensations, après avoir manqué près de deux mois de compétition en raison d’une blessure à la main.

Les frères Lebrun à l’assaut de la planète ping. Félix (18 ans) et Alexis (21 ans) s’apprêtent à disputer les championnats du monde de tennis de table, qui débutent ce samedi 17 mai à Doha. Dans la capitale du Qatar, les Français vont se présenter en outsiders, avec l’espoir de bousculer la hiérarchie dominée par les pongistes chinois. En double, en revanche, ils font partie des grands favoris avec leurs statut de n°1.

Leur réussite dépendra en partie de l’état physique d’Alexis. Après s’être fracturé l’auriculaire droit en frappant la table du poing lors des derniers championnats de France, l’aîné des Lebrun a dû se faire opérer. Il n’a plus disputé le moindre tournoi depuis près de deux mois. Interrogé par RMC Sport, Christophe Legoût, l’oncle des frères Lebrun, également directeur sportif de la Fédération française de tennis de table, se projette sur les Mondiaux à venir de ses neveux.

Les ambitions des frères Lebrun à Doha

"L’objectif, c’est de ramener des médailles. On sait que les médailles mondiales sortent peu de l’escarcelle des Chinois. Félix et Alexis sont 6e et 8e au classement mondial. Potentiellement, ils ont les armes pour faire une demie. Mais on sait qu’ils peuvent se rencontrer avant ces matchs pour les médailles. Après, ils font aussi partie des toutes meilleures paires du monde en double, avec leur place de n°1. Donc s’ils décrochent une médaille, en individuel ou en double, ce sera déjà très bien."

La bonne période de Félix Lebrun

"Il a été champion de France fin mars (en battant Alexis en finale, NDLR), donc ça lui a mis du baume à cœur. Aller au WTT Contender de Tunis comme tête de série n°1 et assumer son rôle en finissant avec le trophée, c’est l’une des choses les plus difficiles. Il a réussi à le faire. Juste avant le stage de préparation aux Mondiaux, c’est ce qu’il y a de mieux. En général, tu sens que tu progresses à l’entraînement après avoir fait de bons résultats. Tu tentes des coups, tu joues un peu plus fort et vu que tu es en confiance, ça se passe bien. Donc tu es prêt à intégrer ça derrière en match. Félix est aujourd’hui dans les toutes meilleures dispositions. Je sais que le stage de préparation s’est très bien passé pour lui."

Sa montée en puissance

"Le grand public a découvert Félix aux JO de Paris. C’est un gamin attachant et plein de fraîcheur, avec un énorme talent. Il y a de plus en plus d’attente autour de lui, mais il gère ça très bien. Certains ont dit qu’il avait eu un petit passage à vide lors de son élimination en phase de poules à la Coupe du monde de Macao, mais c’est la formule de cette compétition qui fait que, même sans perdre, tu peux te retrouver à ne pas jouer les phases finales. Je trouve qu’il a gardé son cap. Là, il remonte en puissance au meilleur moment. On peut se réjouir de le voir dans ce tableau des championnats du monde et avoir de grandes attentes (…) Il a l’habitude des grands tournois depuis tout jeune. A Doha, à mon avis, la salle ne sera pas pleine, parce que ça arrive rarement dans les pays du Moyen-Orient. Mais il y a de la pression, l’envie de bien faire. Et il est formaté pour ça."

L’état de forme d’Alexis Lebrun

"Il a presque apprécié sa période de repos forcé, en intégrant le fait que c’était de sa faute s’il s’était blessé. Il a mis à profit cette période pour se reposer, réfléchir à comment faire évoluer son jeu et travailler pour revenir le plus tôt possible. Je sais qu’il l’a parfaitement fait, j’en ai discuté avec son père. Une fois qu’il a senti qu’il pouvait jouer à 100% lors du stage de préparation, il a été rassuré. Il joue beaucoup à l’instinct. Je ne suis pas sûr que quelques séances d’entraînement de plus changent quelque chose pour lui. Ce qui compte surtout, c’est qu’il se sente en pleine possession de ses moyens, qu’il puisse être un lion dans l’aire de jeu, avec l’envie de bouffer l’autre à la table. Et je suis sûr qu’il l’aura, encore plus avec son repos forcé."

Sa blessure en frappant la table du poing

"Forcément, il s’en est voulu. Tout être normalement constitué s’en voudrait de perdre, de laisser échapper un match, de s’énerver et de se faire mal alors qu’il était dans une bonne période. L’un des enjeux c’est de comprendre pourquoi il a fait ça. Peut-être qu’il était fatigué, sur le fil du rasoir. Avec son staff, ils ont tenté de s’en servir au mieux pour rebondir. Et ils ont réussi. On peut le voir briller lors de ces Mondiaux de Doha, mais je mettrais quand même un point d’interrogation. Ses deux premiers matchs vont être cruciaux, vu qu’il n’a pas joué depuis un moment. Les matchs d’entraînement, ce n’est pas pareil. Reproduire la pression d’un match, c’est impossible à l’entraînement, même en mettant un petit billet sous le filet pour parier avec son partenaire (sourire). Son entame va déterminer la suite de son tournoi. Il va falloir qu’il démarre bien."

Les principaux rivaux des Lebrun

"Il y a forcément les Chinois. Lin Shidong et Wang Chuqin notamment, parce que ce sont les deux meilleurs joueurs du monde. Après, il y a les joueurs coréens qui sont toujours dangereux. Ils sont capables de très bien jouer, mais aussi de passer à côté d’un match. Ils ont des résultats vraiment en dents de scie. On n’a pas toujours l’impression de maîtriser parfaitement ce qu’on fait contre eux et ce n’est pas toujours agréable. Il y a aussi les jeunes Japonais Hiroto Shinozuka ou Sora Matsuhima à surveiller de près."

Les Lebrun favoris en double

"Ils partent n°1, donc forcément, on se dit que s’ils ne font pas de médaille c’est un mauvais résultat. Mais les Asiatiques, et notamment les Chinois, sont vraiment des experts en double. Il y a une paire suédoise qui peut être dangereuse, une paire japonaise aussi. Félix et Alexis font partie des trois meilleures paires du monde. La médaille va sans doute se jouer lors d’un match très difficile en quart de finale. Le double, c’est une compétition qui va super vite et qui nivelle pas mal les valeurs. C’est beaucoup plus dur de faire des pronostics sur les résultats de double que sur les résultats de simples. Il faudra voir aussi comment Alexis va gérer son retour. S’il y a une médaille, ce sera déjà une très belle récompense."

L’avantage d’être frères en double

"Afin de pouvoir anticiper en double, tellement ça va vite, c’est important de savoir quel coup va jouer votre partenaire avant même qu’il ne touche la balle. Ça vous permet d’anticiper une trajectoire ou un déplacement. Ça peut arriver à des gens qui jouent tout le temps ensemble depuis des années. Et ça arrive encore plus pour Félix et Alexis, parce qu’ils sont frères. Ils connaissent non seulement les anticipations de l’autre et comment il va jouer la balle, mais ils savent aussi comment il ne va pas la jouer en fonction des événements et des circonstances du match. Et tout ça sans besoin de se le dire. Du coup, ils ont un temps d’avance sur tout le monde."

La gestion de leur notoriété

"Ils sont hyper bien entourés. C’est ma sœur jumelle, leur maman, qui fait un peu leur attachée de presse. Ils ont une vraie équipe autour d’eux, qui les conseille aussi. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de fausse note. Je trouve que ce sont toujours les mêmes et ils le resteront, parce qu’ils sont comme ça. J’ai regardé le documentaire de Netflix sur Carlos Alcaraz. C’est la simplicité même et ils sont dans ce registre aussi. Ils sont bien éduqués, ils savent d’où ils viennent. Il n’y a pas de raison que ça change. Après dans leur encadrement, bien sûr que des choses ont changé parce qu’il y a eu un afflux de sponsors. De nouvelles personnes travaillent avec eux. Quand ils jouent à Montpellier par exemple, il y a des milliers de gens qui viennent les voir, donc il faut adapter les systèmes de sécurité en conséquence, pour les protéger. Les salles sont remplies dès qu’ils sont là. Plus globalement, on sent cet engouement autour des compétitions de ping en France, il y a plus de licenciés à la fédération. Donc ça nous oblige à faire évoluer les choses et les règlements. Ça booste tout le monde."

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport