Virtual Regatta: Michel Desjoyeaux explique comment utiliser les polaires

Michel Desjoyeaux - AFP
Déjà dix jours passés à leurs côtés, seuls au beau milieu de l'océan, et pourtant une bonne partie de la flotte de Virtual Regatta ne leur a pas adressé un regard. Non, on ne parle évidemment pas de vos progressions au classement, sur la simulation en ligne du Vendée Globe, auxquelles vous consacrez déjà beaucoup de temps, mais des [roulements de tambour] coordonnées polaires. Il faut dire qu'elles se font discrètes, reléguées en bas du tableau de bord, avec le règlement pour voisinage.
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« Ce à quoi il faut s’intéresser en premier »
« Peu de gens s'en occupent et c'est pourtant ce à quoi il faut s'intéresser en premier, mais je dois reconnaitre que c’est rébarbatif », coupe Michel Desjoyeaux alors qu'on lui demande de nous souffler la meilleure trajectoire pour braver le Pot-au-Noir.
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L'unique double vainqueur de l'épreuve (2001 et 2009) nous embarque alors pour ces contrées hautes en couleurs mais quelque peu hostiles pour les marins d'eau douce. Car si elles s'apparentent à une charmante nuée de papillons, les données doivent désormais être déchiffrées. Poséidon soit loué, notre capitaine est surnommé "Le Professeur".
« Optimiser sa trajectoire »
« C'est un graphique où sont représentées les différentes vitesses que peut atteindre le bateau, en fonction de son angle par rapport au vent, avec chaque voile disponible. Le déchiffrer permet d'optimiser sa stratégie de course », résume le consultant RMC et BFM TV.
Plusieurs indicateurs y sont consultables. Tout en haut, le TWA (True Wind Angle), soit l'angle du vent susceptible de venir s'engouffrer dans les voiles. Les voiles justement se trouvent à gauche (les deux de base et les cinq optionnelles) accompagnées d'un autre paramètre : la vitesse qu'elles pourront vous permettre d'atteindre selon l'angle choisi. Enfin, tout en bas se trouve indiquée la vitesse du vent, avec un curseur automatiquement fixé sur sa force à l'instant T.
« Contrairement à un bateau à moteur, un bateau à voile n’avance pas à la même vitesse selon la force du vent, et notre angle par rapport au vent. Dans le graphique, on considère que le vent souffle du haut vers le bas, et que notre bateau est au milieu des cercles, décrit Desjoyeaux. On comprend bien que face au vent (vers le haut), on ne peut pas avancer. Pour gagner dans l’axe du vent, il faudra tirer des bords, l’optimum est autour de 45-50° du vent. Si vous voulez faire du vent arrière (vers le bas du graphique), vous pouvez, mais vous progresserez plus vite en zigzaguant, autour de 140° du vent. »
« On fait plus de route mais… »
« Ces angles optimums, qui sont différents selon la force du vent et vent de face ou vent de derrière, sont la meilleur progression, ce qu’on appelle le VMG, Velocity Made Good, poursuit-il. D’accord, on fait plus de route, mais on va plus vite vers le but. De plus, ça peut permettre d’aller se positionner sur le plan d’eau à un endroit où le vent aura une meilleure force et direction. » Au risque de gagner les Sables d'Olonne (et de perdre ses papillons dans le ventre) un peu trop vite.
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Vent devant, le solent (en rouge) et le code 0 (en orange) sont ici les voiles les plus adaptées. Vent arrière, on préférera le grand gennaker (en bleu). A condition d'avoir craqué pour quelques options. Mais avec un spi et un foc, on peut aussi faire de très belles choses.