Vendée Globe: l'émotion d'Escoffier après la victoire de Bestaven

Yannick Bestaven n'imaginait certainement pas un tel scénario le 30 novembre dernier. Alors en plein océan Indien, il avait été appelé par les organisateurs pour rejoindre Jean Le Cam, dérouté en premier, sur la zone de recherches après le naufrage de Kevin Escoffier. Comme lui, Boris Herrmann et Sébastien Simon (contraint à l'abandon plus tard), avaient été invités à mettre leur course entre parenthèse pour sauver Escoffier, réfugié sur son radeau de survie. Ce dernier avait finalement été récupéré sain et sauf par Jean Le Cam.
Quelques semaines plus tard, le jury de l'épreuve avait récompensé les marins déroutés en leur accordant des compensations: 16h15 pour le sauveur Jean Le Cam, 10h15 pour Bestaven et 6h pour Herrmann. Moins de deux mois après, ces compensations ont finalement permis au skipper de Maître CoQ IV de remporter le Tour du monde malgré sa troisième place sur la ligne d'arrivée. Une fois le pied à terre, les débats entourant ce succès ont vite cédé la place à l'émotion. Elle était très forte quand Kevin Escoffier a enlacé le vainqueur, les deux avec les larmes aux yeux.
"Tu m'as donné les larmes!"
"Tu m'as donné les larmes, vraiment, a confié Escoffier dans une longue étreinte. Je suis super content pour toi. Ça, c'était une course de marins, dans le sud, t'as charbonné." "Ça fait plaisir de te voir, lui a répondu Bestaven. On se boit une bière tout à l'heure, plusieurs même!"
Au micro de BFMTV, Kevin Escoffier a confié les raisons de cette émotion particulière. "Je lui dis bravo et merci! Quand je suis revenu à terre, j'avais été très touché par les images de Yannick quand il avait appris que j'avais été récupéré par Jean, confie-t-il. Il était très ému et ça m'avait également touché. De le voir aujourd'hui, ça m'émeut également."
"De le revoir, ça m'a rappelé cette vidéo et le moment que j'avais passé sur mon radeau et ça fait chaud au coeur de savoir que lorsqu'on est en difficulté, des gens passent des nuits à vous chercher. Naviguer dans un Imoca dans ces conditions, ça demande de l'énergie et du courage."
"Lorsqu'on s'est détourné pour aller chercher Kevin (Escoffier) qui était dans son radeau de survie, on a passé beaucoup de temps à scruter la mer toute la nuit, à remonter face au vent dans six mètres de creux pendant que les autres poursuivaient leur course, a témoigné Bestaven sur RMC. C'est normal qu'on ait cette compensation, et tant mieux."