Mondiaux d’athlétisme: les cinq stars internationales à suivre à Doha

Christian Coleman, le vrai faux-départ de la fusée américaine
L’Américain est actuellement l’homme le plus rapide sur 100m. Il fait partie de la nouvelle génération exceptionnelle venue des Etats-Unis. Et à 23 ans, il peut légitimement espérer devenir le meilleur sprinteur du monde. Avec la meilleure performance mondiale de l’année en 9’’81, devant ses compatriotes Noah Lyles ou Justin Gatlin, le Nigérian Divine Oduduru ou le Français Jimmy Vicaut, Coleman a pourtant vécu un été à suspense.
Le temps de quelques semaines, l’Américain s’est retrouvé menacé d’exclusion des championnats du monde et des prochains Jeux olympiques à Tokyo pour trois "no-shows" (des absences non justifiées) lors de contrôles anti-dopage, en moins d’un an. L’USADA, l’agence américaine antidopage, l’avait donc sanctionné. Une bombe évidemment dans le milieu de l’athlétisme, où le sujet du dopage crispe tout le monde.
Mais Christian Coleman s’est toujours montré serein face à ces accusations et a laissé travailler ses avocats. Serein car il savait qu’une erreur de date avait été commise par l’USADA pour le premier "no-show" et qu’il n’en cumulait donc pas trois sur une seule année. Il sera bien au départ du 100m de Doha. Mais avec Christian Coleman et Justin Gatlin dans les starting-blocks, l’épreuve reine sentira forcément la poudre.
Le programme du 100m: séries le vendredi 27 septembre / demi-finales et finale le samedi 28 septembre

Noah Lyles, le nouvel Usain Bolt ?
Il représente, peut-être plus encore que Coleman, l’avenir radieux du sprint américain. Showman, souriant, et surtout incroyablement rapide, Noah Lyles rappelle son glorieux aîné jamaïcain Usain Bolt. A 22 ans seulement, Lyles est un phénomène de précocité. Deuxième au bilan mondial sur 100m avec 9’’86, il est surtout devenu cet été le 4e meilleur performeur de tous les temps sur 200m en claquant un chrono de 19’’50 en Ligue de Diamant, sur la piste de Lausanne.
Si le record du monde d’Usain Bolt (19’’19) paraît encore un peu loin, le jeune Américain fait déjà partie de l’histoire de la discipline. Sur le demi-tour de piste, Noah Lyles devra faire face à une concurrence dense, comme le champion du monde turc Ramil Guliyev, l’Equatorien Alex Quinonez, le Canadien André de Grasse ou son compatriote américain Michael Norman. Mais même au milieu de cette jungle, le jeune lion paraît taillé pour la plus haute marche du podium. Et s’il a décidé de se concentrer uniquement sur le 200m à Doha, Lyles a déjà prévu de doubler 100m-200m aux Jeux olympiques de Tokyo.
Le programme du 200m : séries le dimanche 29 septembre / Demi-finales le lundi 30 septembre / Finale le mardi 1er octobre

Sam Kendricks, plus fort que Renaud Lavillenie?
Le saut à la perche vit une période faste. Dans le sillage du recordman du monde français Renaud Lavillenie (6m16 en 2014), une meute internationale s’est lancée à sa poursuite et la densité actuelle de perchistes de très haut niveau est exceptionnelle. Tout en haut de la pyramide, on retrouve l’Américain (encore !) Sam Kendricks. Originaire du Mississippi, il arrive au Qatar auréolé de son statut de champion du monde en titre. Et surtout avec la meilleure performance mondiale de l’année avec 6m06. Réalisé à Des Moines (Etats-Unis) le 27 juillet 2019, ce saut fait entrer Kendricks dans une nouvelle dimension.
Excepté le légendaire Serguei Bubka, jamais personne n’avait sauté si haut en plein air (pas même Renaud Lavillenie, dont le record à 6m16 est "indoor"). Et la barre pourrait encore grimper dans le ciel de Doha, car l’émulation est à son apogée. Face à Sam Kendricks, le Polonais Piotr Lisek est dans la forme de sa vie (6m02 cet été), la pépite suédoise Armand Duplantis progresse à pas de géant (6m00), le champion olympique brésilien Thiago Braz est toujours en embuscade, et Renaud Lavillenie, malgré une saison plus que moyenne (5m85 au mieux) n’a pas abandonné son rêve d’accrocher pour la première fois de sa carrière le titre de champion du monde en plein air.
Le programme de la perche: Qualification le samedi 28 septembre / Finale le mardi 1er octobre

Karsten Warholm, premier rôle d’un 400m haies titanesque
Malheureusement pour les Français, Karsten Warholm va de plus en plus vite. Le Norvégien avale les haies à une telle vitesse, qu’il a fondu sur le record d’Europe du 400m haies détenu par Stéphane Diagana depuis 1995. Et ce n’était que le début de son été. Depuis, Warholm se rapproche du mythique record du monde de Kevin Young (46’’78 en 1992). Lors de la finale de la Ligue de Diamant à Zürich en Suisse, le champion du monde en titre a couru en 46’’92, soit le deuxième chrono de tous les temps. Une progression éclaire cet été, bien aidée par une concurrence absolument démentielle.
Si tout se déroule sans accroc, le podium à Doha est déjà connu. Car outre Karsten Warholm, l’Américain Rai Benjamin et le Qatarien Abderrhaman Samba affolent les compteurs. A Doha, devant son public, le Qatarien voudra briller à coup sûr. Et si jamais une panne devait toucher un des extraterrestres, ce serait tout bénéfice pour la France, car le meilleur terrien s’appelle Ludvy Vaillant (à plus d’une seconde et demie tout de même du Norvégien Warholm).
Le programme du 400m haies : Séries le vendredi 27 septembre / Demi-finales le samedi 28 septembre / Finale le lundi 30 septembre

Mariya Lasitskene, championne sans drapeau
La Russe est la reine incontestée du saut en hauteur. Double championne du monde en titre, championne d’Europe, elle a remporté 95% des concours auxquels elle a participé depuis 2016. Une série phénoménale pendant laquelle elle n’a pas entendu l’hymne russe. Pire, Mariya Lasitskene s’est vu privée des Jeux olympiques de Rio en 2016 après le scandale de dopage qui a touché la Russie et l’exclusion du pays des compétitions internationales par l’IAAF. Elle a depuis été réintégrée en tant qu’athlète propre, mais concourt sous bannière neutre. Un statut difficile à porter, mais la championne se porte en première ligne pour demander un grand nettoyage à la tête de la Fédération russe. Sur le plan sportif, son duel avec l’Ukrainienne Yuliya Levchenko sera également passionnant.
Le Programme du saut en hauteur : Qualification le vendredi 27 septembre / Finale le lundi 30 septembre
Si le plateau féminin est moins relevé que chez les hommes, d’autres stars seront évidemment à Doha comme la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce, reine du 100m (quintuple médaillée olympique), qui revient fort après la naissance de son petit garçon l’année dernière, ou encore l’Américaine Sydney McLaughlin, meilleure coureuse de 400m cette année.
