MotoGP : les courses sprints divisent les pilotes

Un départ groupé, une grille en fonction des résultats en qualifications, une longueur de course divisée par deux par rapport au dimanche et les points distribués divisés par deux à l’arrivée. Voici les grands principes des courses sprints, auxquelles assisteront les fans de moto tous les samedis lors des week-end de course. Ces "sprint races", annoncées en fin d’année dernière, ont pour but de redynamiser le Moto GP. "Nous pensons qu’il est temps d’offrir plus d’exposition, de spectacle pour les télévisions mais aussi les spectateurs, clamait Carmelo Ezpeleta, le patron de la Dorna, promoteur du MotoGP. Nous avons besoin de plus de show et de remplir le samedi."
Le "show" avant tout
La nouvelle séduit peut-être les fans, qui verront plus de rebondissements, de prises de risques, mais elle divise au sein du paddock. Il y a ceux qui acceptent, voire s’enthousiasment, à l’image de Jack Miller. "Ça m’excite, avouait le pilote australien il y a quelques semaines. Le changement a toujours du bon, sinon les choses deviennent ennuyeuses. Nous aimons tous piloter et avoir l’opportunité de faire plus de courses. Je suis sûr que ce sera un super show pour les fans, chez eux."
Pour Joan Mir, "cela rendra le samedi plus intéressant", "un ingrédient de plus pour plaire aux fans et un beau challenge pour nous et les équipes", selon Miguel Oliveira. "Je pense que ce sera fun, ça apporte quelque chose de cool", pense Brad Binder, tandis que Franco Morbidelli parle "d’un gros changement. Tout ce qui apporte de l’attention sur notre sport est positif." "Nous en avons besoin, appuie même Pol Espargaro. Pour rendre notre discipline plus fun, spectaculaire, car d’autres sports font de meilleurs shows que nous. Même si ce sera stressant et dur physiquement."
Quartararo en frondeur
La notion de "show" revient presque tout le temps. Mais ne parvient pas à convaincre certains pilotes. "Je ne suis pas fan, souffle Fabio Quartararo au micro RMC Sport. En faire quatre, cinq ou six dans l’année pourquoi pas. Mais faire toute la saison, je trouve que c’est un peu nul. Les qualifs c’est un show assez cool, on se met à la limite… et les faire le matin juste après une séance d’essais libres, je trouve cela un peu fade. Pour moi, le show d’une qualif sera beaucoup mieux qu’une sprint race. Mais ils ont décidé de faire ça, on verra le bilan à la fin." "J’espère que s’ils font ça, c’est qu’ils espèrent vraiment que la popularité de notre sport va augmenter, s’améliorer", questionne Aleix Espargaro.
"En termes de sécurité, pas la meilleure idée"
Autre point soulevé par les sceptiques: l’exigence physique et les risques de ces courses-sprints. "Niveau blessures, on n’est pas dans une voiture, on peut tomber très facilement, une chute dans un premier virage après un départ, explique Quartararo. Il y a déjà énormément de courses. On en rajoute encore vingt-et-une. Le risque, ce sera donc quarante-deux départs. Que la course fasse trois ou vingt tours, le plus gros risque c’est au départ. Je trouve que c’est un peu difficile de voir cela comme une amélioration pour le sport."
Aleix Espargaro abonde: "Il faut essayer mais je ne suis pas très enthousiaste pour le moment. Quarante-deux départs dans l'année, c'est très risqué et très exigeant. En termes de sécurité, ce n’est sûrement pas la meilleure idée mais il faut essayer." Lors de l’annonce, certains s’étaient aussi émus de ne pas avoir été consultés par la Dorna. "Je ne suis pas persuadé que ça va amener les gens. On verra en temps voulu, pose Éric Mahé, manager de Quartararo, à notre micro. Ce que je déplore c’est le manque de concertation. On a été informés la veille et c’était comme ça. Ça aurait mérité d’être pris en amont, ça aurait peut-être mérité de faire un test l’an passé pour voir comment ça se passait. Tout le monde a été mis au pied du mur."
Zarco attend de voir
Ce format a en tout cas déjà été testé en Superbike, plutôt avec succès… même si les enjeux ne sont pas les mêmes. Le Français du Team Pramac, Johann Zarco, vit cela avec du recul: "De toute façon on n’a pas le choix, c’est pour ramener un peu de spectacle, dit-il dans le Super Moscato Show. Ça peut être sympa. On a vu tous les pilotes beaucoup s’entraîner cet hiver. Je pense qu’on va tous finir par trouver notre rythme mais c’est sûr que le naturel de l’humain était de se plaindre au début. On a eu des périodes où on était payés pendant le Covid, maintenant à nous de rendre la pareille en proposant plus de show."