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Open d’Australie: comment Monfils a grandi

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Opposé mercredi à Milos Raonic en quarts de finale de l’Open d’Australie (9h30), Gaël Monfils tentera de réaliser un petit exploit pour enrayer la folle dynamique du Canadien. Le Français, 25e joueur mondial, restera fidèle à sa nouvelle ligne de conduite, beaucoup plus zen. Analyse d’un changement.

Et soudain, le feu a rencontré la glace. Gaël Monfils, d’ordinaire volcanique et imprévisible, semble aborder 2016 avec plus de calme, plus de recul. Un changement important dans l’approche, qui semble lui réussir. Alors qu’il tentera d’en démontrer une nouvelle fois les bienfaits en quarts de finale de l’Open d’Australie face à Milos Raonic, mercredi, retour sur ces changements significatifs qui ont façonné un Monfils nouveau.

Une attitude différente sur le court

Le changement le plus perceptible chez Monfils est visible dans son attitude sur le court. Depuis le début de l’Open d’Australie, l’habituel showman est plus lisse. « Je l’ai déjà vu concentré sur un objectif, mais pas forcément sur tous les matches. Comme c‘est un show man, à un moment ou à un autre, il aime bien montrer un petit peu ses émotions, mais dans ce tournoi, on le voit avec une attitude qui est différente, affirme Loïc Courteau, entraîneur de l'équipe de France de Coupe Davis. Il est un petit peu comme en mission. On ne sait pas jusqu’où ça va aller, mais en tout cas son niveau de jeu montre qu’il est sur le bon chemin, et qu’il faudra compte sur lui sur ce tournoi-là. »

Winogradsky : « Il a l’air calme intérieurement »

Un avis partagé par Eric Winogradsky, responsable du haut niveau masculin à la FFT. « Aujourd’hui, il montre sur le terrain qu’il a envie de se donner les moyens de devenir un joueur encore meilleur. Il arrive assez bien à canaliser son énergie et ses émotions. Il a l’air calme intérieurement, lui qui prend toujours du temps pour communiquer avec le public, il ne veut pas gaspiller son énergie pour pouvoir en disposer au moment où il en aura besoin. »

Du ménage autour de lui

Pour être différent sur le court, Gaël Monfils a aussi appris à changer en dehors. Le Français s’est installé dans une bulle « Gaël a décidé, pour ce début de saison, de fonctionner différemment, explique Eric Winogradsky. Il a décidé de mettre de la distance entre lui, son entourage et toutes les personnes qu’il est amené à côtoyer. Il ne vient même pas entre ses matches, s’entraîner au stade. C’est vraiment très difficile, voire quasi-impossible de communiquer avec lui. Le plus important c’est de respecter ce mode de fonctionnement, qui pour le moment, fait ses preuves. »

Un entraîneur qui l’apaise

L'ancien directeur technique national du tennis français (DTN), Patrice Hagelauer, loue également le travail du Suédois Mikael Tillström, le coach de Monfils depuis le mois d’octobre : « Il était essentiel qu’il arrive à être plus constant, plus concentré sur ce qu’il fait. C’est quelque chose qu’il a travaillé avec ses derniers entraîneurs et certainement avec Tillstrom, réputé pour sa stabilité. Le Suédois est très serein, très tranquille, et peut-être qui lui amène ça. Ce sera une bonne chose. Il va peut-être perdre ce côté un peu spectaculaire, qu’on aimait bien chez lui, mais peut-être qu'il va gagner en constance, et ça va améliorer son jeu »

L’ombre de Noah

Patrice Hagelauer avance également la nomination de Yannick Noah en tant capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, pour évoquer le changement d’attitude de Gaël Monfils. « Le fait d’être en Coupe Davis, bien entouré avec Yannick, avec qu’il parle beaucoup, plus facilement, ça va lui apporter certaines choses » avance-t-il. D’autant que la perspective de jouer le premier tour de Coupe Davis contre le Canada chez lui, en Guadeloupe, arrive comme un véritable objectif dans sa saison. Une motivation supplémentaire. « Chez lui en Guadeloupe, il aura très envie de réussir, devant sa famille, là où il a grandi », note Hagelauer.

Plus solide physiquement

Une chose également a retenu l’attention en ce début d’année, son physique. Le Guadeloupéen semble affûté, débarrassé de ses vieux démons physiques. « Il a gagné en maturité, il est plus régulier dans son travail. Il n’a pas été verni avec toutes les blessures qu’il a eues, notamment ses genoux. Ça l’a gêné dans sa progression, explique Patrice Hagelauer. Aujourd’hui, il fait beaucoup plus attention à son corps. Ça devrait l’aider, peut-être pas immédiatement, mais dans les mois qui viennent. ». Même s’il s’est blessé à un doigt sur un plongeon spectaculaire face à Kuznetsov, Monfils semble en effet plus vigilant, moins kamikaze sur le court. Et ça paye.

Nathan Gourdol, avec Eric Salliot