Djokovic, le sceptre et la couronne

Novak Djokovic, vainqueur à Wimbledon et nouveau n°1 mondial. - -
Il est tombé au sol, la bouche dans le gazon. Il en a même mâché une brindille, histoire de savourer l’hommage d’un public debout pour célébrer le nouveau maître des lieux. Novak Djokovic, 24 ans, n’oubliera pas de sitôt le premier week-end de juillet 2011. Vendredi, sa victoire sur Tsonga lui garantissait de devenir numéro 1 mondial ce lundi. « L’ambition de (s)a carrière » était atteinte. Dimanche, sa victoire méritée face à un Rafael Nadal intermittent en finale lui offrait son premier Wimbledon. Le « rêve de (s)a vie » se réalisait. Plus aucun doute, la planète tennis tient son nouveau roi.
« Il confirme qu’il est le meilleur au monde en ce moment, indique Patrice Dominguez, l’ex-DTN, membre de la Dream Team RMC Sport. Il a battu Nadal cinq fois cette saison et sur trois surfaces différentes. Il est au-dessus des autres depuis six mois, Nadal et Federer compris. Sur le plan physique, c’est le plus explosif des trois. Il est en train de devenir un monstre. Et je reste persuadé que s’il n’y avait pas eu cette erreur de programmation (sa demie s’était terminée à la tombée de la nuit et s’était déroulée cinq jours après son match précédent en raison du forfait de Fognini en quart, ndlr), il aurait aussi gagné Roland-Garros. »
Dominguez : « Nadal avait peur »
Comme un symbole de cette passation de pouvoir, le président serbe avait fait le déplacement pour assister au sacre de « Djoko ». Un surplus de motivation pourtant pas nécessaire. « Rarement quelqu’un avait mis Nadal aussi loin de la balle que Novak durant les deux premiers sets. Il est tombé sur un os », précise Dominguez. Mais même malmené, l’Espagnol ne lâche rien. Une détermination qui, couplée au relâchement du Serbe, permet à « Rafa » d’écraser la troisième manche. Avant de s’écrouler dans le set suivant avec une multiplication de fautes directes. « On sentait qu’il avait peur, explique Dominguez. Il est humain et les quatre finales perdues cette année ont dû lui traverser l’esprit à ce moment-là. Il ne frappait plus de la même façon, il reculait. »
Le Serbe en profitait pour conclure. Une victoire logique dans un choc décevant. Car le combat des chefs attendu n’a pas vraiment eu lieu. On imaginait un match serré, accroché. La supériorité de « Djoko » et la fébrilité de « Rafa » en ont décidé autrement. Mais quelque chose nous dit que les épisodes de cette rivalité au sommet vont se multiplier. Pour leur première finale de Grand Chelem commune, et la première défaite à ce niveau de Nadal depuis… Wimbledon 2007 (!), les signes de complicité n’ont pas fusé. La faute, peut-être, à la façon (très) moqueuse dont le Serbe s’amusait à imiter l’Espagnol au début de sa carrière. La poignée de main très froide après la balle de match, et leur façon de s’éviter durant le tour d’honneur, promet d’autres joutes enflammées. Avec une différence. La prochaine fois, le chasseur s’appellera Rafael Nadal. Et le chassé, Novak Djokovic.