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Loth : « Il faudra battre au moins une fois Djokovic »

Jean-Paul Loth

Jean-Paul Loth - -

Voix mythique du tennis à la télévision mais aussi capitaine de Coupe Davis entre 1980 et 1987, Jean-Paul Loth a emmené les Bleus de Noah et Leconte en finale en 1982 face aux Etats-Unis de McEnroe. Il évoque en connaisseur la finale en Serbie.

Jean-Paul Loth, les Bleus vont-ils connaître l’enfer à Belgrade ?
Je ne crois pas que le fait de jouer à l’extérieur dans un climat défavorable soit tellement désavantageux. Les joueurs ont souvent plus de stress chez eux. Si cette équipe arrive à juguler les problèmes que vont poser les spectateurs et à en faire une énergie positive pour eux, ça peut être intéressant. Il faudra que les Français ne réagissent pas. Dans ces confrontations, soit vous êtes meilleurs que l’adversaire et le public se tasse, soit vous êtes moins fort et après dix minutes vous êtes sifflés. Si vous êtes au même niveau que l’adversaire, là c’est chaud et le public manifeste.

Quelle sera la clé de la victoire pour l’équipe de France ?
Il faudra battre au moins une fois Djokovic. Ce n’est pas impossible mais ce sera difficile. Si les Français ont en tête de réaliser un exploit, ils peuvent le faire. A l’heure actuelle, je donne 60% de chances aux Serbes de gagner. Mais compte tenu des récents résultats des Français, cette rencontre va s’équilibrer et peut tourner à l’avantage des Bleus.

Peut-on effectuer un parallèle avec la situation de 1982 entre Noah et Monfils et entre Leconte et Llodra ?
Oui, Noah, arrivait à ce moment-là dans les meilleurs mondiaux. Leconte, qui était âgé de 19 ans, m’avait incité à le sélectionner pour les simples grâce à deux victoires en tournoi. Llodra est un joueur d’expérience qui pourrait être plus armé que Leconte ne l’était à l’époque pour affronter une situation difficile. Monfils, ce sera un peu le même schéma car il a du mal avec le jeu de Djokovic. Mais je lui fais confiance pour gêner le Serbe.

« Au Paraguay, nos voisins avaient des battes de baseball sur les genoux »

Yannick Noah ne viendra pas à Belgrade. Est-ce une mauvaise nouvelle pour les joueurs français ?
Je ne suis pas sûr de ça. A son époque, Yannick en avait un peu marre d’entendre parler des mousquetaires. Maintenant, ils ont peut-être aussi envie de prouver qu’ils peuvent gagner sans lui, le dernier vainqueur français de Roland-Garros.

Quel est votre pire souvenir de capitaine.
J’en ai un à Moscou, en pleine guerre froide. Il faisait mauvais et on croyait qu’on avait des micros planqués dans les vestiaires. On pensait qu’on était espionné. Il y a aussi le Paraguay où nos voisins avaient des battes de baseball sur les genoux. Il n’y a que chez les Suédois qu’on n’a jamais eu de problèmes.

Propos recueillis par Jérôme Sillon