NBA: LeBron James fait tomber le record de points d’Abdul-Jabbar, et entre un peu plus dans l’histoire

À 38 ans, le King décroche une nouvelle couronne. Pas forcément la plus belle pour celui qui a déjà remporté quatre titres de champion (2012, 2013, 2016, 2020). Mais assurément l’une des plus symboliques. Alors qu’il ne lui manquait que 36 points pour dépasser Kareem Abdul-Jabbar, LeBron James est officiellement devenu le meilleur scoreur (saison régulière) de toute l’histoire de la NBA dans la nuit de mardi à mercredi contre le Thunder d’Oklahoma City.
Avec désormais 38.390 points inscrits depuis le début de sa carrière en 2003 avec les Cleveland Cavaliers, LeBron James est parvenu à atteindre une barre qui semblait inatteignable, celle des 38.387 unités de "KAJ". La semaine passée, il assurait avoir conscience d’être sur le point de battre "l'un des plus grands records dans le sport en général, l'un de ceux dont on pense qu'il ne sera jamais battu". Et les faits lui donnent raison, car ce trône n'a changé qu'une fois de propriétaire depuis 1966, lorsque Abdul-Jabbar dépassa Wilt Chamberlain, le 5 avril 1984. Au final, LeBron James n’aura eu besoin "que" de 1410 matchs, soit 150 de moins que KAJ, pour dépasser la barre mythique établie par le légendaire pivot de 2,18m.
Surnommé "l'élu" dès son adolescence
Au milieu d’une saison galère sur le plan collectif, ce record statstique sonne comme un accomplissement pour celui qui a été érigé au rang de superstar dès son adolescence. "The Chosen One" ("l’élu") titrait Sports Illustrated, l’un des plus grands magazines sportifs américains, le 18 février 2002, à une époque où LeBron James venait de fêter ses 17 ans et évoluait encore au lycée.
"J'avais peur de ruiner sa vie en le mettant en couverture, confiait Grant Wahl, qui a écrit l'article sur LeBron James dans ce fameux numéro de Sports Illustrated, dans les colonnes de The Undefeated en 2017. C'est une chose de faire un reportage sur quelqu'un à l'intérieur du magazine. Mais quand vous mettez un adolescent sur la couverture et que vous le proclamez 'l'élu'..." Plus de 20 ans après, la vie de "LBJ", qui s’est fait tatouer ce fameux "Chosen 1", dans le dos, n’a pas vraiment été ruinée. Et cette Une prend désormais des allures de prémonitions.
Le classement des meilleurs scoreurs de l’histoire de la NBA (saison régulière)
1. LeBron James, 38 390
2. Kareem Abdul-Jabbar, 38 387
3. Karl Malone, 36 928
4. Kobe Bryant, 33 643
5. Michael Jordan, 32 292
6. Dirk Nowitzki, 31 560
7. Wilt Chamberlain, 31 419
8. Shaquille O'Neal, 28 596
9. Carmelo Anthony, 28 289
10. Moses Malone, 27 409
LeBron James est allé chercher ce record en s’appuyant sur une formidable longévité. Après 20 saisons en NBA, le premier choix de la draft 2003 affiche encore des statistiques affolantes. Depuis le début de saison, au milieu du marasme des Lakers, il affiche 30 points de moyenne par match, 8,5 rebonds et 7,1 passes. En 20 ans sur les parquets professionnels, il n’a atteint une telle moyenne de points qu’à trois reprises: en 2005-2006, 2007-2008 et... 2021-2022.
Un phénomène athlétique devenu l'un des joueurs les plus complets de l'histoire
Au fil des années, l’ultra-polyvalent ailier, capable d’évoluer à presque tous les postes et peut-être le joueur le plus complet de toute l’histoire de la NBA, a su faire évoluer son jeu pour rester au sommet de son sport. Le basketteur surpuissant et hyper athlétique de sa première partie de carrière a peu à peu laissé sa place à un joueur cérébral capable de contrôler le tempo d’un match et de tout voir avant tout le monde, au point de devenir il y a quelques jours… le quatrième meilleur passeur de l’histoire de la Grande Ligue, devant des spécialistes en la matière comme Steve Nash ou encore Magic Johnson. Au fil des saisons, il a également su faire évoluer son jeu pour s’adapter à une NBA moderne de plus en plus axée sur le shoot extérieur. En 2021-2022, il prenait huit tirs à trois points par match, contre une moyenne de quatre lors de ses cinq premières saisons. Le tout avec un meilleur pourcentage de réussite.
En parallèle, le natif d’Akron, dans l’Ohio, a su prendre soin d’un physique hors norme pour éviter les blessures à répétition et rester l’un des athlètes les plus impressionnants de la ligue. Alors que Kareem Abdul-Jabbar avait pu régner pendant 20 saisons dans les raquettes NBA grâce à sa taille et son indéfendable "sky hook" (un tir en enroulant son bras au-dessus de sa tête), de nombreux observateurs craignaient que les moyennes statistiques chutent en même temps que la domination physique du "King" James s’étiolait. Mais, après 20 saisons, il n’en est rien. Quand Kareem Abdul-Jabbar adepte du yoga, s'était imposé un régime alimentaire strict après s'être converti à l'islam, "LBJ" dépense des centaines de milliers de dollars chaque année pour rester en pleine forme, entouré de cuistots, diététiciens, coachs et autres masseurs personnels. Et le résultat est bluffant.
L'insoluble débat du meilleur joueur de tous les temps
Avec ce record, l’insoluble débat du GOAT, le meilleur joueur de tous les temps, va inévitablement être relancé. Désormais, que faudrait-il à LeBron James, meilleur scoreur et quatrième meilleur passeur de l’histoire, seul joueur depuis la création de la NBA avec au moins 30.000 points, 10.000 rebonds et 10.000 passes décisives, quadruple champion, quadruple MVP de saison régulière, quadruple MVP des finales et 13 fois membre de la All-NBA first Team (l’équipe-type de la saison), pour mettre Michael Jordan dans son rétroviseur ?
Si les compteurs statistiques suffisaient pour trancher ce débat, LeBron James aurait déjà dû régler la question depuis le 6 mars 2019, date à laquelle il s’est emparé de la quatrième place de la légende des Chicago Bulls dans ce fameux classement des meilleurs scoreurs. Mais la trace laissée dans l’histoire de son sport se mesure avec des critères bien plus subjectifs et ne se limite pas aux nombres de paniers rentrés. Même si, en ce qui concerne cette catégorie, il n’y a désormais plus de débat.