Tennis: "Je dois rappeler dans mon académie que j’ai été joueur", sourit John McEnroe

John McEnroe, sur ce Roland-Garros, seule Coco Gauff est en demi-finale du tournoi, quelle est votre vision du tennis américain?
On progresse chez les hommes mais il y a encore du chemin. Avec Serena et Venus (Williams), ça a été incroyable. Il y a des opportunités. Si vous me demandez qui va gagner, je vais vous dire Iga Swiatek mais ça ne veut pas dire qu’elle sera automatiquement victorieuse du tournoi. Eventuellement Coco Gauff, elle peut gagner pas mal de Grands Chelems. Elle progresse peut-être moins rapidement que d’autres mais ça peut l’avantager à la fin. Elle n’a que 18 ans, elle est déjà sur le circuit depuis trois ou quatre ans et pourtant elle est très jeune. Mais je crois vraiment que dans quelques années, un Américain ou une Américaine gagnera plusieurs Grands Chelems.
Votre travail est-il de trouver le prochain John McEnroe?
Oui, ce serait bien. Mais mon travail est d’offrir le plus d’opportunités possible aux jeunes. Et de les amener là où leurs rêves deviendraient réalité. Mon travail est d’être une inspiration, un leader pour ces enfants. Et de leur faire comprendre ce que ça demande d’arriver à un certain niveau. Et j’espère pouvoir leur apporter ça. Ce sera bien si on a un Carlos Alcaraz ou un Rafael Nadal. Regardez ce qu’il a fait ici. Ou encore Djokovic, Federer. Les jeunes ne savent pas qui je suis. Je dois rappeler dans mon académie que j’ai été joueur. Avoir mon nom sur une académie... j’espère représenter un espoir pour eux.
Pouvez-vous nous expliquer le programme de votre académie Mac 1?
Mac 1 permet d’aider les jeunes joueurs. J’ai eu de belles opportunités en grandissant à New York, c’est l’une des meilleures villes au monde, Paris l’est aussi. C’est une grande communauté et une superbe académie de tennis, c’est ce qui manquait quand j’étais jeune. On leur donne l’opportunité de jouer et d’avoir une expérience qu’ils n’ont jamais eue avant. Et ça serait incroyable que l’un d’eux ou l’une d’entre elles gagne l’US Open ou Roland-Garros. Beaucoup de ces jeunes ne finiront peut-être pas professionnels mais on leur propose la chance de leur vie, d’étudier, de s’entrainer. Le tennis est un sport mondial, où l’on doit voyager, avoir un entraîneur, ça coûte de l’argent: prendre les billets d’avion, dormir dans un hôtel, c’est difficile pour beaucoup d’entre eux. Et on essaie de les aider.
Passer d’amateur à professionnel, comment en parlez-vous à vos jeunes?
C’est un moment important bien sûr. C’est un moyen de gagner un salaire, de vivre de sa passion. Pour les joueurs professionnels c’est un rêve, être payé pour quelque chose que vous adorez. Forcément ça change la dynamique car ça devient un travail. Et vous réalisez que vous n’allez pas travailler de telle heure à telle heure chaque jour et que vous voyagez partout dans le monde. Vous prenez part à des expériences que vous n’auriez jamais eues. Aux Etats-Unis, 70% des habitants n’ont pas de passeport. Ça représente beaucoup de personnes qui n’ont jamais quitté leur pays ni même leur état. Donc on fait des choses qu’une grande majorité ne peut pas faire.
Quels conseils vous n’avez pas eus quand vous étiez jeune aimeriez-vous leur donner?
Gagner ou perdre, vous devez tout donner. Quand les jeunes perdent, souvent ils ne donnent plus le meilleur d’eux-mêmes. C’est la nature humaine, vous me direz. Peu importe la raison, vous êtes mal, vous avez peur. J’essaie de dire aux jeunes que le plus important est d’essayer et parfois, même si vous n’y arrivez pas, le plus important est d’avoir tout donné. En pensant comme ça, vous vous forgez un caractère. Pour moi, vous êtes déjà un grand champion en faisant ça. Et je suis persuadé que si vous faites ça, vous allez forcément briller.