Del Potro à la chasse au « Djoko »

Juan Martin Del Potro mettra-t-il en danger Djokovic ? - -
Que peut donner la rencontre entre un avion de chasse, de nouveau en phase ascensionnelle après un passage au stand réparation, et un A380 supersonique ? On en aura une idée plus précise ce vendredi après-midi à l’issue d’un troisième tour alléchant entre Juan-Martin Del Potro, vainqueur de l’US Open 2009, et Novak Djokovic, l’homme que plus rien ni personne n’abat depuis la dernière finale de Coupe Davis. Et qui visera sa 40e victoire d’affilée cette année.
Depuis deux jours, la question, un peu folle, fuse dans les allées de Roland-Garros : « Del Potro peut-il le faire ? » Le simple fait de la poser donne une idée de la crédibilité de l’adversaire du Serbe pour une place en deuxième semaine. Ancien n°4 mondial, aujourd’hui 26e, celui qu’on surnomme « la tour de Tandil », sa ville de naissance au nord de Buenos-Aires (il mesure 1,96m), constitue ce qu’il convient d’appeler un épouvantail du circuit.
« Sa meilleure arme, ce sont tous les coups du tennis, tranche d’emblée l’ancien capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, Jean-Paul Loth. Il a un super service, un coup droit formidable, il est capable d’accélérer en revers, il joue bien sur toutes les surfaces… et il possède en outre un déplacement remarquable pour son gabarit. Il ne faut pas lui donner de balle en pâture, sinon il vous déborde et vous assassine. » C’est clair ?
« Je suis encore loin du Top 10 »
Sans ses pépins physiques à répétition, au premier rang desquels une opération du poignet qui l’a tenu éloigné des courts durant quasiment toute la saison 2010, le bonhomme de 22 ans à peine évoluerait sans doute dans la cour des grands, celle des Djokovic, Nadal et Federer. Nombreux sont les observateurs qui estiment que Del Potro est le véritable quatrième as du circuit, plus légitime qu’un Andy Murray ou qu’un Robin Söderling. Même si sa hanche le fait souffrir et l’a privé, hormis une victoire à Estoril, de la saison européenne sur terre battue. Il a d’ailleurs failli déclarer forfait pour Roland-Garros avant de se raviser…
« Au pays, il est célèbre et populaire, confie Henrique, un confrère argentin. Sa rivalité de personnalité avec Nalbandian a fait des étincelles, notamment durant la finale de la Coupe Davis 2008, perdue face aux Espagnols (4-1 en Argentine, Del Potro avait perdu le premier match face à F. Lopez, ndlr). Nalbandian lui avait reproché d’avoir joué les Masters, d’être arrivé trop tard. On dit même qu’ils en seraient venus aux mains… Mais bon, son aura est intacte, et quand il était revenu après sa victoire à l’US Open, c’était de la folie à Tandil.
L’US Open, le bâton de maréchal de Juan-Martin Del Potro, son chef d’œuvre. Une victoire finale en cinq sets face à Federer après avoir battu Nadal en demies. L’Argentin n’aspire plus qu’à une chose : revivre de tels moments. « Pour le moment, je suis loin du Top 10, estime-t-il. J’essaie de faire mon bout de chemin pour y revenir. Je ne sais pas le temps que cela prendra. » Ce qui n’empêche pas Loth d’imaginer un « match très serré, tout sauf une sinécure pour Djokovic. Ce sera un test capital pour les deux. Del Potro, c’est un client. Il peut surprendre. » Crédible, on vous dit. Si le physique est au rendez-vous…