Vendée Globe 2024: "J'en ai 5 ou 6", comment le casque est devenu le meilleur ami du skipper

"C’est le grand huit de la Foire du Trône... Ça monte, ça descend, ça accélère, ça décélère, et ce qui est bien c’est que pas besoin de repasser à la caisse pour racheter un ticket: c’est toute la journée!” Malgré une belle frayeur ce mercredi matin, Yannick Bestaven ne perd pas son sens de l’humour. Et pourtant, comme tous ses concurrents du Vendée Globe qui naviguent dans les conditions musclées de l'océan Indien, il n'en mène pas large.
"Alors que je dormais paisiblement, le bateau est partie à l’abattée. Je me suis retrouvé à l’envers, les pieds dans l’eau, le mât dans l’eau", explique le vainqueur de la dernière édition.
Un réveil tonique qui menace désormais la majeure partie de la flotte qui, à tous les étages de la course, est entrée dans la lessiveuse comme en témoigne ce jeudi Romain Attanasio, 15e du général. "Je n’ai pas bien dormi. Dans la bannette, on se fait coller au plafond. Carnage! La mer est dans tous les sens, c’est un bouillon. Je fais des pointes à 30 nœuds et ensuite le bateau va se fracasser dans la vague. Il souffre, c’est horrible. À chaque fois qu’il tape je me dis, comment il résiste?"
Port du casque quasi-obligatoire
Alors sur la plupart des vidéos envoyées du bord, un accessoire s'impose chez pratiquement tous les skippers: le casque, un objet devenu indispensable sur ces monocoques de plus en plus rapides.
Il y a un an, Sébastien Simon et Charlie Dalin, qui emmènent aujourd'hui la flotte, ont connu des accidents particulièrement sévères avec pertes de connaissance et commotions cérébrales. De mauvais souvenirs qui les poussent désormais à se protéger.
"On peut associer ça à se prendre un mur au volant d'une voiture", explique Sébastien Simon.
"Je me suis réveillé avec le visage en sang, poursuit le skipper. J'ai dû me recoudre moi-même avec neuf agrafes. Si on m'avait demandé si j'étais capable de faire ça avant, j'aurais probablement dit non, mais c'est l'instinct de survie qui a dû parler. On a beaucoup appris de cet épisode et on a mis en place pas mal d'éléments de sécurité à bord du bateau et notamment le port d'un casque. Nous les marins, on n'a pas forcément l'habitude de faire ça, mais aujourd'hui ça devient presque un automatisme. Et dès que le bateau accélère à 20 nœuds seulement de vitesse (40km/h environ), je m’oblige à le porter."
"Les casques de rugby, ça n'est pas suffisant"
Même constat pour Charlie Dalin, en tête de la course, qui en plus des ceintures de sécurité sur les sièges, des bannettes adaptées ou des filets anti-projection qu’on peut trouver désormais sur les bateaux a choisi avec attention cet objet fétiche. Lui qui auparavant avait opté pour un casque de rugby en mousse sur son précédent bateau avait oublié de le prendre dans ses affaires lors de la dernière Ocean Race en équipage.
"Il y a eu cette grosse accélération, on a perdu 50km/h d'un coup, explique le navigateur. J'ai fait une commotion cérébrale. Il y avait Justine Metraux qui était là, qui s'est pas mal occupée de moi. Moi, je n'ai aucune mémoire de l'événement, donc heureusement que j'avais du monde autour pour s'occuper de moi. Les casques, j'en ai essayés plein depuis. J'ai pris ça encore plus au sérieux. Je me suis rendu compte que les casques de rugby, au final, ce n'était pas suffisant, qu'il fallait des casques en dur. Mais le cahier des charges n’est pas simple car un Grand Prix de moto ou de F1, ça dure beaucoup moins longtemps qu’un Vendée Globe. Nous, il faut un casque qui puisse se porter plusieurs heures de suite et tous les jours. Le mien est léger et agréable à porter."
Actuellement douzième du classement, la Britannique Samantha Davies s’est également habituée au port du casque. Il y a quatre ans la navigatrice avait violemment heurté un Ofni (Objet flottant non identifié). Si elle portait un casque et un gilet à impact, Davies s’était malgré tout cassé des côtes et avait dû s’arrêter pour réparer son bateau avant de repartir hors course. "Des casques, je crois que j’en ai cinq ou six. Même dans des conditions normales, on se cogne souvent la tête sur ces bateaux. J’ai un casque de rugby premier niveau s’il faut aller écoper au fond du bateau par exemple. Après j’ai un casque dur que je ne mettais auparavant que pour monter dans le mât. J’ai aussi des bonnets avec casque intégré. J’avais fait des recherches car dans les mers du Sud, on a froid à la tête. Et s’il se passe quelque chose quand on dort, on ne pense pas toujours à mettre le casque." Pendant trois semaines et la traversée de ces mers du Sud, la flotte du Vendée Globe va pouvoir suivre la consigne: port du casque obligatoire.