"Une victoire de la France": le coach des Bleus aux anges après les deux médailles assurées aux Mondiaux de tennis de table

Il est un coach heureux. Nathanaël Molin, coach des Lebrun et de l’Équipe de France, place deux paires françaises sur le podium de ces championnats du monde de tennis de table. Reste à savoir quelle sera la couleur des médailles. Après la qualification de Félix et Alexis Lebrun, Nathanaël Molin tire un premier bilan au micro de RMC Sport.
Nathanaël, j'imagine que vous êtes fier de Félix et Alexis?
Oui, très fier. Il y a beaucoup de hauts et de bas dans cette compétition. Alors évidemment pour Alexis, pour Félix, mais aussi pour toute la délégation. Je ne veux pas dire que ce sont les championnats du monde les plus tranquilles de l'histoire pour nous. C'est comme ça et ça fait partie des paramètres qu'on analysera à froid plus tard. Mais par contre, les dernières médailles, c’était en 1997. Là il y en a deux maximum. On va surtout voir les couleurs maintenant. Mais déjà deux médailles de bronze, c'est exceptionnel.
Sur ce match-là, il fallait surtout bien le préparer parce qu'il y avait des joueurs vraiment expérimentés en face?
En face, ce sont juste les champions du monde 2021, à Houston. C’est ce qui se fait de mieux dans le top 4 ou 5 mondial. Ce sont des clients, on les connait très bien, on s'est préparé beaucoup contre eux. On avait préparé ce match-là aussi pour les JO. Mais finalement ce n'était pas cette paire-là, car Falck n’a pas été qualifié. On avait déjà des données depuis longtemps sur eux.
C'est une paire que l'on sait redoutable et qui sont dans nos concurrents directs. C'est une paire très établie et ils ont des schémas préférentiels très forts. Il faut vraiment piloter le jeu. C'était très tactique pendant le match. Alex et Félix ont super bien piloté le jeu. Je crois qu'en jeu court, on a encore fait une démonstration de justesse. On les a mis à mal, dans cette partie, là où normalement, ils sont très forts.
Sur le match d'avant, Alex avait eu un surplus d’émotions, là on l’a vu très concentré.
Il y a eu quelques moments que je dirais plus normaux qui font partie de chaque athlète. Il a très bien géré le truc sur l'ensemble du match. C'était normal, je dirais, dans cette partie.
Pour Félix, après la défaite d'hier, quels ont été vos mots?
Je crois qu'il s'est servi un peu déjà du groupe. Il a des amis. Ça lui a permis de switcher un petit peu. Aujourd'hui, je l'ai trouvé sans fioritures, très concentré. Rien qui bougeait. Très costaud, très sérieux dans le bon sens du terme.
C'est aussi ça l'expérience qu'il faut avoir?
Oui, et puis il faut être en capacité de savoir perdre. Ça fait partie du jeu. Il n’y a qu’un vainqueur à la fin. Et les 127 autres ont perdu. Donc, c'est très, très, très rare de gagner. Il faut apprendre à perdre. C'est très important.
Jeudi, Félix nous parlait de deux médailles pour quatre Montpelliérains. Ces quatre joueurs vous les connaissez, on imagine que ça représente quelque chose?
J'ai une histoire particulière avec tous, parce que je les ai tous entraînés. Esteban et Florian avant de recommencer avec Alexis et Félix. Esteban, je l’ai eu 7 ou 8 ans. Flo, quatre ou cinq ans. Ils ont 25 ans aujourd'hui, mais ce sont des gamins que je connais très bien. Mais ce que j'ai envie de retenir, c'est une victoire de la France. Les mecs sont contents, mais moi, je retiens la victoire de la France. C'est plus grand que nous. C'est ça qu'il faut retenir.
Est-ce qu’Esteban et Flo, quand vous les entraîniez individuellement, on aurait pu se douter qu'ils seraient arrivés là?
Aucune chance. Comme beaucoup de joueurs. Je pense que si on questionne Simon quand il avait 10 ou 11 ans. Qu'est-ce qu'on allait dire? Top 10 mondial? Ce n’est pas possible. Alexis et Félix, médaille olympique, on n'aurait pas pu dire ça non plus, il y a trois ans. En fait, ce n’est pas tant l'imagination qu'on peut avoir, c'est surtout essayer d'aller faire le meilleur chemin possible chacun, vivre cette aventure ensemble pour essayer de grandir et puis après, on voit où ça nous mène. Je crois que c'est plutôt ça le truc, c'est le processus qui, en fin de compte, est le déclencheur des belles choses.
Pour Esteban et Florian, c'est leur caractère qui fait qu’ils arrivent à réussir quelque chose?
Déjà, ce sont des mecs qui ont envie d'être ensemble, c'est déjà fondamental. Et il y a une notion qui est importante, c'est de développer le parler vrai. En double, c'est fondamental. C'est-à-dire que tu dois être capable de dire à ton partenaire, franchement, t'as été monstrueux, ou tu dois être capable de dire à ton partenaire, là, t'es à la rue, mon gars, faut t'y remettre. Et sans qu'il y ait une notion de difficulté à le dire ou pas d'impression de jugement ou d'arrière-pensée. Et c'est ça qui fait aussi la force.
Souvent, on m'a demandé pour les deux frères, quel était le secret, ça en est un. Je crois que pour Flo et Este aussi, ça fait huit ans qu'ils vivent ensemble. Ils sont presque des frangins aussi.