Voile: "Un rêve d’enfance" pour Louise Cervera, championne du monde en ILCA6

Louise Cervera, que ressentez-vous maintenant que vous êtes championne du monde?
C’est ‘hyper d’émotions’. Au début, je ne réalisais pas trop. Je n’arrivais pas à dire ‘Louise tu es championne du monde.’ Je me parlais à la troisième personne du singulier (rires). C’était un peu bizarre. C’est le Graal. C’est un rêve d’enfance. Les autres concurrentes viennent te féliciter. Ce sont des moments assez forts en émotions que je viens de vivre aujourd’hui.
Comment avez-vous géré l’attente? Car les régates ont été annulées plusieurs jours de suite en raison du mauvais temps...
J’ai eu la capacité de rester assez calme. A la fin de chaque journée (sans course), je faisais ma récup’, mes routine calées. Et le lendemain d’une journée sans course je me disais, ‘allez c’est le début du championnat du monde’. Je suis restée dans le présent et le positif à ne pas trop râler par rapport aux conditions. On n’allait pas enlever le brouillard et ramener plus de vent. J’ai attaqué les deux dernières journées en me disant que je n’avais rien à perdre, que j’allais naviguer au mieux, que j’allais mettre en place ce que j’ai travaillé pendant ces années. La journée d’hier (2e place provisoire) m’a donné envie d’aller faire quelque chose.
Il n’y a eu que 6 régates contre 10 habituellement. Chaque manche revêtait plus d’importance que d’habitude...
J’ai pris manche après manche hier. Après mes deux victoires, je me disais qu’il y avait quelque chose à faire. Je n’avais pas une seule mauvaise course et il restait trois régates aujourd’hui. Après la première où je fais 4e je me dis ‘bon il y a peut-être quelque chose à aller jouer… Je me suis un peu mis la pression sur la 2e manche du jour en me disant qu’il fallait faire quelque chose (8e). J’ai lâché les chevaux sur la dernière (4e). Je voulais me faire plaisir, tout donner. Maintenant, je suis sur les rotules (rires).
La Polonaise Agata Barwinska était en tête à l’issue de la première journée (avec trois manches quasi-parfaites). Dès le début du jour 2, elle céde avec une 17e position. Cela vous a libérée?
J’ai été libérée aujourd’hui après ma deuxième manche. Je n’avais pas de mauvaise course par rapport à elle. Ça m’a libérée pour la dernière. Je pouvais y aller au maximum et grapiller le maximum de points. Agata Barwinska est une amie, on s’entraîne ensemble. C’est un moment assez fort de partager le podium ensemble. C’est aussi révélateur qu’on a mis en place les choses qui marchent. Faire 1 et 2 ça fait mal aux adversaires.
En quoi votre 10e place aux JO 2024 l’an passé, vous a aidée?
Après la première course des JO (1ere), j’étais en position de faire quelque chose. Je sais que j’ai manqué le podium à cause de petites erreurs. Je savais que je n’étais pas loin, que j’étais prête pour. Ca m’a prouvé que je pouvais faire des podiums internationaux. Après les JO, je voulais une victoire, des podiums sur un championnat du monde ou d’Europe. Je n’ai pas voulu faire de pause. Je suis directement repartie à l’entraînement pour aller chercher ce dont j’avais envie. Quelques mois après, c’est ce que j’ai obtenu. Les erreurs passées m’ont aidé. Je voulais trop bien faire. Il y a eu des courses où je faisais n’importe quoi. Sur ce Mondial, j’ai été beaucoup plus posée et mature sur la gestion de l’événement.
Un titre mondial dès le début de l’olympiade c’est la rampe de lancement parfaite vers Los Angeles 2028.
Dans mon plan idéal, je n’avais pas mis ça. J’avais écrit top 5 pour ensuite faire podium en 2026 puis gagner les Mondiaux 2027! Maintenant je me dis que je peux gagner les trois titres qui arrivent. Ca lance vraiment bien l’olympiade. Ça donne envie. Ça montre qu’on est sur la bonne voie avec toute mon équipe. Je prends énormément de plaisir dans ce que je fais. Ça donne envie de continuer et ça donne un petit truc en plus pour donner encore plus à l’entraînement afin d’aller chercher les plus belles choses.