Tennis: comment expliquer le fiasco des Bleus en Grand Chelem cette année

C’est une première depuis 1980. Comme il y a 38 ans, aucun Français n’est parvenu à se hisser en quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem cette année. A l'Open d'Australie, à Roland-Garros et donc à l'US Open, pas un seul joueur tricolore n’était présent en deuxième semaine. A New York, les derniers espoirs français se sont arrêtés au troisième tour avec les éliminations de Lucas Pouille et Richard Gasquet. A Wimbledon, Gilles Simon, Adrian Mannarino et Gaël Monfils étaient qualifiés pour les huitièmes de finale, mais ils n’ont pas été au-delà. Ce bilan a de quoi inquiéter sur le niveau actuel du tennis français.
"On ne s’est peut-être pas rendu compte de la qualité des joueurs et des joueuses qu’on avait. On s’est peut-être reposé. Il faut se remettre en cause, au niveau du de notre système de formation, nos méthodologies et notre approche", reconnaît Pierre Cherret, le directeur technique national du tennis français, qui appelle à regarder ce qui est en place à l’étranger. "Les nations qui fonctionnent bien ont une vraie approche de formation de leurs jeunes et une approche technique du jeu. On voit ce que les Espagnols ont fait il y a quelques années. On a eu cette méthode il y a longtemps", indique-t-il.
Pouille n'y arrive toujours pas
"Est-ce qu’on s’est interrogé depuis en se demandant ce qu’est le haut niveau? C’est le moment de le faire", insiste Cherret, qui semble assez lucide sur le niveau de ses troupes. Au-delà des performances en Grand Chelem, les résultats en Masters 1000 de Pouille, Monfils, Gasquet ou encore Simon ne sont pas franchement plus emballants. A titre d’exemple, Pouille n’a toujours pas atteint un troisième tour de Masters 1000 cette année. Le Nordiste de 24 ans, qui ne parvient pas à confirmer les espoirs placés en lui après sa victoire contre Rafael Nadal en huitièmes de finale de l’US Open en 2016, ne se veut pas pour autant alarmiste.
"Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une génération qui va bientôt laisser sa place. Là il y a deux jeunes qui arrivent, Corentin Moutet (19 ans) et Ugo Humbert (20 ans). Il faut laisser le temps aux jeunes de monter. Il y aura forcément un petit creux à un moment, mais ce n’est pas la fin du monde", assure-t-il. "La relève est un peu moins là, mais il faut essayer justement de les encourager tous pour qu’ils arrivent à avoir ce niveau-là. C’est important pour le tennis français d’avoir des joueurs dans les 10 premiers. Historiquement, il y en a eu dans toutes les générations", relève de son côté Gasquet. Actuellement, le meilleur Français (Pouille) n’occupe que la 17e place du classement ATP.
"On va encourager tout le monde pour avoir à nouveau de grands joueurs en France dans le futur", poursuit le Biterrois, qui était le dernier Français en lice à l’US Open avant d’être corrigé par Novak Djokovic au troisième tour en un peu plus de deux heures (6-2, 6-3, 6-3). Le temps où la France pouvait compter sur Jo-Wilfried Tsonga pour enchaîner les bons parcours en Grand Chelem semble aujourd'hui bien loin. Une réaction sera attendue en 2019, mais le chantier est immense.