Vendée Globe: "On n'empêchera jamais un gamin de rêver", la revanche de Seguin, né sans main gauche

Yannick Bestaven et Charlie Dalin, qui ont lutté pour la gagne jusqu'au dernier moment, ont logiquement pris beaucoup de lumière. Tout comme Jean Le Cam, le chouchou du public. Mais ce jeudi, un autre skipper a marqué le Vendée Globe de son empreinte: Damien Seguin (Groupe Apicil). A 41 ans, le double champion paralympique de 2.4mR - né sans main gauche - est devenu le tout premier marin handicapé à terminer la prestigieuse course autour du monde.
Compensations de temps comprises, Seguin a pris la septième place de l'épreuve, derrière Thomas Ruyant. Il est d'ailleurs le premier concurrent sans foil, sur un bateau d'ancienne génération, à avoir franchi la ligne d'arrivée.
Un chenal remonté... en Capitaine Crochet
Et après 80 jours de mer, le skipper nantais n'a pas perdu le sourire, puisque c'est dans un costume de Capitaine Crochet, avec un sabre et un crochet au bout du bras gauche, qu'il a remonté en début d'après-midi le chenal des Sables-d'Olonne.
"Je ne collectionne pas les trophées de chasse, mais je suis un passionné de mon sport, j'aime les challenges, j'aime les défis, j'aime porter un message aussi, a-t-il confié dans la foulée en conférence de presse. Un message simple et lisible, qui sort du cadre de la compétition, et la meilleure façon de le partager c'est de participer à une course que les gens regardent, que les gens admirent. C'était une bonne occasion de parler d'handicap, d'intégration, d'insertion, pour essayer de faire sortir le handicap de sa boite. Je n'ai pas vocation à incarner un exemple, mais si je peux juste élever un tout petit peu le débat... Quand je lis les messages que je reçois, force est de constater que c'est quelque chose qui a marqué, qui a plu."
"On n'empêchera jamais un gamin de rêver, qu'il soit valide ou handicapé"
Damien Seguin, qui a rappelé qu'il n'avait jamais navigué plus de 18 jours en solitaire avant ce Vendée Globe, espère donc contribuer, à sa manière, à une évolution des mentalités.
"J’ai une particularité physique, mais ça ne m’empêche pas d’essayer de réaliser mes rêves. Ne laissez personne vous mettre des barrières, lance-t-il. (...) On n'empêchera jamais un gamin de rêver, qu'il soit valide ou handicapé. La pire des choses ce serait qu'un enfant n'ait aucune ambition dans la vie. Moi j'ai peut-être une force de caractère qui me permet de franchir les obstacles avec un petit peu plus d'énergie, mais voilà... Je n'ai pas plus de prétentions que cela. Comme je le disais, le but c'est d'essayer de sortir le handicap de sa boite, parce que dans notre société, on aime bien mettre des couvercles au-dessus des gens, et c'est dramatique."