Cyclisme: la forme exceptionnelle de Démare en 2020

Il y a ceux à qui le confinement a cassé les jambes, voire le moral. Et puis il y a Arnaud Démare. Victorieux pour quelques millimètres de la 4e étape du Giro mardi, le Picard a confirmé qu’il est depuis l’été le meilleur sprinteur du circuit. Ou du moins le plus régulier. Et ce n’est même pas du chauvinisme exacerbé, puisque les statistiques parlent pour lui.
Depuis la reprise des courses fin juillet, le coureur de la Groupama-FDJ a remporté Milan-Turin, deux étapes plus le général sur le Tour de Wallonie, le championnat de France, trois étapes plus le général sur le Tour de Poitou-Charentes, une étape sur le Tour du Luxembourg, et donc une étape sur le Tour d’Italie. Ce qui fait onze succès en 2020 pour Démare - sans compter ses multiples podiums comme au championnat d’Europe. Plus que n’importe quel autre cador du peloton.
Il a battu presque tous les sprinteurs en deux mois
Derrière, Tadej Pogacar n’affiche en effet "que" neuf victoires au compteur, comme Remco Evenepoel, qui aurait pu faire mieux que le Français mais qui a vu sa saison prendre fin le 15 août en chutant d’un pont sur le Tour de Lombardie. Primoz Roglic est à sept succès, et même Wout Van Aert, impressionnant cette saison, n’en est qu’à six.
Alors oui, les plus exigeants feront remarquer que sur les onze victoires de Démare, une seule est catégorisée en World Tour (l’étape du Giro), et qu’aucun Monument n’apparait au palmarès annuel. Mais le champion de France n’a pas caché qu’il organisait sa saison autour du Tour d’Italie, ce qui l’a contraint à faire des choix forts (pas de Tour de France ni de Flandriennes). Il faut aussi rappeler que ses succès – à l’exception peut-être du Tour de Poitou-Charentes – ont été décrochés face à des adversaires de renom, comme Ewan, Van Aert, et Sagan sur Milan-Turin, ou Ewan encore, Bouhanni, Nizzolo et les spécialistes Van Avermaet et Gilbert sur le Tour de Wallonie.
Travail, confiance et collectif de choc
Comment expliquer cette forme éblouissante à 29 ans, après une saison 2019 en demi-teinte et un début d’année 2020 marqué par un isolement difficile à Abu Dhabi, puis par une fracture du scaphoïde gauche? Les raisons sont multiples. Le travail en est une, le Picard ne comptant pas ses heures à l’entraînement avec son père. La confiance en est une autre. "La victoire appelle la victoire et il est parti pour faire un gros score, a expliqué mardi Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ, sur La chaîne l’Equipe. Quand on court relâché et décontracté, c'est plus facile pour aller en chercher d'autres."
Et Madiot de poursuivre: "On aurait fait le même sprint la saison dernière, il terminait 2e ou 3e. Ce qui fait la différence, c'est qu'il est dans le souci du détail cette année. Il essaie de supprimer tout ce qui est négatif pour lui. C'est un garçon extrêmement sérieux et engagé. Il est aussi très bien entouré." Avec ses lieutenants Jacopo Guarnieri ou Ramon Sinkeldam, Démare a en effet eu le temps de trouver des automatismes. "Je me suis déjà senti fort mais pas aussi bien entouré, reconnaissait l’intéressé début août. Je pense que je peux compter sur mes équipiers car ils sont tous à leur top." Ne reste plus qu’à surfer sur cette dynamique, pour lever les bras quelques fois encore d’ici la fin de saison…