F1: comment expliquer les difficultés d'Hamilton en ce début de saison

Il fallait remonter au Grand Prix du Brésil en 2017 pour ne pas retrouver Lewis Hamilton en Q2. Mais cette élimination était dûe alors à un accident, alors qu'il bataillait pour un quatrième titre mondial. Samedi, lors des qualifications pour le GP d'Arabie saoudite, c'est bien sur ses qualités de pilotage, ou des capacités plutôt de sa voiture, que le Britannique a été sorti. Un échec à la régulière qui ne lui était plus arrivé depuis le Grand Prix de Grande-Bretagne en 2009.
Seizième au temps, Lewis Hamilton s'élancera en principe en quatorzième position sur la grille au jeu des forfaits et des pénalités. Fataliste, le septuple champion du monde s'est plaint du manque d'appuis aérodynamiques à l'arrière de sa monoplace. "Je n'avais pas de train arrière donc j'ai souffert dans les virages. J'ai hâte de rentrer à la maison", lançait Hamilton avant la bataille en course, alors qu'il se laisse la possibilité de "modifier sa voiture" avant le départ, ce qui le contraindrait à partir depuis les stands.
Hamilton ne voulait pas courir après l'attaque sur le site pétrolier
Outre les mauvaises performances de sa voiture, Lewis Hamilton a sans doute aussi en tête le contexte dans lequel s'inscrit ce week-end. Le circuit de Djeddah n'est situé qu'à quelques kilomètres d'un site pétrolier où est survenu une violente explosion vendredi. Malgré l'attaque au drone revendiquée par les rebelles réménites Houthis, le Grand Prix aura bien lieu après un accord trouvé à l'issue de plusieurs réunions de crise. S'il n'a pas exprimé un désaccord public, Lewis Hamilton ne souhaitait pas rester en Arabie saoudite après cette attaque selon plusieurs médias.
"Cash is king", critiquait le pilote Mercedes lors du début de saison 2020, lancée en Australie en pleine pandémie de coronavirus. La Formule 1 s'était résolue finalement à plier ses bagages et annuler la course. Cette fois, la FIA a tenu bon mais Lewis Hamilton a certainement repensé à son propre adage, devenu célèbre depuis et repris par d'autres sportifs comme Daniil Medvedev.
Si Lewis Hamilton n'a sans doute pas totalement tout son esprit tourné vers ses performances sur la piste, celles-ci interrogent forcément. Pourtant, la saison a plutôt bien commencé avec une troisième place obtenue dimanche dernier à Bahreïn derrière les deux Ferrari. Hamilton avait profité de l'abandon de Max Verstappen dans les derniers tours (imité par son coéquipier Sergio Perez) pour obtenir un premier podium devant son nouveau partenaire George Russell.
Un changement de réglementation, qui a réduit l'écart avec Mercedes
"Pour le moment, je ne pense pas que nous allons nous battre pour la victoire", prévenait en début de saison Lewis Hamilton. Oui mais voilà, ce discours ne passe plus forcément dans le paddock, où nombreux sont ceux à soupçonner les Mercedes de cacher leur jeu avant le début de saison. "Si j'écoute les déclarations, Mercedes a une voiture merdique depuis les essais hivernaux de 2016. Je m'attends à ce qu'ils soient compétitifs", balayait le champion du monde Max Verstappen.
La W13 des Mercedes semble tout de même bien en retard, notamment par rapport aux monoplaces de Ferrari et de Red Bull. "J'ai pu voir que Lewis était en difficulté et qu'ils ont beaucoup de travail pour se battre à l'avant. La conclusion est que Mercedes n'a pas l'air aussi forte que par le passé", notait lui Pierre Gasly après les tests d'avant-saison.
Il faut dire que la Formule 1 a opéré une petite révolution en cette saison 2022 entre changement de la réglementation technique, plafonnement des budgets et le développement des monoplaces. L'objectif de la FIA est de diminuer les écarts et de redistribuer les cartes. Réputée pour être performante en matière de développement, Mercedes doit par conséquent se réinventer pour rester au sommet.
"On tâtonne encore avec les réglages", explique Toto Wolff
Patron de l'écurie Mercedes, Toto Wolff avait une explication ce samedi à l'échec de Lewis Hamilton, dû selon lui à un changement de réglages "un peu plus audacieux". "On tâtonne encore avec les réglages, on se cherche, confirmait Wolff. On doit continuer à se battre car notre place n'est pas acceptable." La Flèche d'Argent de la recrue George Russell n'a pas suivi les choix de son coéquipier et a pu se battre jusqu'en Q3, terminant 6e. "J'ai voulu modifier quelques réglages pour tenter de l'améliorer encore un peu mais je suis sans doute allé trop loin dans les changements, concédait Hamilton. Je ne sais pas si ça vient réellement de là mais en tout cas le comportement de la voiture ne me convenait plus du tout. Je ne sais pas vraiment ce que George avait comme réglages, mais en tout cas je n'ai pas été à la hauteur du potentiel de la voiture."
"Il ne faut pas s'attendre à des miracles", notait encore Lewis Hamilton, qui se préoccupait surtout de l'état de santé de Mick Schumacher, auteur d'un grave accident en Q2, qui le contraint à louper la course. Vainqueur du Grand Prix d'Arabie saoudite le 5 décembre, ouvrant le palmarès à Djeddah, Lewis Hamilton avait dominé Max Verstappen après une grosse bataille et dans un contexte de lutte pour le titre mondial face au Néerlandais. Moins de quatre mois après, Hamilton va surtout devoir lutter avec sa voiture pour la comprendre au mieux en vue des prochaines échéances.