"Spécial et inouï, tous sports confondus": pourquoi Monfils est la star des programmations en night session

Il a débarqué en salle de presse avec une amertume que son autoritaire victoire en quatre sets n’a pas réussi à atténuer. Le 30 août 2013, John Isner sort vainqueur de Gaël Monfils au deuxième tour de l’US Open (7-5, 6-2, 4-6, 7-6). Mais face aux médias, l’Américain est blasé. "Je ne veux pas en faire des tonnes à propos de ça, mais oui, j'ai été un peu déçu", lâche l’ancien N°8 mondial. "C'était une super ambiance, dans l'absolu, je ne peux pas dire le contraire. Mais c'était bizarre."
À domicile, Isner, alors N°1 américain, connaît l’affront de voir son propre public encourager le tennisman français. Tout au long de la rencontre, des "Monfils, Monfils" sont descendus des travées de Flushing Meadows. Une scène habituelle dès que "La Monf" est dans l’arène, quel que soit le pays.
Tout au long de sa carrière, le Parisien a été l’un des chouchous du circuit. Aux États-Unis, donc, où chacune de ses apparitions à l’US Open ou à Indian Wells soulève les foules. Mais aussi en France, avec une nouvelle sortie remarquée mardi soir pour son entrée en lice à Roland-Garros. Face au Bolivien Hugo Dellien, Monfils a fait le show sur le court Philippe-Chatrier et s’est imposé en cinq manches après avoir perdu les deux premiers sets. Le tout dans une ambiance électrique.
"Il fédère autour de lui différents types de spectateurs"
Ce jeudi soir, le Français (38 ans) aura une nouvelle fois les honneurs de la night session face au Britannique Jack Draper, cinquième mondial. Voir l’homme aux 13 titres sur le circuit ATP être programmé en prime time apparaît comme une évidence, tant il l’assurance de fédérer autour de sa personnalité. "C’est un joueur atypique. Quoi qu’il arrive, il ne laisse pas indifférent", tranche Julien Bouteyre, directeur du Moselle Open, tournoi ATP 250 que Monfils a remporté en 2009. "Il a cette faculté physique rare qui est de mélanger l’endurance et l’explosivité, donc il fédère autour de lui différents types de spectateurs. Certains sont adeptes des jeux en longueur, d’autres adorent quand il y a des fulgurances. Lui, il couple les deux, ce qui est très rare, normalement on ne peut pas être à la fois une voiture de course et un 4x4."
"Je le regarde depuis que je suis enfant. J’ai toujours dit qu’il a la meilleure vidéo de highlights (ses meilleurs points) de tous les temps et vous en avez vus quelques-uns ce soir", a appuyé Ben Shelton après avoir affronté Monfils en huitième de finale de l’Open d’Australie, en janvier (abandon du Français dans le quatrième set). "J’espère que je serai capable de créer quelques souvenirs comme ça que je regarderai avec ma famille parce que c’est vraiment spécial et inouï, tous sports confondus."
"L'un des joueurs de tennis les plus excitants au monde"
Outre l’aspect purement tennistique, Monfils, joueur généreux et facétieux, plait aux fans grâce à son amour du spectacle. "Gaël est un joueur très fun à voir jouer, c'est sûr", notait Isner après ce fameux match face au Français à l’US 2013. "C'est un gars qui aime beaucoup s'amuser et qui est acclamé partout où il va, pas seulement en France. C'est l'un des joueurs de tennis les plus excitants au monde, sans conteste. Il fait participer le public. Si vous achetez un billet pour le voir jouer, vous ne rentrerez pas chez vous déçu. C'est comme ça."
Sa volonté de partager avec le public et de ne jamais rien lâcher fait également de lui une valeur sûre pour un directeur de tournoi. "C’est aussi un mec hyper généreux, il communique beaucoup avec le public", confie Julien Bouteyre. "L’une de ses grandes qualités, c’est qu’à partir du moment où il rentre sur le terrain, il ne va jamais balancer. Moi, je l’ai jamais vu balancer un match. Il peut mal jouer, mais il ne balancera jamais, et ça, c’est juste un régal, car on sait qu’à partir du moment où il est sur le terrain, il va se défoncer."
Monfils en a fait la démonstration mardi soir à Roland-Garros face à Dellien. Touché au genou après avoir lourdement chuté et heurté un panneau publicitaire dès le premier jeu, il a trouvé les ressources pour continuer et finalement s’imposer après un marathon de 3h35. Et s’offrir le droit d’enflammer une autre night session dès ce jeudi face à Draper.