Roland-Garros est-il obsolète ?

La boutade de la quinzaine est signée Tomas Berdych. Homme de son temps, le Tchèque, 8e joueur mondial, sorti en quarts de finale par Novak Djokovic, a ainsi lancé un appel à l’aide singulier via son compte Twitter. « Hey, l’Open d’Australie, pouvez-vous nous envoyer un toit ici à Paris ? Vous en avez trois », a interpellé Berdych, accompagnant son message d’un hashtag #fedexmakeithappen #now. Réponse du Grand Chelem australien : « Nous adorerions aider. Lequel voulez-vous ? RodLaver Arena, MCourt Arena ou Hisense Arena ? » Ce court échange résume tout du fossé qui sépare Roland-Garros des trois autres Grands Chelems, tous plus grands, mieux équipés, plus performants pour accueillir public, médias, partenaires.
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Pour souligner un peu plus ses faiblesses, la pluie s’en est (abondamment) mêlée lors de ce cru 2016. La tension s’est accumulée à coups de matches reportés. Le tournoi parisien, empêtré dans des projets d’agrandissement qui n’en finissent d’être retardés par une poignée d’irréductibles riverains, n’a pu masquer ses lacunes, au premier rang desquelles, l’absence d’un toit sur son Central. Un couvre-chef que l’on espère au mieux pour 2020. Face à une concurrence toujours plus féroce, la crainte du déclassement ressurgit. Si les avis sont unanimes pour appeler à une modernisation rapide, Roland-Garros dispose toujours néanmoins d’immenses atouts.
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Benneteau : « A Melbourne et New York, les courts annexes ne sont pas pleins »
« Je ne sens pas un ras-le-bol chez les joueurs étrangers, témoigne le Français Julien Benneteau. Agnieszka Radwanska et Simona Halep ont gueulé. Mais Tomas Berdych, Novak Djokovic, David Goffin ont dit : "il faut jouer, il faut jouer !". On ne maitrise pas le temps, c’est un tournoi à part, de par son histoire, son lieu. Il y a beaucoup de matchs sur les courts annexes. A Melbourne, à l’US Open, ces courts ne sont pas pleins. A Roland-Garros, tous les courts annexes le sont parce que c’est comme Wimbledon, les gens sont contents de venir. Il y a des vrais passionnés. C’est une vraie terre de tennis. »
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Cette force du passé et du public, Bernard Giudicelli, candidat à la présidence de la FFT, la met lui aussi en avant : « Shanghai et Pékin n'ont pas l'histoire et aujourd'hui, ce qui fait la force de notre tournoi, c'est le fait d'aller sur un court qui a été foulé pour la première fois en 1928 par les Mousquetaires. Les milliers de clubs produisent ces joueurs qui sont aujourd'hui les spectateurs. »
Djokovic : « Paris a un défi plus difficile que les autres à relever »
Reste qu’à trop s’appuyer sur le passé sans parvenir à conclure sa V2, Roland-Garros prend des risques. « Le titre du Grand Chelem, ce n’est pas juste une histoire de "Prize Money", souligne Sarah Pitkowski, membre de la Dream Team RMC Sport. En revanche, que les joueurs finissent par dire : "Nous, on ne peut pas jouer dans ces conditions-là", que certains grands joueurs boycottent le tournoi, là, c’est un danger. » Aujourd’hui, le tournoi parisien conserve l’adhésion des joueurs, à commencer par le numéro 1 mondial Novak Djokovic.
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« J'ai entendu toutes les raisons du monde pour expliquer pourquoi il n'y a même pas, par exemple, de projecteurs ici. Il n'y a pas non plus de toit. Ils sont confrontés à des difficultés, notamment des problèmes avec les résidents, constate le Serbe. Si vous prenez en considération l'emplacement des autres tournois du Grand Chelem, je pense que Paris a un défi plus difficile que les autres à relever. Je sais que la tâche n'est pas aisée. On peut voir que cette année, les infrastructures se sont améliorées. Il y a le stade Jean-Bouin, le centre de tennis national est incroyable. Ils font leur maximum pour améliorer les choses. » Comme les autres, « Djoko » n’attend plus qu’un toit.
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