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Comment Monfils a retrouvé la 7e place mondiale, 5 ans après l'avoir perdue

Gaël Monfils

Gaël Monfils - AFP

Lundi, Gaël Monfils va retrouver le meilleur classement de sa carrière, 1863 jours après avoir occupé la 7e place mondiale pour la dernière fois. Cinq ans, c’est long ! A 30 ans, « Lamonfe » peut-il aller encore plus haut ?

Il sera de nouveau 7 lundi à l'ATP (NDLR : et même 6 s’il remporte le tournoi de Shanghai). Et c’est le moment de poser la devinette : quel est le dernier tournoi que Gaël Monfils a disputé dans la peau d’un 7e mondial ? Réponse: l’US Open 2011 ! Une défaite au deuxième tour en cinq sets face au « vétéran » Juan Carlos Ferrero, alors 108e mondial, allait amorcer la descente. Et si quelqu’un avait dû écrire, à ce moment-là, que le Parisien attendrait 1862 jours – plus de cinq ans – pour retrouver ces hauteurs, on l’aurait pris pour un hurluberlu. A 25 ans, il devait tout casser.

C’est pourtant la réalité. La carrière de Monfils n’a jamais été linéaire mais il y aurait de quoi écrire un film sur ce dernier quinquennat.

Gâchis tout ça ? C’est un mot qui revient souvent pour définir les montagnes russes de Gaël Monfils, qui a fêté ses 30 ans durant Flushing Meadows. Mais reconnaissons, aussi, qu’il n’a pas été épargné par les pépins physiques. Ménageait-il aussi bien son corps qu’il ne le fait maintenant ? Probablement que non.

Mais ça mérite un petit coup de rétroviseur.

Le 12 septembre 2011, il cède donc cette 7e place à Mardy Fish. La fin de saison est correcte, avec un titre à Stockholm. Mais une élimination au premier tour à Bercy lui fait perdre un paquet de points. Il achève l’année à la 16e place.

2012 sera la saison de la déprime. La maladie d’Osgood-Schlatter surgit de nouveau et ses genoux ‘’morflent’’. Contraint au forfait à Roland-Garros, il disparait tout l’été, se coupe du monde, s’offrant un mystérieux safari photo…

Il reprend en septembre à Metz pour se re-blesser peu après. Saison déjà terminée avec – seulement – 29 matches au compteur et un 77e rang mondial.

Sorti du Top 100

En 2013, il bosse quelque temps avec Eric Winogradsky, détaché par la FFT. Sans grand succès. Il plonge même au 119e rang mondial en mai. Mais il atteint la finale à Nice. Belle éclaircie. Après avoir éliminé Berdych au premier tour de Roland-Garros, on croit au miracle mais Tommy Robredo l’éteint après avoir sauvé quatre balles de match. La suite n’est qu’une succession de contre-temps, personnels ou physiques. Avec, en point d’orgue, un forfait à Bercy pour une entorse au poignet. Achever cette année à la 31e place est un miracle.

2014 est plus souriant avec un titre à Montpellier mais rien ne change vraiment. Victime d’un coup de blues à Miami, il veut bien jouer en équipe de France de coupe Davis mais seulement le dimanche. Ca lui permet d’être le sauveur face aux Allemands à Nancy. Mais il enchaîne les blessures en mai avant de plonger dans le noir le plus total à Roland-Garros face à Andy Murray, encaissant un cinglant et incompréhensible 6-0 au cinquième set.

C’est pour mieux resurgir à l’US Open où il ne concrétise pas deux balles de match face à Roger Federer en quart de finale. Qui sait quel aurait été son destin…

La fin de saison est rythmée par la finale de la coupe Davis face aux Suisses. On oublie presque qu’il a surclassé « papi » Federer le premier jour car on ne parlera que de la gestion du cas Tsonga… Mais c'est le deuxième Saladier qui lui passe sous le nez, après Belgrade 2010

Tillström, la dernière cartouche

En 2015, il décide de partager le coach Jan De Witt avec Gilles Simon. Mais en août, la rupture est consommée. « Lamonfe » a quitté le Top 20 lorsqu’il contacte Mikaël Tillström. Le Suédois sera-t-il l’homme providentiel ?

Le quart de finale en Australie, en janvier, donne un premier indice. Gaël n’est guère bavard sur les méthodes d’entraînement. Silence, on bosse, tel pourrait être le mot d’ordre. Et les résultats suivent. Malgré un méchant virus qui le cloue en mai à l’hôpital et l’oblige à sacrifier « Roland » et ses dreads-locks.

En juillet, il y a ce joli titre à Washington. Certes, il manque des grosses victoires. Il y a des regrets (balles de matches manques face à Nishikori aux Jeux de Rio). Des incompréhensions, comme la demi-finale de l’US Open face à Djokovic ou cette absence tant commentée à Zadar en coupe Davis.

Mais Lamonfe a suivi son plan à la lettre.

Ce jeudi, à Shanghai, il affronte David Goffin pour une place en quart de finale. Fidèle à sa ligne de conduite, il ne veut pas se laisser perturber par ces chiffres flatteurs que les journalistes se font un malin plaisir à agiter. Pourtant, le garçon sait où il veut aller. A Monte-Carlo, il avait commis un « dérapage ». A une question sur sa nouvelle équipe, il avait répondu « on fera le bilan à Bercy. Ou après… » Vu sa sixième place à la Race, ce sera effectivement plutôt à l’O2 Arena, théâtre du Masters. Son tout premier. Il a du retard sur ses potes Jo, Gilou ou Ritchie qui y ont tous goûté. Mais qu’importe Gaël a pris son temps. 

Eric Salliot