Pitkowski : "Nadal ne fait plus mal"

Sarah Pitkowski - -
A tout croquer sur terre battue depuis le début de sa carrière, Rafael Nadal inquiète quand il n’est plus souverain sur sa surface de prédilection. Déjà battu trois fois cette saison sur l’ocre, l’Espagnol semble démuni. Et ce n’est pas son nouveau revers face à l’Italien Fabio Fognini en huitièmes de finale du tournoi de Barcelone (6-4, 7-6) qui lèvera les doutes à un mois de Roland-Garros. Sarah Pitkowski, membre de la Dream Team RMC Sport, acquiesce.
« S’il retrouve ses coups, il va bien jouer. Mais le problème, c’est qu’il a un gros souci en coup droit. Son tennis est efficace s’il joue bien à 50 ou 60 centimètres de la ligne de fond de court. Cette balle extrêmement liftée qui remonte n’est agressive et gênante que si elle est longue, parce qu’il repousse le joueur loin et c’est lui qui fait le jeu, analyse-t-elle. Actuellement, son coup droit atterrit plutôt à 50 ou 60 centimètres du carré de service. La balle est beaucoup plus courte et arrive à bonne hauteur des joueurs. Il galope, galope et se fait balader. Il ne fait plus mal.
Il force son tennis parce qu’il n’a pas la fluidité d’un Roger Federer. Il se retrouve à faire un match en deux sets face à Fognini avec 30 fautes directes, des statistiques terribles. Il n’a pas de plan B pour reprendre l’avantage dans les échanges. Il se fait balader, perd confiance, son coup droit est de plus en plus court et c’est un cercle vicieux. C’est un joueur qui fonctionne au mental et il n’a pas réussi à capitaliser cette confiance avec des victoires.
« Quand on a un truc dans le cerveau, c’est hyper difficile à enlever »
Ces derniers temps, il a perdu contre Michael Berrer, 157e mondial (au 1er tour du tournoi de Doha en janvier, ndlr), et deux fois contre Fognini (à Rio et Barcelone), un joueur qui a le même tennis que lui mais qui ne devrait même pas l’inquiéter. Il a aussi perdu contre des compatriotes et ça, ça marque. Il a notamment perdu contre Verdasco (au Masters 1000 de Miami) alors qu’il comptait 13 victoires en autant de matches contre lui… Un grain de sable est entré dans la machine.
Il ne faut pas oublier que l’année dernière, il n’avait fait « qu’un » quart de finale à Monte-Carlo et un quart de finale à Barcelone. C’était la même chose en termes de résultats. Il n’y a pas le feu à la maison. Mais, en conférence de presse, il donne des inquiétudes qu’il ne donnait pas l’année dernière. On se demande : est-il vraiment touché mentalement ? S’il retrouve ses sensations, quoi qu’il arrive, il restera favori à Roland-Garros.
Le tennis est un sport technique, comme le golf. Tiger Woods a perdu son swing, se retrouve derrière les 100 meilleurs mondiaux et ne comprend pas pourquoi. Il a pourtant tapé des milliards de swings comme Rafael Nadal avec les coups droits. Mais quand on est dans un sport technique et qu’on commence à avoir un truc dans le cerveau, c’est hyper difficile à enlever. »