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Giro: Bernal, Evenepoel, Bardet, les cinq enseignements des deux premières semaines

Egan Bernal

Egan Bernal - Icon Sport

A la deuxième journée de repos de ce Giro 2021, Egan Bernal est solide maillot rose. Il reste plusieurs étapes clés d’ici l’arrivée à Milan, dimanche, mais les deux premières semaines ont déjà livré leur lot d’enseignements.

Bernal est revenu au top

Egan Bernal est en train de nous rappeler le coureur qu’il est vraiment. Il y a moins d’un an, sur le Tour de France, il avait abandonné à cause de douleurs au dos qui l’empêchaient de peser sur la course. Tadej Pogacar, d’un an et demi son cadet, avait ramené le maillot jaune et s’était emparé du titre officieux de crack du cyclisme mondial. Le Colombien a pris le temps de se refaire la cerise pour venir remettre l’église au milieu du village sur ce Giro. "Mon objectif est de redevenir le Egan qui aime attaquer, le Egan qui ne craint pas de se faire distancer", disait-il dans la Gazzetta dello Sport avant le départ de l’épreuve. Mission accomplie.

Dès que la route s’élève, Bernal place ses banderilles. Sur la quatrième étape, lors de la première petite explication entre cadors, il avait annoncé la couleur en attaquant et en terminant premier des favoris. Cinq jours plus tard à Rocca di Cambio, il a décroché sa première victoire d’étape, enfilé le maillot rose et rassuré sur l’état de son dos. Dominant au Zoncolan, intouchable à Cortina d’Ampezzo, le Colombien ne cesse de creuser l’écart. "C’est un coureur de grande classe et ça, ça ne se perd pas", a souligné son manager Dave Brailsford. A six jours de l’arrivée à Milan, il compte 2’24’’ d’avance sur son dauphin, Damiano Caruso. Bernal est en train de reconquérir son statut.

Evenepoel n’a pas pu tenir la longueur

Il était l’interrogation de ce Giro. Neuf mois après son impressionnante chute au Tour de Lombardie, Remco Evenepoel allait-il pouvoir se bagarrer pour le maillot rose ? Réponse: il l’a fait pendant dix jours, jusqu’à la première journée de repos. Le lendemain, sur l’étape des chemins blancs vers Montalcino, le Belge a perdu plus de deux minutes et entamé sa descente au classement. Loin des meilleurs mais pas encore complètement largué au Zoncolan, il a perdu 24 minutes à Cortina d’Ampezzo, lundi.

Logiquement, Evenepoel a manqué de rythme pour tenir la cadence. Lui qui n’avait jamais pris le départ d’une épreuve de trois semaines a payé son inexpérience en plus de sa longue convalescence. Peu à l’aise sur des routes techniques, en Toscane, ni dans les grandes ascensions au-delà de 2000 mètres d'altitude, le prodige de l’équipe Deceuninck-Quick Step a encore du boulot pour devenir un candidat très sérieux sur les grands Tours. Conscient que son apprentissage passe par là, Evenepoel tient à terminer le Giro malgré un classement général désormais anecdotique (19e).

Groenewegen ne pèse pas sur les sprints

Comme Evenepoel, le sprinteur néerlandais faisait son retour à la compétition après une longue période d’inactivité. Dylan Groenewegen, responsable de la très grave chute de Fabio Jakobsen au Tour de Pologne, en août dernier, a purgé 9 mois de suspension avant de s’aligner au départ du Giro à Turin. Mais il n’est pas encore en mesure de gagner des sprints.

Quatrième à Novara, le deuxième jour, Groenewegen a fait illusion mais n’a pas confirmé depuis. Huitième à Cattolica, septième à Termoli et dixième à Vérone, le sprinteur de l’équipe Jumbo-Visma n’a jamais été à la bagarre avec les meilleurs sprinteurs de ce Giro. Il a abandonné au matin de l’étape du Zoncolan, à bout de force et sachant que la fin de course, très montagneuse, serait un calvaire pour lui.

Romain Bardet peut encore rêver du podium

Pour la première fois de sa carrière, Romain Bardet a pris le départ du Giro, cette année. Une course débridée qui le fascine depuis longtemps. A l’aise dans des conditions météorologiques difficiles, le Français a été servi jusqu’ici. S’il a parfois lâché un peu de temps sur des étapes censées lui convenir, comme à Montalcino, il a très bien relevé la tête depuis. Deuxième de l'étape derrière Bernal à Cortina d’Ampezzo, lundi, il s’est replacé à la septième place du général.

"Ça fait plaisir de se retrouver à ce niveau, confiait-il à Eurosport après coup. Ça fait depuis 2018 que je galérais…" Avec seulement 1’20 de retard sur le podium, Romain Bardet, dont la forme semble plus ascendante que celle de ses adversaires, peut s’imaginer sur la boîte à Milan. La troisième semaine, surtout, a souvent été son terrain de jeu. C’est déjà dans le money-time qu’il était allé chercher des victoires d’étapes et son premier podium sur le Tour de France, en 2015 puis en 2016.

Il y a de la place pour les échappées

Lors des seize premières étapes de ce Giro, les échappées sont allées au bout à huit reprises. Même sur les prestigieuses étapes de Montalcino et surtout du Zoncolan, le peloton a laissé filer. Un Français, Victor Lafay, a su en profiter à Guardia Sanframondi en allant chercher la victoire en solitaire. Avec la fatigue accumulée depuis deux semaines, les opportunités pourraient se poursuivre sur les journées difficiles qui arrivent. A condition de savoir grimper, vu le programme copieux dans les Dolomites.

Robin Wattraint Journaliste RMC Sport