Toux continue, explosion de particules fines: la forte pollution aux Mondiaux de cyclisme inquiète les coureurs

C’était l’une des réserves émises par les détracteurs de la programmation des championnats du monde de cyclisme à Kigali, la capitale du Rwanda. Avec la question sécuritaire, la qualité de l’air dégradée de la capitale rwandaise inquiétait certains suiveurs. Si les autorités ont mis en place un important dispositif pour rassurer tout le monde sur le premier point, celui de la pollution semble avoir gêné plusieurs coureurs depuis le début des épreuves le week-end dernier.
"Je tousse tous les après-midis après l'entraînement"
Tadej Pogacar y a brièvement fait allusion après son échec sur le contre-la-montre individuel (4e à 2’37’’ de Remco Evenepoel). "Peut-être que l’air est un peu mauvais", a-t-il confié à l’arrivée tout en insistant sur la supériorité insolente d’Evenepoel, qui l’a même doublé peu de temps avant la ligne d’arrivée. Sa compagne Urska Zigart s’est, elle, montrée bien plus explicite sur le sujet, après sa 16e place à 3’30’’ de la lauréate, Marlen Reusser.
"Les deux derniers kilomètres ont été tout simplement horribles pour moi", a lancé la Slovène à Cycling Pro Net après la course. "Je ne trouvais pas de sensations sur les pavés, mes mains glissaient sans cesse du guidon et heurtaient les leviers de vitesse, et j'étais déstabilisée. Je n'arrivais pas du tout à attaquer. Même avant cela, le parcours était vraiment difficile. (…) Je ne sais pas si c'est précisément l'altitude, mais je pense que la qualité de l'air n'est pas optimale. Je tousse tous les après-midis après l'entraînement ou la course, juste à cause de l'effort. Je pense que nous devons tous nous y habituer ici."
Au cœur d’une saison bien remplie, beaucoup de coureurs sont arrivés tard sur place et n’ont pas eu le temps de s’habituer à ces conditions hostiles couplées à l'altitude et l'humidité. "Nous savons qu'il y a des problèmes de qualité de l'air ici au Rwanda. Nous courons en Afrique. Et nous savons que l'indice de qualité de l'air est souvent supérieur à 100", a déclaré l’Américain Chris Horner, ancien coureur américain, vainqueur de la Vuelta en 2013. "Urska Zigart, la fiancée de Tadej Pogacar, a évoqué la qualité de l'air et la forte toux qu'ils ressentaient après."
"Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si grave"
Les participants du contre-la-montre en relais mixte ce mercredi devraient de nouveau se confronter à ces conditions délicates. L’indice de qualité de l’air (IQA) est fixé à 107 ce mercredi au Rwanda, quand il est de 24 à Paris. La concentration de particules fines (PM2,5) est, elle, huit fois supérieure au seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le site IQAir recommande dans pareil cas de réduire ses acitivités en plein air, de fermer les fenêtres et de porter un masque en extérieur pour les personnes sensibles. Selon les mesures de la pollution de l’air de Kigali, respirer en extérieur cette semaine dans la ville équivaut à fumer 7,5 cigarettes.
Demi Vollering, star du cyclisme féminin vainqueur du Tour de France 2023, ne s'est pas montrée aussi précise sur sa gêne mais son ressenti fut aussi pénible après avoir pris la troisième place du chrono féminin à une minute de Reusser (elle était tellement mal qu'elle pensait être hors du Top 20). "La qualité de l’air est évidemment différente ici, mais je n’ai pas trop souffert de la chaleur", a-t-elle confié après la course. "Mon rythme cardiaque était juste très élevé aujourd’hui, et je dois prendre le temps de réfléchir à tout cela. Mais je pense que tout le monde a eu des difficultés."
La Française Juliette Labous, 7e, avait aussi dressé un portrait sombre de sa course. "Les conditions sont assez difficiles ici, avec l'altitude et la pollution de l'air, et je ne m'attendais pas à ce que ce soit si grave", avait-elle confié à Cyclingnews. "Il y a aussi la chaleur: il fait assez chaud et nous sommes proches de la couche d'ozone. L'air est assez raréfié, ce qui rend la respiration assez difficile. Je pense donc que c'est un peu une combinaison de tout cela. Je pense qu'avec un peu d'adaptation dans les prochains jours, ça devrait aller mieux. Mais aujourd'hui, ça n'a pas été facile." Cela ira peut-être mieux dès ce mercredi où elle sera alignée sur le relais mixte français avec une belle chance de médaille.