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Cyclisme: l’ancien patron russe de Tinkoff craint pour sa vie après avoir critiqué la guerre en Ukraine

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Oleg Tinkov, milliardaire russe et ancien patron de l’équipe cycliste qui portait le nom de sa banque, dit craindre pour sa vie après avoir critiqué la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Dans sa biographie Instagram, il se targue d’être un oligarque ayant créé "quatre sociétés différentes sans aucun soutien du gouvernement". Oleg Tinkov, milliardaire russe, a d’ailleurs usé de son indépendance pour critiquer la guerre menée par la Russie en Ukraine. Il en a vite payé le prix fort. Dans une interview accordée au New York Times, l’ancien propriétaire de l’équipe cycliste portant le nom de sa banque (Tinkoff-Saxo) pendant trois ans (2013-2016) annonce avoir subi de grosses pressions dès le lendemain.

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Il assure que l’administration de Vladimir Poutine, président russe, a contacté les dirigeants de l'établissement (qu'il a créé en 2006) et a menacé de le nationaliser si Tinkov ne se retirait pas. Ce dernier a donc vendu sa participation de 35% à un milliardaire russe dans ce qu’il décrit comme "une vente désespérée".

"Je ne pouvais pas discuter du prix, a-t-il ajouté. C'était comme un otage - vous prenez ce qu'on vous offre. Je n'ai pas pu négocier." Il garde aussi secret le lieu où il vit et s’est adjoint les services de garde du corps après avoir obtenu des renseignements selon lesquels il devait craindre pour sa vie. "Le Kremlin va peut-être me tuer", a-t-il lancé avec ironie en craignant un sort cette fois fatal après avoir vaincu une leucémie en 2019.

"La Russie, en tant que pays, n'existe plus"

"Ils ont dit (à la banque): ‘la déclaration de votre actionnaire n'est pas la bienvenue, et nous nationaliserons votre banque s'il ne la vend pas et que le propriétaire ne change pas, et si vous ne changez pas le nom’", a-t-il confié en citant des sources de la banque.

"J'ai réalisé que la Russie, en tant que pays, n'existe plus, a-t-il déclaré en prédisant que Poutine resterait longtemps au pouvoir. Je croyais que le régime de Poutine était mauvais. Mais bien sûr, je n'avais aucune idée que cela prendrait une telle ampleur catastrophique." Dans un communiqué, la banque semble prendre ses distances avec son créateur. "Oleg ne s’est pas rendu à Moscou depuis de nombreuses années, n'a pas participé à la vie de l'entreprise et n'a été impliqué dans aucune affaire", indique l’établissement dont il avait démissionné en 2019, tout en conservant une participation de 35% dans la société.

Le 19 avril dernier, il est définitivement tombé en disgrâce auprès du gouvernement russe en qualifiant l’invasion russe de "folle". "Pourquoi aurions-nous une bonne armée si tout le reste dans le pays est dysfonctionnel et embourbé dans le népotisme, la servilité et l'asservissement?", avait-il lancé.

NC