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Cyclisme: logiciel pour choisir les courses, victoires exotiques... la stratégie originale d'Astana pour tenter de rester en World Tour

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En pleine lutte pour se maintenir en World Tour, l'élite du cyclisme mondial, l'équipe Astana opte depuis le début de saison pour une stratégie originale afin de glaner des points UCI. Et ça marche puisque la formation d'Alexandre Vinokourov enchaîne les victoires, souvent sur des courses exotiques où la concurrence n'est pas présente.

Les maillots bleu ciel d'Astana brillent de nouveau. Après deux saisons nettement dans l'ombre, seulement sauvées par la victoire d'étape de Mark Cavendish sur le Tour de France l'été dernier, l'équipe kazakhe a lancé cet hiver une opération maintien. Présente partout mais surtout là où la concurrence ne va pas, Astana empile donc les succès, déjà treize cette saison. Seules les formations UAE (37) et Lidl-Trek (15) font mieux.

Tout part d'un constat sans appel. Fin 2025, il faudra être parmi les 18 meilleures équipes mondiales au cumul des trois dernières saisons pour conserver sa place dans le World Tour, l'élite du cyclisme international. Or cet hiver, la situation était critique: Astana pointait à la 21e place du classement, quasiment 5.000 points derrière Cofidis, 18e et premier non-relégable. Il fallait presque tout changer.

Des recrues et un logiciel pour choisir les courses

Les recrutements ont donné le ton. Astana a signé les vieillissants Wout Poels (37 ans) et Diego Ulissi (35 ans), l'ancien espoir Sergio Higuita, le grimpeur français Clément Champoussin et les classicmen Mike Teunissen et Fausto Masnada, des coureurs avant tout capables de marquer des points UCI et d'épauler les quelques têtes d'affiche de l'équipe, Alberto Bettiol Lorenzo Fortunato ou Davide Ballerini.

En coulisses, le patron Alexandre Vinokourov a aussi tenté de nouvelles choses. "On a beaucoup travaillé sur les choix de courses rentables grâce à un logiciel créé par notre data-analyst, qui nous guide sur telle ou telle épreuve en fonction de la concurrence et donc des probabilités de récupérer ou pas des points UCI", expliquait-il fin janvier dans L'Équipe.

En clair, Astana n'envoie pas nécessairement ses meilleurs coureurs batailler avec Tadej Pogacar, Mathieu van der Poel, Jonas Vingegaard ou Remco Evenepoel. L'équipe cible plutôt des courses moins prestigieuses. Sur les treize victoires de la formation kazakhe cette saison, il y en a cinq au Tour de Turquie, deux au Tour du Hainan, en Chine, une sur le Tour de Grèce et une sur la Famenne Ardenne Classic, en Belgique.

Presque autant de points en une journée qu'en gagnant le Giro

Rien que ce dimanche, les hommes de Vinokourov ont scoré 966 points, grâce notamment à un doublé de Wout Poels et Harold Lopez en Turquie et un autre de Max Kanter et Cees Bol en Belgique. A titre de comparaison, le vainqueur final du Tour d'Italie, qui débutera ce vendredi, décrochera 1.100 points pour son équipe.

Mais Astana ne brille pas seulement loin des projecteurs: sur les grosses épreuves du calendrier, les maillots bleu ciel trustent aussi les premières positions, ce qui n'arrivait plus ces dernières années. Le grimpeur Lorenzo Fortunato a terminé 4e du Tour de Romandie, remportant au passage une étape. Le Français Clément Champoussin a lui impressionné au printemps, 7e de Paris-Nice, puis 10e du Tour du Pays basque.

Même l'habituel équipier Simone Velasco a décroché une inattendue 4e place lors de Liège-Bastogne-Liège, et Christian Scaroni est devenu le temps de quelques jours un véritable épouvantail fin février, avec trois victoires en trois jours sur la Classic Var et le Tour des Alpes-Maritimes.

Au classement UCI étalé de 2023 à 2025, Astana est donc remonté à la 19e place. L'équipe Picnic PostNL de Romain Bardet, 18e, n'est qu'à 160 points, et Cofidis, 17e, est à moins de 700 points. En trois mois de compétition, la formation kazakhe, qui a intégré un sponsor chinois durant l'hiver, a retrouvé des couleurs et un espoir vivace de se maintenir en World Tour. De quoi sans doute inciter Alexandre Vinokourov à poursuivre avec la même stratégie.

Robin Wattraint Journaliste RMC Sport